La faillite de l’Etat libanais

Jacques Neriah

Depuis 1948, Israël est toujours en état de guerre avec le Liban, et pourtant, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, vient de proposer d’aider le Liban alors que la crise économique s’aggrave de jour en jour dans tous les secteurs et domaines du pays.

“En tant qu’Israélien, en tant que Juif et en tant qu’être humain, j’ai mal au cœur de voir les images de personnes affamées dans les rues du Liban”, a écrit Benny Gantz sur Twitter.

Selon la Banque mondiale, il s’agit d’une des pires crises économiques au monde depuis 1850. Plus de la moitié de la population libanaise vit désormais dans la pauvreté. Dans son récent rapport, la Banque mondiale averti que “les conditions socio-économiques de plus en plus désastreuses risquaient d’entraîner des défaillances nationales systémiques avec des effets régionaux et potentiellement mondiaux”. 

Aujourd’hui, coupures d’électricité et les pénuries de gaz sont désormais monnaie courante. Les stations-service sont vides, l’aéroport international de Beyrouth est paralysé à la tombée de la nuit, faute d’électricité sur les pistes. Plus de fournitures médicales, obligeant les hôpitaux à refuser les admissions et à fermer les cliniques. Les médecins quittent le pays par centaines, comme tous ceux qui peuvent se permettre de fuir le Liban.

Avec une inflation redoutable accompagnée d’une dépréciation de près de 100 % de la livre libanaise par rapport au dollar américain, l’armée collecte toutes sortes de fonds pour survivre, en offrant aux touristes des tournées en hélicoptères militaires…Les campagnes de collecte de fonds auprès des pays donateurs ont été vouées à l’échec. Le Sénégal a fourni 150 tonnes de poisson…distribuées uniquement à la garde présidentielle.

Beirut

(Wikipedia, Mehr News)

Les produits pétroliers importés par le gouvernement libanais sont vendus en Syrie au profit du Hezbollah. Les médicaments, et différentes drogues sont importées par le Hezbollah de Syrie et d’Iran et vendues sur le marché noir sans aucun contrôle.

La Banque centrale n’a plus de réserves et donc plus d’importation de marchandises et de subvention des produits alimentaires de base. Les Libanais sont autorisés, sous des restrictions très sévères, à retirer de leurs comptes bancaires 100 dollars par semaine.

Au bord de l’abîme, le Liban n’a plus de filet de sécurité pour empêcher la chute complète.

Le seul mouvement politique capable de résister est le Hezbollah en raison du soutien financier permanent qu’il reçoit de l’Iran. Ses institutions se sont transformées en un État parallèle qui fournit de la nourriture, des médicaments, des hôpitaux, une éducation et de l’essence à ses militants.

Disposant de pouvoirs incontestables dans le système politique libanais, le Hezbollah, depuis août 2020, a réussi à bloquer toutes les tentatives du Premier ministre désigné, Saad Hariri, de former un gouvernement.

C’est clair, le Hezbollah se prépare à prendre le contrôle du système politique au moment propice.

La généreuse proposition du ministre de la Défense, Benny Gantz, n’a pas eu à ce jour de réponse de la part des autorités libanaises.

Il est évident qu’Israël ne peut pas offrir une aide majeure au Liban, c’est au-delà de ses capacités. Cependant, rappelons que dans les années 1970 et au début de la guerre civile en Syrie, Israël avait ouvert la « bonne frontière ». Elle avait offert une assistance médicale via un hôpital de campagne et avait permis le passage de marchandises humanitaires et de la main d’œuvre par le biais de la FINUL. Cela peut se répéter non seulement comme acte de « relations publiques », mais pour pouvoir renouer les contacts historiques avec la population du Sud-Liban.

Bien entendu, les temps ont changé depuis, personne n’ose aujourd’hui défier le Hezbollah et accepter une aide israélienne.

La solution ne se trouve pas dans un geste naturel et généraux offert par un pays voisin. Le Liban est confronté surtout dans le nord du pays, à une prochaine guerre civile. Les milices affluent de nulle part et sont omniprésents dans les rues. Les soldats de l’armée libanaise ont été chassés honteusement de la ville Tripoli. Partout, des barrages routiers sont érigés, des manifestations et des protestations sont quotidiennes pour exprimer la colère, la rage, le désespoir et l’impuissance des Libanais à survivre, face à une crise sans précédent, devant le désarroi et l’impuissance des autorités, et leur incapacité de trouver une solution rapide et adéquate.

La formule politique multiconfessionnelle libanaise a complètement échoué. Créée en 1958, amendée après 15 ans de guerre civile en 1990, elle est aujourd’hui obsolète. Le système doit être remis à neuf, rénové sur tous les plans et domaines et adapté à la réalité du 21 e siècle.

Les politiciens libanais, chefs de tribus ethniques et religieuses, doivent quitter la scène politique et permettre une réforme gigantesque.

Dans ce contexte, la communauté internationale devrait agir rapidement comme d’ailleurs le proposent certains leaders libanais et étrangers.  Réquisitionner les pouvoirs du gouvernement et du président libanais actuels, les remplacer par une autorité conférée par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU à un haut-commissaire pour gouverner le Liban durant une période précise et définie. Cela permettra la mise en place d’un gouvernement technocratique et d’un système de gouvernance différents et permettra à la communauté mondiale d’étendre son assistance économique et financière.

Ce Haut-commissaire serait assisté d’une force militaire qui imposerait – au prix d’un affrontement armée – le désarmement de toutes les milices et en premier chef le Hezbollah.

Rappelons que ce précédent s’est produit au Kosovo, où la paix a finalement été établie après l’intervention militaire des forces de l’OTAN.

Pour ceux qui doutent de la capacité d’affronter le Hezbollah, il faut se rappeler que la milice libanaise chiite vit dans un territoire de 10 452 kilomètres carrés, soit la moitié de la taille d’Israël, du Pays de Galles ou du New Hampshire.

Cela ne ressemble guère aux talibans, et puis le Liban n’est pas l’Irak ou l’Afghanistan.

le 13/7/21

jcpa-lecape.org

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