L’EI contrôlerait 90% du camp de Yarmouk

Des milliers de civils sont pris au piège dans le camp de Yarmouk, dans le sud de Damas, assiégé par le régime et presque entièrement aux mains de jihadistes, a annoncé un responsable de l’opposition syrienne samedi.

« Les habitants du camp sont pris entre la peste et le choléra », a dénoncé Ayman Abou Hachem, responsable de la commission des réfugiés palestiniens de l’opposition syrienne. « Le camp est cerné par le régime, et à l’intérieur les forces de l'(organisation Etat islamique) EI ont presque tout saisi ».

L’EI a lancé mercredi l’assaut sur Yarmouk. Repoussés le lendemain par des combattants palestiniens, les jihadistes ont finalement repris le terrain perdu, et avancé au point de détenir 90% du camp, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Le camp de réfugiés palestiniens, qui compte encore quelque 18.000 habitants et est situé à environ 7 km du centre de la capitale syrienne, est assiégé depuis plus d’un an par l’armée.

Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a affirmé que le front Al-Nosra, la branche syrienne d’el-Qaëda avait aidé l’EI à entrer dans le camp, pourtant son rival dans le complexe conflit syrien.
Des responsables palestiniens ont également accusé Al-Nosra d’avoir facilité l’arrivée de l’EI dans le camp.
Au moins 18 personnes sont mortes dans les violences depuis mercredi, a encore dit M. Abdel Rahmane, 6 civils et 12 combattants palestiniens. Deux d’entre eux ont été décapités.
Le régime a par ailleurs mené des raids aériens sur Yarmouk, selon l’OSDH.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, qui a alerté à de nombreuses reprises sur les conditions humanitaires désastreuses dans le cas, a de nouveau appelé à un accès humanitaire, affirmant que la situation était « un affront à l’humanité dans son ensemble et une source de honte universelle ».

En février 2014, les groupes rebelles syriens s’étaient retirés du camp à l’issue d’un accord avec les groupes armés palestiniens anti-régime. L’armée a ensuite assiégé le camp où les habitants ont souffert de pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments.

En réaction à ces nouveaux développements, des centaines de Palestiniens ont manifesté samedi soir en solidarité avec les civils assiégés. Depuis Khan Younès, Salah al-Bardaouil, un dirigeant du Hamas, a appelé l’UNRWA à « faire pression » pour desserrer l’étau autour des habitants de Yarmouk. Le dirigeant du mouvement islamiste palestinien a en outre dénoncé les exactions de l’EI, « commises au nom du califat et de l’islam ».

Depuis Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a fait état d' »informations concernant des enlèvements, des décapitations et des tueries de masse à Yarmouk (…) de la part du groupe terroriste Etat islamique et de ses alliés ». « Les Nations unies et la Croix-Rouge, tout comme le gouvernement syrien, doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour évacuer immédiatement les civils », a ajouté M. Erakat dans un communiqué.

Il a en outre condamné « la persécution et le massacre de réfugiés palestiniens dans un conflit qui n’est pas le leur », répétant l’appel aux réfugiés palestiniens à « ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres Etats ».

Evacuation en masse

Près de 400 familles, soit environ 2 000 personnes, ont été évacuées du camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de Damas, après l’avancée des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), a affirmé dimanche un responsable de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) à Damas.

« Près de 400 familles, soit environ 2 000 personnes, ont pu quitter vendredi et samedi le camp à partir de deux routes sécurisées vers le quartier limitrophe de Zahira, tenu par l’armée syrienne, où des abris ont été installés », a déclaré Anouar Abdel Hadi à l’AFP. « Les évacuations se poursuivent dimanche et certains habitants se trouvent à Yalda (localité près de Yarmouk sous contrôle de l’armée), en attendant d’être dirigés vers un centre de relogement », a-t-il dit, ajoutant que 25 blessés avaient été transportés vers des hôpitaux de Damas et Mazzé. « Nous pouvons évacuer toute personne qui réussit à atteindre la municipalité » de Yarmouk, a précisé M. Abdel Hadi.

