Le chef d’état-major de Tsahal cherche à prendre de l’élan
Opinion: Le plan de Kochavi pour donner à Israël et à ses citoyens une armée plus efficace, moderne et puissante d’ici 2030 – risquerait de passer au second plan, à cause de la propagation du coronavirus paralysant l’économie
En plein milieu de la pandémie de coronavirus, Tsahal essaie de déterminer quand, comment et si le plan du Premier ministre Benjamin Netanyahu d’annexer les implantations de Cisjordanie se concrétisera.
Tout plan d’annexion suscitera très probablement une réaction différente de la part de l’Autorité palestinienne, des Jordaniens, des États de la région, y compris les Iraniens et leurs supplétifs, et de la communauté internationale.
Chef d’état-major Aviv Kochavi
( Photo: unité porte-parole de Tsahal )
Dans tous les cas, Tsahal devra s’adapter à n’importe quel scénario de réponse, tout en comprenant que la proportionnalité est importante, car l’objectif principal devrait être d’empêcher une escalade accrue, qui pourrait avoir des implications régionales et internationales négatives pour l’État d’Israël.
Dans le même temps, Tsahal et les services de sécurité du Shin Bet devront assurer la protection des communautés juives de la région et déjouer la terreur sur les routes. Cela signifie envoyer des forces importantes dans des centres à risques de friction, afin de contrôler les risques d’incendie sans les allumer, et calmer progressivement la situation en évitant les morts palestiniennes et en minimisant autant que possible les dommages au tissu de la vie palestinienne.
Le commandement central de Tsahal et la Division des opérations ont déjà commencé à planifier un programme de formation dédié aux unités qui seront envoyées dans ces territoires pour éteindre les flammes, le tout conformément aux instructions du chef d’état-major de Tsahal Aviv Kochavi.
Cependant, une escalade potentielle dans les territoires et ses implications pour d’autres arènes ne figurent pas en tête de liste des priorités de Tsahal pour le moment.
Kochavi et son personnel se préparent actuellement à une campagne pour obtenir l’approbation et ensuite mettre en œuvre le programme de travail pluriannuel (appelé «Momentum» ou « élan »). Ce programme devrait apporter à l’État d’Israël et à ses citoyens une armée plus efficace, moderne et puissante d’ici 2030.
Dans des forums militaires fermés, Kochavi affiche une confiance contagieuse que Tsahal – en deux ou trois ans – peut remporter une victoire militaire rapide et claire si elle est forcée à la guerre, tout en réduisant considérablement les pertes et destructions parmi les civils israéliens, et en faisant de lourdes pertes chez ses ennemi et sur leurs ressources.
Le président Reuven Rivlin lors de la présentation de Momentum à Aviv Kochavi
( Photo: Amos Ben Gershom, GPO )
Le plan « Momentum » (« élan ») de Kochavi vise à réduire considérablement le nombre de missiles, de roquettes et d’obus que le front intérieur d’Israël absorbera, à la fois parce que la durée des combats sera considérablement raccourcie et parce que Tsahal parviendra à manœuvrer, appuyée par une assistance aérienne létale, dans les principales zones de lancement trouvées profondément à l’intérieur du territoire ennemi.
L’armée israélienne espère également que le programme inculquera une victoire militaire et de conscience si claire, qu’elle créera une dissuasion stratégique à long terme pour Israël, qui retardera ou empêchera la prochaine guerre.
La prochaine étape consistera à soumettre Elan («Momentum») à l’approbation du nouveau cabinet de sécurité israélien. Après cela, l’étape critique viendra lorsque le ministre des Finances Israël Katz et le ministre de la Défense Benny Gantz seront invités à se mettre d’accord sur un plan budgétaire afin de mettre en œuvre les principaux objectifs du programme, au cours des cinq prochaines années.
Kochavi affirme que pour gagner avec un minimum de pertes et de destructions, Tsahal doit faire un grand bond en avant dans cinq domaines : Combat « multidimensionnel » combiné, afin d’augmenter la mortalité des unités terrestres de Tsahal dans les rangs ennemis.
Réservoir Merkava de Tsahal dans la bande de Gaza
( photo: AFP )
La production d’un flux continu mais fiable d’objectifs identifiés par les agences de renseignement.
Innovation dans les méthodes de guerre, y compris le cyber.
Et de nouveaux préparatifs doivent être faits pour se protéger contre les missiles et les menaces aériennes, notamment dans le domaine de la technologie laser.
L’objectif principal du plan de Kochavi est l’implantation de capacités de combat multidimensionnelles: le but est d’organiser et d’équiper Tsahal et de l’entraîner avec différentes méthodes de combat, de manière à permettre à toutes les unités de toutes les armes de travailler ensemble.
Kochavi aspire à ce que tous les corps communiquent et travaillent ensemble pendant un combat, et pas seulement dans des cas exceptionnels. Il souhaite enraciner cette méthode de combat et ce principe dans le credo même de Tsahal.
