Pierre Birnbaum dans les rues d’Omex, le village où il fut cachée enfant chez des Justes. (E. Fillon / France Télévisions)

« La Leçon de Vichy » : Pierre Birnbaum revient sur ses années d’enfant juif caché

Dans son dernier ouvrage, « La leçon de Vichy », l’historien et sociologue Pierre Birnbaum revient sur son passé d’enfant juif caché dans une famille des Hautes-Pyrénées.

Chrystel Chabert France Télévisions Mis à jour le publié le

Historien, sociologue et professeur émérite à la Sorbonne, Pierre Birnbaum raconte pour la première fois son passé d’enfant juif, confié à une famille d’Omex dans les Hautes-Pyrénées, dans un livre intitulé La leçon de Vichy, une histoire personnelle (Seuil). L’occasion pour lui de revenir dans ce village où il vécut deux années avec sa soeur Yvonne.

Une enfance cachée 

Auteur prolifique d’ouvrages consacrés à l’Etat français, à sa sociologie et à l’histoire des juifs français, Pierre Birnbaum n’avait jamais évoqué son histoire personnelle. Dans La leçon de Vichy, l’homme aujourd’hui âgé de 80 ans, revient sur son enfance sous le régime de Vichy et la période qui a suivi.

Pierre Birnbaum est né à Lourdes en juillet 1940, alors que le maréchal Pétain promulgue les premières lois antijuives. Ses parents sont des immigrés polonais arrivés en France en 1936. Après avoir monté un atelier de cartonnage à Paris, ils doivent fuir en 1940 dans le sud de la France pour échapper à la traque des juifs.

Toujours recherchée, la famille doit se séparer : Pierre et sa soeur Yvonne, de deux ans son aîné, sont confiés à Félicie, Maria et Fabien, des paysans installé à Omex dans les Hautes-Pyrénées. Une enfance à la fois douloureuse (les enfants sont séparés de leurs parents et doivent apprendre à se taire) et préservée car le couple est bienveillant, protecteur et aimant.

Pierre et Yvonne retrouvent leurs parents en 1944. Par la suite, Pierre reviendra en vacances à Omex à l’adolescence avant de mettre cette partie de sa vie dans un recoin secret de sa mémoire. Ce sera la période de l’oubli et d’une forme de déni.

Introspection historienne

Si la première partie de La Leçon de Vichy raconte l’histoire familiale, la seconde est consacrée à la forme d’aveuglement et de déni qui a saisi l’étudiant à Sciences Po devenu sociologue, concernant les heures sombres de la France.

Dans de nombreux travaux consacrés à la sociologie de l’Etat, Pierre Birnbaum a fait l’éloge de la République laïque et émancipatrice notamment pour les juifs.

Dans son ouvrage Les fous de la République, il racontait l’histoire des « juifs d’Etat » devenus des piliers de l’Etat républicain, se hissant à des postes de responsabilités dans l’armée et l’administration.

L’aveuglement a disparu et La Leçon de Vichy en est le récit. Pierre Birnbaum raconte son enfance mais c’est avec un regard d’historien qu’il ausculte les compromissions des hauts fonctionnaires français sous le régime de Vichy.

Comment peut-on expliquer que des hauts fonctionnaires qui étaient républicains dans l’âme ont tourné le dos à leurs valeurs, mis leur savoir, leurs compétences au service de la traque, des francs-maçons, des résistants, des communistes mais aussi des juifs, les seuls vraiment déportés sur des critères raciaux ou religieux.

Pierre Birnbaum

Pierre Birnbaum - La leçon de Vichy 

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