Le camp de réfugiés palestiniens, qui comptait encore la semaine passée quelque 18 000 habitants, est situé à environ 7 km du centre de Damas. Assiégés depuis plus d’un an par l’armée syrienne, ses habitants souffrent de pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments.
Le porte-parole de l’Agence des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA), Christopher Guiness, a indiqué dans un communiqué que « 94 civils, dont 43 femmes et 20 enfants, avaient réussi à fuir le camp dimanche matin après une nuit d’intenses combats ». Il a appelé « toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue pour permettre à d’autres, qui souhaitent partir, d’être évacués ».

L’EI a lancé mercredi une offensive sur le camp avec l’aide des jihadistes du Front al-Nosra, la branche syrienne d’el-Qaëda, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les jihadistes contrôlent le centre, le sud et l’ouest du camp tandis que les forces palestiniennes d’Aknaf Beit al-Maqdess, proches du mouvement islamiste Hamas, sont présentes dans le nord et l’est, selon le responsable de l’OLP.

Au moins 26 personnes sont mortes dans les violences depuis mercredi, selon l’OSDH, un bilan qui inclut les civils, les jihadistes de l’EI et les combattants palestiniens.

Bombardements de l’armée
L’armée syrienne n’a « pas pris jusqu’à présent la décision d’y entrer mais elle a renforcé sa présence autour du camp », selon une source de sécurité. L’aviation bombarde Yarmouk, a-t-elle ajouté, « car chaque groupe terroriste est une cible pour nous ».
Selon l’OSDH, l’aviation a largué 13 barils explosifs sur le camp dans la nuit de samedi à dimanche et les combats se poursuivent.

Depuis Ramallah, le président palestinien Mahmoud Abbas, a déploré que « les Palestiniens payent le prix de guerres et d’agressions qui ne sont pas les leurs », appelant à « trouver une solution pour protéger les habitants de Yarmouk qui n’ont rien fait pour mériter cela ».
Une centaine de manifestants se sont rassemblés à Ramallah en solidarité avec les habitants de Yarmouk. Parmi eux, Mustafa Barghouti, membre de la direction palestinienne, a affirmé à l’AFP que « la leçon la plus importante à tirer c’est que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes: nous ne pouvons compter sur personne, sur aucun Etat ni aucun gouvernement ».

Par ailleurs, dans le nord-est de la Syrie, l’EI a bombardé dimanche matin une église assyrienne dans la province de Hassaké, selon le réseau assyrien des droits de l’homme (RADH).
« L’EI a bombardé vers 09h00 (06h00 GMT) l’église de la Vierge Marie de Tall Nasri, après que des combattants kurdes du YPG et des Assyriens ont tenté de pénétrer dans la localité », a déclaré ce réseau.
L’EI s’est emparé en février de 14 villages assyriens sur 35 dans la région, dont Tall Nasri. Il y a enlevé 220 Assyriens, une communauté de 30 000 âmes, parmi les plus anciennes converties au christianisme.

L’AFP rapporte que le Hamas fustige l’inaction de l’OLP

CAROLE ALFARAH (AFP/Archives)« Le camp palestinien de Yarmouk près de Damas, le 20 décembre 2012 »Le Hamas a accusé l’Autorité palestinienne dimanche de ne pas en faire assez pour aider les réfugiés palestiniens en Syrie, dans le plus grand camp de réfugiés à la périphérie de Damas saisi par le groupe Etat islamique ce week-end.

« Le rôle de l’Autorité palestinienne a diminué dans la gestion de la dernière crise », a déclaré le porte-parole du Hamas au Liban Ali Barakh au quotidien Al-Resalah lié au Hamas. « C’est contraire aux efforts qui ont été faits par l’OLP dans le passé pour résoudre les crises dans le camp. »

Le président de l’AP Mahmoud Abbas a envoyé plusieurs délégations en Syrie au cours des dernières années, dans une tentative de convaincre le président Bachar al-Assad de maintenir les Palestiniens hors de la guerre civile qui fait rage dans le pays depuis 4 ans.

Abbas a également essayé d’absorber les réfugiés palestiniens de Syrie en Cisjordanie, mais l’idée n’a jamais pu aboutir après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a exigé qu’ils renoncent à leur « droit au retour » pour Israël.

L’Etat hébreu avait accepté d’autoriser les réfugiés à rentrer en Cisjordanie ou à Gaza à cette condition, qui a formellement été rejetée par Abbas.

 

 

OLJ

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