Guerre en Ukraine : le journaliste ukrainien Maks Levin « exécuté par les Russes », selon Reporters sans frontières

Le reporter et son accompagnateur, le soldat Oleksi Chernychov, avaient été retrouvés morts, le 1er avril 2022, dans une forêt au nord de Kiev.

Le journaliste ukrainien Maks Levin et son accompagnateur et ami, le soldat Oleksi Chernychov, ont été « sans doute froidement exécutés » par les Russes, indique Reporters sans frontières (RSF), dans un rapport d’enquête, publié mercredi 22 juin. Selon l’organisation, les deux hommes, retrouvés morts, le 1er avril, dans une forêt située sur la ligne de front, au nord de Kiev, ont été abattus « après avoir été probablement interrogés et torturés par les forces russes, le jour de leur disparition », le 13 mars 2022.

Maks Levin, journaliste aguerri âgé de 40 ans, ne menait pourtant « aucune activité militaire » et était habillé en civil, affirme RSF, qui a enquêté en Ukraine, du 24 mai au 3 juin. Il arborait toutefois un brassard bleu, semblable à ceux des soldats ukrainiens. « Les journalistes sur la ligne de front devaient porter ce brassard, afin d’être identifiés comme “présence amie” par les soldats ukrainiens », explique l’ONG. La proximité du journaliste avec certains soldats remonte à 2014, lorsqu’il couvrait la guerre du Donbass.

Le rapport confirme également que « Maks Levin a pu fournir des éléments captés par son drone, notamment sur la présence de positions russes, aux forces ukrainiennes », avec qui il se trouvait sur la ligne de front, mais « l’utilisation de son drone s’inscrivait d’abord dans une démarche journalistique », est-il ajouté. Mi-mars, les Russes n’avaient pas encore renoncé à leur offensive sur Kiev. Les combats faisaient rage au nord de la capitale. Maks Levin couvrait l’invasion russe en vendant ses photos et des images prises avec son drone à la presse, notamment à l’agence Reuters. Selon les premiers témoignages recueillis par RSF, il était d’ailleurs à la recherche de son appareil lorsqu’il a été tué. Au début de l’offensive russe, lancée le 24 février, le reporter a, par ailleurs, travaillé pendant plusieurs jours comme fixeur pour le photographe et reporter de guerre Patrick Chauvel, avec qui RSF a mené l’enquête.

Preuves matérielles

Selon un communiqué du parquet local de Vychhorod (région de Kiev), publié le 2 avril, le journaliste aurait été victime de deux balles d’armes légères, tirées par des militaires russes. « Les observations effectuées à partir des photos du corps de Maks Levin et la découverte d’une balle enfoncée de 15 centimètres dans le sol, à l’endroit exact où il a été retrouvé, indiquent qu’il a probablement été abattu par une voire deux balles tirées à courte distance, alors qu’il se trouvait déjà au sol », affirme de son côté RSF, qui a étudié la scène de crime. « Certains éléments, et notamment la position du corps d’Oleksi Chernychov, pourraient indiquer qu’il a été brûlé vif », ajoute l’organisation.

Plusieurs preuves matérielles de la présence russe, à proximité immédiate de la scène de crime, ont été observées. Les auteurs de ces crimes pourraient appartenir à la 106e division aéroportée de la garde russe ou à une unité des forces spéciales, selon l’ONG. Faute de pouvoir déterminer avec certitude le déroulé précis des événements, elle avance deux hypothèses : soit les deux hommes ont été abattus dans une zone conquise par les Russes pendant que le journaliste cherchait son drone, soit leur interrogatoire a tourné à l’exécution.

Une enquête concernant la disparition de Maks Levin a été ouverte le 22 mars, en Ukraine. RSF, qui a été entendue comme témoin par les services de renseignement ukrainiens, a transmis aux enquêteurs plusieurs dizaines de photos et neuf preuves matérielles, dont trois balles, des documents d’identité de l’accompagnateur du journaliste et des éléments ayant appartenu à des soldats russes retrouvés près de la scène de crime.

Depuis le début de l’invasion russe, trente-deux journalistes ont été tués dont huit dans l’exercice de leur métier.

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