« ‘Momentum’ est en cours et progresse dans toute la région », a déclaré Kochavi aux commandants de Tsahal cette semaine. « (Momentum) équilibre les défis de préparation et de transformation et définit la combinaison requise entre l’investissement offensif (70%) et l’investissement défensif (30 %) », A ajouté Kochavi.
Les résultats et la croyance dans le programme sont déjà évidents, car le chef d’état-major adjoint, le général Eyal Zamir, ainsi que le chef de la direction de la planification, le général Gen Amir Abulafia, ont pu obtenir 600 millions de shekels du budget du gouvernement de transition en début de cette année pour le plan.
Malgré l’obtention d’un financement aussi important, Tsahal n’a pas oublié que Momentum n’a pas encore été officiellement approuvé par le Cabinet et il n’y a toujours pas de budget de sécurité pour l’année ou les années à venir.
Gén. De division Amir Abulafia
( Photo: Moti Kimchi )
Et pourtant, la question demeure, combien d’argent restera-t-il pour la sécurité d’Israël après que les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus auront été budgétisées? Cette question pèse au-dessus de la tête de l’ensemble de l’état-major.
L’augmentation budgétaire demandée par Tsahal pour Elan en 2020-2024 s’élève à des milliards de shekels.
Pour des raisons de censure, il est impossible de nommer le montant exact, mais ce n’est vraiment pas grand-chose par rapport aux 57 milliards de shekels qui constituent le budget de sécurité actuel.
Les responsables des finances disent que les attentes du chef d’état-major ne sont pas réalistes au cours de la période actuelle et se préparent à exiger des coupes dans les budgets des effectifs de Tsahal, y compris les salaires et les prestations de sécurité sociale pour le personnel militaire, qui ont toujours été une cible choisie pour les coupes budgétaires et qui bénéficient d’un soutien public.
D’un autre côté, Tsahal soutient que le capital humain est sa ressource la plus précieuse, et si l’on veut des réalisations sur le champ de bataille grâce au plan Momentum, le personnel devrait être correctement récompensé par des niveaux de prestations adéquats.
L’argument le plus important de Tsahal, lorsqu’il traite avec le ministère des Finances, concerne l’achat de produits fabriqués en Israël dans le cadre du nouveau plan.
Les équipages de chars du 75e bataillon de la septième brigade s’entraînent avec leur nouveau Merkava Mk. 4 réservoirs (crédit photo: UNITÉ DE PORTE-PAROLE DE Tsahal)
Il s’agit notamment des chars Merkava Mark IV fabriqués dans plus de 100 usines à travers le pays, du Namer APC, qui offre une nouvelle dimension beaucoup plus sûre à la guerre terrestre, de petits drones armés et des robots de guerre urbaine pour combattre dans des endroits comme Gaza.
La production de ce type de matériel donne du poids à l’argument de Tsahal selon lequel se procurer des moyens de défense auprès des industries israéliennes est un moteur très important de croissance et de maintien de l’emploi, et que dans le climat actuel, ce n’est pas un luxe, mais une nécessité à deux – avantages sociaux – financiers et de défense.
Les forces de Tsahal près de la bande de Gaza
( Photo: Avi Rokah )
Les instructions de Kohavi à ses subordonnés sont sans équivoque : comprendre et intérioriser que l’économie israélienne est en véritable détresse – économique, sanitaire et psychologique – en raison de la pandémie de coronavirus.
C’est pourquoi la priorité doit être donnée à la restauration de l’économie, des entreprises et des taux d’emploi en difficulté. Même si cela signifie que la mise en œuvre du plan Momentum prend encore quelques années et que certaines facettes du programme ne sont pas mises en œuvre.
La deuxième directive de Kochavi est d’aider l’économie ainsi que l’armée israélienne et d’augmenter les achats d’équipements fabriqués en Israël, de manière à créer des emplois et des ressources pour l’économie israélienne.
La troisième consiste à trouver des méthodes de financement créatives qui permettront à Tsahal de se reconstituer immédiatement sur le plan financier et de s’engager à payer la dette dans deux ou trois ans, une fois la croissance économique repartie.
Le quatrième ordre du chef de l’armée est qu’elle ne doit pas être entraînée dans des batailles calomnieuses avec le Trésor et d’autres ministères, comme cela s’est produit par le passé.
La plus grande question qui se pose maintenant est de savoir comment le ministre de la Défense, Benny Gantz, utilisera efficacement et résolument son influence politique pour aider le chef d’état-major actuel à réaliser la révolution que lui et son équipe cherchent à accomplir.
En juin, la campagne commencera, au cours de laquelle nous saurons ce qui fait le plus peur au public israélien – le virus ou les missiles du Hezbollah.
ynetnews.com
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