Un membre du Ku Klux Klan lors d’une manifestation à Charlottesville en Virginie (est), le 8 juillet 2017 afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

L’antisémitisme progresse aux Etats-Unis. Tel est le sombre constat effectué au lendemain de la fusillade dans une synagogue de Pittsburgh (Pennsylvanie), samedi 27 octobre, par un homme de 46 ans qui a massacré onze personnes âgées de 54 à 97 ans et en a blessé six autres.

A quelques jours des élections législatives de mi-mandat, ce fait divers sanglant -l’un des pires attentats antisémites de l’histoire américaine- est intervenu peu après l’arrestation d’un déséquilibré.

Ce dernier avait envoyé des colis piégés au milliardaire George Soros, à l’acteur Robert de Niro et à plusieurs personnalités du Parti démocrate, dont Barack Obama et Hillary Clinton. Les deux affaires sont sans lien l’une avec l’autre mais témoignent d’un climat de tension exacerbé à l’approche du scrutin du 6 novembre.

Peu après le massacre de Pittsburgh, l’assassin, un Américain blanc nommé Robert Bowers, a affirmé devant la police qu’il fallait « tuer tous les juifs » car, selon lui, « ils commettent un génocide contre (son) peuple ».

Robert Bowers, le suspect de la fusillade dans la synagogue de Pittsburgh, le 27 octobre 2018

Robert Bowers, le suspect de la fusillade dans la synagogue de Pittsburgh, le 27 octobre 2018 afp.com/-

À lire les enquêtes d’opinion internationales, les États-Unis sont l’un des pays les moins antisémites du monde. Toutefois, le nombre des actes ou « incidents » antisémites ont nettement augmenté ces dernières années. En 2017, ils ont progressé de 57% par rapport à l’année précédente.

Selon un rapport de la Ligue anti-diffamation (Anti Defamatory League) publié voilà quelques mois, ce phénomène s’observe en particulier dans les écoles et les campus universitaires, où le nombre d’incidents antisémites ont pratiquement doublé deux années de suite.

Des personnes venues rendre hommage aux victimes de la tuerie de la synagogue de Pittsburgh au lendemain de l'attaque du 27 octobre 2018 qui a fait 11 morts

Des personnes venues rendre hommage aux victimes de la tuerie de la synagogue de Pittsburgh au lendemain de l’attaque du 27 octobre 2018 qui a fait 11 morts afp.com/Brendan Smialowski

 

Au total, l’ONG recense près de 2000 actes antisémites en 2017, contre environ 1300 un an plus tôt. Dans le détail, les 1986 actes en question se décomposent ainsi: 1015 agressions ou menaces dont 163 menaces d’attentats à la bombe contre des institutions juives, soit une augmentation [des menaces d’attentats] de 41% par rapport à 2016; 952 actes de vandalisme (+86% par rapport à 2016); 19 agressions physiques, ce qui, a contrario, représente une baisse de 47% en un an.

Aucun des cinquante États américains n’est épargné

Les cinquante États américains sont concernés, à commencer par ceux où les Juifs sont les plus nombreux: État de New York, Californie, New Jersey, Massachusetts, Floride et Pennsylvanie. Peu de communautés juives à travers le pays sont épargnées.

Comme ailleurs dans le monde, les réseaux sociaux sont l’espace d’expression favori des racistes et antisémites anonymes.

A l’été 2017, des néonazis ou « suprémacistes blancs », ont défilé à Charlottesville (Virginie) en brandissant des drapeaux à croix gammée, des torches du Ku Klux Klan et en chantant des slogans antisémites comme « Vous ne nous remplacerez pas » et « Nous reviendrons ».

Après cette manifestation, à laquelle s’opposaient des militants antinazis, Donald Trump avait provoqué un scandale en expliquant qu’il y avait « des gens bien des deux côtés ».

Pour les membres de l’Alt-right, ou « droite alternative », les campus universitaires sont un terrain privilégié pour recruter de nouveaux militants. Selon la Ligue anti-diffamation, les partisans de la droite radicale y étaient deux fois plus actifs en 2017 que l’année précédente. L’association relève aussi une présence accrue de militants d’extrême gauche.

« Ne croyez pas que l’antisémitisme ne me préoccupe pas »

Pour George Friedman, analyste de politique internationale, il convient cependant de relativiser la portée des chiffres.

« Dans un pays de 320 millions d’habitants, les chiffres restent extrêmement faibles, souligne-t-il. Sans minimiser l’horreur du massacre de Pittsburgh, n’oublions pas que d’autres événements comparables ont eu lieu récemment, notamment contre des églises noires ou contre des églises blanches. » 

« Chaque fois que survient un drame de ce type, celui-ci est exploité politiquement, poursuit le patron du site Geopolitical Futures. Dans le cas présent, rappelons que le tueur de Pittsburgh détestait Trump. Cela permet de prendre un peu de recul par rapport au procès fait à Trump par ses adversaires, qui attribuent à la rhétorique du président une part de responsabilité dans le drame de Pittsburgh. L’antisémitisme est un sujet auquel je suis sensible, conclut Fiedman. Une grande partie de ma famille est morte pendant la Shoah. Mais prenons du recul. L’Amérique demeure un pays très peu antisémite. »

Par Axel Gyldén

lexpress.fr

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