La crise irano-saoudienne incite le Hezbollah à frapper en Israël

C’est l’escalade, depuis dimanche 3 janvier au soir, dans la bataille verbale chauffée à blanc entre Téhéran et Riyad, à propos de l’exécution par l’Arabie Saoudite d’un représentant religieux chiite important, avec la rupture des liens diplomatiques. Sur un front plus vaste, les répercussions de cette querelle Sunnite-Chiite entre les deux pays-leaders du monde musulman, sont largement perçues par les cercles des renseignements militaires comme un aiguillon pour un attentat du Hezbollah par la voie la plus rapide contre Israël.

Parmi les 47 personnes exécutées par l’Arabie Saoudite samedi pour accusations de terrorisme, on trouvait le Sheikh Nimr al-Nimr, le guide spirituel chiite saoudien et érudit chiite prédominant dans la région. Condamnés à mort avec lui, on trouve plusieurs chiites et djihadistes sunnites saoudiens, exécutions qui ont littéralement enragé le guide suprême l’Ayatollah Ali Khamenei, au point de menacer la famille royale saoudienne de « Vengeance D.ivine ». 

D’un point de vue iranien, les Saoudiens ont commis un acte d’exécution impardonnable, en mettant ensemble à mort les Chiites avec des membres Sunnites d’al Qaïda et des terroristes de l’Etat Islamique. Cela fait de la Maison des Saouds la première puissance dirigeante depuis toujours, à traiter pareillement les terroristes chiites et sunnites. C’est cela, plus que toute autre chose, qui terriblement irrité l’Iran et son supplétif libanais, le Hezbollah, qui sont engagés profondément dans une guerre sanglante contre les terroristes de l’Etat Islamique et du Front al Nusra en Syrie. Les Gardiens de la Révolution iranienne sont, de plus, enfermés dans un âpre conflit avec Daesh en Irak.

L’effort de guerre iranien est appuyé par les Etats-Unis et la Russie en Syrie.

Par ces exécutions de masse de ces deux catégories de terroristes sunnites et chiites en même temps, Riyad a lancé quatre messages :

1. Washington et Moscou ont tort. Les Iraniens et les forces qu’ils soutiennent dans le Golfe Persique, en Syrie et en Irak sont tout autant terroristes que Daesh et Al Qaïda.

2. La Maison des Saoud est résolue à combattre ces deux types de terrorisme avec la même résolution et sévérité.

3. Riyad s’en prend déjà à Téhéran au Yémen et indirectement en Syrie, et elle est à présent prête à mener le combat contre Téhéran jusqu’au bout dans la guerre contre le terrorisme.

4. Retirant ses gants diplomatiques, le Ministre saoudien des affaires étrangères, Adel al-Jubeir a rompu dimanche soir tout lien diplomatique avec l’Iran et ordonné à tous les diplomates iraniens de quitter le royaume dans les 48 heures. Le Ministère des affaires étrangères a déclaré qu’en condamnant l’exécution de Nimr, l’Iran soutient le terrorisme. 

Les diplomates saoudiens étaient déjà partis, quand les manifestants de Téhéran ont incendié et mis à sac l’ambassade saoudienne, samedi.

Au beau milieu du bruit et de la fureur, l’attention de Téhéran a été attirée par les commentaires faits par le Premier Ministre israélien Binyamin Netanyahu, à la lumière de l’attentat terroriste majeur de Tel Aviv. Il a souligné que, en plus des Palestiniens, Israël est menacé par deux principaux courants de l’Islam radical, les Chiites et les Sunnites.

Il faisait clairement référence à l’Iran et à son bras armé terroriste, le Hezbollah, d’une part, et à Daesh et Al Qaïda de l’autre, moins inspiré par l’outrage de Tel Aviv que par le rassemblement de nuages de terrorisme et d’obscurantisme dans la région, qui place la famille royale saoudienne et Israël dans le même camp, puisque partageant une perception identique des deux principaux ennemis auxquels les deux pays sont confrontés.

[NDLR : C’est aussi sans compter sur les déclarations directes du Directeur-Général Dore Gold, la semaine dernière, à un journal saoudien en ligne, déclarant ouvertement qu’Israël frappe sans relâche le Hezbollah en Syrie, tout en soulignant les intérêts communs d’Israël et des Pays du Golfe pour lutter contre l’entrisme chiito-perse dans la région]

Les décideurs politiques à Jérusalem ont remarqué l’étrange déclaration du Président turc Tayyip Erdogan faite aux journalistes, samedi 1er janvier, sur le chemin du retour, après sa visite à Riyad, en Arabie Saoudite. après des années à vilipender l’Etat Juif, dit-il, « Israël a besoin d’un pays comme la Turquie dans la région. Nous devons admettre que nous aussi, avons besoin d’Israël ».

Cela résonnait comme s’il exhortait à la relance de la vieille alliance politique et militaire qui liait les deux pays autrefois.

Les sources moyen-orientales de Debkafile soulignent que, puisque son commentaire survenait directement après ses discussions avec le Roi Salman d’Arabie Saoudite à Riyad, il apparaissait ouvrir une voie pour la possible création d’un nouveau bloc au Moyen-Orient, comprenant la Turquie, l’Arabie Saoudite, peut-être l’Egypte et Israël, tenus de répliquer ensemble aux mêmes ennemis. Ce regroupement pourrait servir de contrepoids contre le bloc sunno-chiite de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et du Hezbollah qui dispose de l’appui des Etats-Unis et de la Syrie d’un côté et qui combat aussi Daesh, de l’autre.

Les dirigeants iraniens peuvent bien vouer aux gémonies la Maison des Saoud sans retenue, mais ils sont suffisamment prudents pour ne pas passer des paroles aux actes, sachant pertinemment qu’ils devront se débrouiller par eux-mêmes s’ils attaquaient le royaume pétrolier et n’attendre aucun soutien ni de la part de Washington, ni de la Russie.

Cependant, ce pourrait être plus facile pour Téhéran de tirer parti de la situation difficile de Netanyahu dans sa guerre contre le terrorisme, en envoyant le Hezbollah frapper Israël et, pendant ce temps, devancer la formation d’une nouvelle alliance contre Téhéran. Accélérer la mise sur pied des promesses de vengeance d’Hassan Nasrallah pour l’élimination de son cerveau terroriste Samir Kuntar, pourrait remplir cet objectif.

Cette éventualité a poussé Tsahal à maintenir des tirs de barrage de ses unités d’artillerie bordant la frontière d’Israël au cours des cinq derniers jours. Tsahal déclare que cette action est nécessaire pour empêcher le Hezbollah d’exploiter le mauvais temps de tempête de neige hivernale pour attaquer Israël. Ses chefs militaires apparaissent agir sur la base d’informations reçues d’une opération approchante du Hezbollah, alors que son dirigeant proférait ses menaces verbales.

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DEBKAfile Analyse Exclusive 4 Janvier 2016, 11:59 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

 

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