La Commission Centrale de l’Enfance, CCE et la sauvegarde des enfants juifs en 1945.
Après la Seconde Guerre mondiale, que sont devenus les orphelins juifs et les enfants qui avaient été cachés dans des familles d’accueil ? Dès 1945, la Commission centrale de l’enfance s’est employée à les secourir et les aider à se reconstruire.
Le 27 mai dernier avait lieu la Journée National de la Résistance commémorant le 80e anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance par Jean Moulin le 27 mai 1943.
Un peu plus d’un mois plus tôt, Le 21 avril 1943, des responsables des zones Sud et Nord de la section juive de la MOI, Main-d’œuvre immigrée , se réunissent clandestinement à Paris. Ils décident de créer l’Union des juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE), ouverte à tous, sans distinction idéologique. Elle rassemble des organisations clandestines des deux zones . C’est une première pierre sur le chemin de l’unité des résistances juives. L’arrestation et l’exécution des combattants, ceux de l’Affiche rouge notamment, n’entament pas la détermination des résistants de l’ UJRE.
La guerre terminée il devint urgent de s’occuper de tous ceux qui revenaient des camps, et des familles de ceux qui ne revinrent pas, de s’occuper particulièrement des enfants des déportés et fusillés. C’est ainsi que dès 1945, après la Libération de Paris, les responsables de l’Union des juifs pour la Résistance et l’entraide, sous la direction et l’impulsion de Joseph Minc, créèrent la Commission Centrale de l’Enfance (CCE).
Cela se traduisit par la création très concrète d’un réseaux de patronages, de maisons d’enfants et de colonies de vacances pour aider à la reconstruction physique et psychologiques des enfants cachés, enfants de fusillés et de déportés, orphelins n’ayant pas retrouvé leur famille. Cette Commission Centrale de l’Enfance, proche du parti communiste et appelée enyiddish Der Zentraler Kinder Komissié a joué un rôle essentiel dans le paysage de la France et du judaïsme de l’après-guerre jusqu’à la fin de ses actions officielles en 1994 et jusqu’à aujourd’hui par le biais de tous les enfants qui passèrent dans ces foyers, maisons et colonies de vacances, et maintenant par le biais de leurs propres enfants et de leurs petits-enfants qui cherchent à faire connaître, transmettre et honorer la mémoire de ces lieux, de ces actions et de ce moment un peu oublié de l’histoire.
L’invité
Joseph Kastersztein, psychosociologue, enseignant-chercheur en psychologie sociale dans plusieurs universités en France, et en Italie. Fondateur de l’Institut supérieur des métiers de la formation.
Après avoir été enfant, moniteur, directeur pédagogique et membre de la direction de la CCE, il est devenu, durant quinze ans, le deuxième président de l’Association des Amis de la CCE, coéditrice de l’ouvrage Des larmes aux rires. Ses champs de recherche sont la différenciation sociale, l’identité et l’interculturalité. Il a publié de nombreux livres et articles.
Archives sonores
Le livre dont il a été question dans l’émission
Des larmes au rires, La Commission centrale de l’enfance, histoire et mémoire d’une organisation, laïque et progressiste
Par Joseph Kasterzstein, Serge Bianchi et Zoé Grumberg avec un avant-propos de Charles Fiterman et une préface de Boris Cyrulnik, et une introduction de J. Kasterzstein, Valérie Stenay et Suzon Pikorki.
» Pour la première fois de ma vie, je découvrais un monde juif qui me rendait heureux. «
Boris Cyrulnik
Ce livre aborde un pan méconnu de l’histoire de l’après-guerre en France. En 1945, l’urgence était de retrouver les enfants juifs cachés et de prendre soin des orphelins. L’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide s’y est employée en créant la Commission centrale de l’enfance. Celle-ci a accueilli plus de 700 enfants dans des foyers et offert à des milliers de jeunes des activités dans des patronages et des colonies de vacances.
Pendant plus de quarante ans, des militants et des éducateurs enthousiastes ont pratiqué une pédagogie originale, inspirée notamment par Maria Montessori, Anton Makarenko et Janusz Korczak, dans l’intention de transmettre les valeurs d’un humanisme juif, laïc, progressiste, malgré les aléas de l’Histoire.
C’est cette aventure culturelle unique que leurs héritiers ont voulu retracer. S’appuyant sur d’importants fonds d’archives et des témoignages inédits, ils proposent un récit soigneusement documenté, enrichi d’une iconographie remarquable. (Présentation de l’éditeur)
Des larmes aux riresDes larmes aux rires © Radio France – DR
A propos du spectacle « Valises d’enfance » de la compagnie Pipa Sol en résidence au manoir de Denouval
http://www.pipasol.fr/assets/valises-presse.pdf
Le manoir de Denouval à Andrésy dans les YvelinesLe manoir de Denouval à Andrésy dans les Yvelines © Radio France – La compagnie Pipa Sol en résidence
L’équipe Marc-Alain Ouaknin Production Alexandra Malka Réalisation
JForum avec www.radiofrance.fr
Entre 1946 et 1964, plus de 1 000 enfants juifs sont venus se requinquer dans cette demeure qui appartient aujourd’hui au Museum d’Histoire naturelle de Paris. DR.