Israël : la coalition gouvernementale dans l’impasse

La coalition dirigée par Naftali Bennett, intrinsèquement fragile, a amorcé son implosion. Mais l’opposition, qui fait tout pour saborder le travail du gouvernement, n’est pas en mesure de former une autre coalition. Dans ces conditions, l’organisation de nouvelles élections risque d’être la seule option.

Le 13 juin, le gouvernement Bennett devrait fêter un an de pouvoir, mais le bateau prend l’eau de toutes parts. Depuis plusieurs semaines, les nuages s’amoncellent au-dessus de ce gouvernement dirigé par Naftali Bennett et Yaïr Lapid, principal artisan de cette coalition étroite et hétéroclite qui réunit 61 députés sur 120, issus de huit partis allant de l’extrême gauche à la droite nationaliste.

D’abord, il y a eu la défection de deux parlementaires privant la coalition de sa courte majorité et incitant d’autres députés à ne plus respecter la discipline de vote, alors que l’opposition, elle, fait bloc autour de Benyamin Netanyahou et du Likoud. Ensuite, quatre collaborateurs du cabinet de Naftali Bennett ont donné leur démission – chef de cabinet, conseillère diplomatique, cheffe de bureau et porte-parole.

Enfin, et c’est l’épisode le plus grave, dans la nuit de lundi à mardi, une loi renouvelée quasi automatiquement tous les cinq ans depuis 1967 permettant d’appliquer le régime juridique d’Israël aux Israéliens de Cisjordanie, n’a obtenu que 52 voix contre 58. A défaut d’être adoptée d’ici fin juin, les 450.000 habitants de Cisjordanie perdront de nombreux droits comme celui à l’assurance maladie, l’enrôlement dans l’armée, le renouvellement de leur carte grise, etc.

Cette situation est aussi inédite que paradoxale. En effet, l’opposition, exclusivement composée de partis de droite et droite nationale, en adéquation idéologique totale avec ce texte, a voté contre ! Un véritable sabordage politique justifié par la volonté de renverser le gouvernement Bennett et de rétablir Benyamin Netanyahou au pouvoir.

« Manœuvres politiciennes »

Une attitude fermement dénoncée par le directeur de Yesha – Conseil des implantations de Judée et Samarie -, David Elhayani : « L’impact est si dramatique que je ne peux pas comprendre que les gens procèdent à des manœuvres politiciennes à ce sujet. » Mais d’autres responsables des colonies ont soutenu cette manœuvre.

Cependant, l’opposition menée par Benyamin Netanyahou n’est pas en mesure de reprendre la main à la Knesseth. Raison pour laquelle, ce gouvernement à qui certains ne donnaient que quelques semaines, s’est maintenu une année durant. « Cette coalition n’aurait pas été possible si nous n’avions pas un vote de défiance constructif », remarque le professeur Gideon Rahat, président du département de Sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. Ce système permet de faire tomber un gouvernement à la condition de présenter un gouvernement alternatif soutenu par une majorité au Parlement.

Or, il n’y a pas de majorité alternative. Pour cela, l’opposition aurait besoin de l’appoint du parti Nouvel espoir, dirigé par Guideon Saar. Mais cet ancien du Likoud, le parti de Netanyahou, est loyal envers la coalition et, plus que jamais, opposé à Netanyahou. « Ce qui vient de se passer à la Knesseth a renforcé ma conviction qu’il ne doit pas leur être permis de diriger », a-t-il déclaré. Ainsi, la seule option pour l’opposition pour reprendre le pouvoir serait de nouvelles élections.

Catherine Dupeyron (Correspondante à Jérusalem) www.lesechos.fr
Le gouvernement de coalition est dirigé par le Premier ministre Naftali Bennett (à droite) qui devait céder la place au bout de deux ans à Yaïr Lapid, actuellement ministre des Affaires étrangères. (GIL COHEN-MAGEN/POOL/AFP)

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Guidon

Catherine Dupeyron et les Echos ne sont pas connus pour leur objectivité et leur honnêteté lorsqu’il s’agit d’Israël. D’ailleurs, ils rejoignent ainsi les autres journalistes et autres médias. Dans un pays, où tout le monde s’expriment de la même façon et tout le temps sur un sujet précis, c’est qu’il y a un chef d’orchestre.