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Israël, nouveau champ de bataille entre Chinois et Américains

Par Catherine DUPEYRON Publié le 2 mars 2020 à 7h35

Les relations économiques entre Chine et Israël s’accélèrent, notamment dans les domaines de la tech et des infrastructures.

Un rapprochement qui n’est pas sans contrarier les Etats-Unis, dont Israël est le principal allié au Proche-Orient.

En plein cœur de Tel-Aviv, à Sarona – l’un des quartiers d’affaires les plus modernes de la ville -, un panneau est écrit en hébreu, en arabe et en chinois. Il est destiné aux ouvriers d’une tour en construction.

Depuis une quinzaine d’années, des permis de travail sont accordés à des Chinois, dont beaucoup sont ouvriers du bâtiment.

Ainsi, en 2019, étaient-ils 10.600. Mais les Chinois ne sont pas seulement des ouvriers ayant remplacé une partie de la main-d’oeuvre palestinienne, ils sont aussi d’importants investisseurs en Israël.

Des échanges en plein boom

À ce titre, les échanges bilatéraux sont passés de 51 millions de dollars en 1992 – début des relations diplomatiques – à 14 milliards en 2018. « Mais le commerce n’est pas l’essentiel », remarque Daniel Haber, professeur d’économie spécialiste de la Chine à l’université de Haïfa.

« L’enjeu est technologique, à travers leurs investissements dans des sociétés israéliennes – et plus particulièrement des start-up -, l’implantation de centres R&D, la participation dans plusieurs gros chantiers d’infrastructures, et la coopération scientifique universitaire. »

Les entreprises chinoises ont pris des participations dans des sociétés israéliennes de premier plan.

Le premier à investir massivement en Israël fut le milliardaire hongkongais Li Ka-shing, en 1999, dans les télécoms. En 2011, il achète 11 % d’une start-up promise à un grand succès, Waze.

Créée en 2006 par trois Israéliens, elle est revendue à Google en 2013 pour la somme de 1,3 milliard de dollars ! Le Hongkongais a aussi fait un don important au Technion (l’Institut de technologie d’Israël), à Haïfa, qui en échange a établi un joint-venture sur le campus de l’université de Shantou, la ville natale de Li Ka-shing.

Tnouva, une pépite israélienne

Aujourd’hui, nombre de grandes entreprises chinoises (Lenovo, Fosun, Xiaomi,  Baidu , Huawei, Haier, Alibaba) ont installé un centre de R & D en Israël. En 2018, le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, y a fait deux visites.

Enthousiaste, il déclare alors : « En Israël, l’innovation est partout, c’est aussi naturel que l’eau et la nourriture ! » Cela a donné un nouveau signal au monde d’affaires chinois qui continue d’investir dans une myriade de start-up de la high-tech israélienne.

En 2019, Huawei s’est notamment lancé dans l’énergie solaire et Shenzhen Hifuture Information Technology a injecté 50 millions de dollars dans Xjet, société d’impression en 3D de métal et céramique.

Les entreprises chinoises ont également pris des participations dans des sociétés israéliennes de premier plan : celle de la China National Chemical Corporation dans Makhteshim, spécialiste d’engrais, est l’une des premières (2011) et des plus importantes (3,8 milliards de dollars) et celle de Bright Food dans Tnouva, en 2015, l’une des plus symboliques. L’opération a fait polémique en Israël, même si les Chinois n’ont fait que racheter les parts de la société britannique Apax.

Tnouva, première société alimentaire du pays, est une pépite du patrimoine national israélien. Elle fut créée en 1926 par le mouvement des kibboutz pour assurer l’autonomie alimentaire du Yishouv (peuplement juif en terre d’Israël à l’époque de la Palestine mandataire).

Matan Vilnaï, ambassadeur d’Israël à Pékin de 2012 à 2017, nous explique le choix des Chinois : « Ils ont acheté Tnouva pour développer leur industrie laitière. L’alimentaire est un domaine essentiel pour les autorités chinoises. Chaque jour, il leur faut nourrir 1,4 milliard de personnes. Pour survivre, ils ont besoin de la technologie. Or, la technologie israélienne est moins chère que celle des pays occidentaux. »

Enjeu géopolitique

Autre domaine où la présence des Chinois est patente : les infrastructures, domaine dans lequel ils ont gagné plusieurs appels d’offres au cours des dernières années – parmi lesquels la construction de l’une des lignes du tramway de Tel Aviv, celles du nouveau port d’Ashdod et de la ligne ferroviaire reliant ce dernier au port d’Eilat, sur la mer Rouge, ou encore la concession du nouveau port de Haïfa.

« La Chine veut un lien physique avec l’Occident. A cet égard, les ports israéliens sont un bon outil de stratégie géopolitique », remarque Lionel Friedfeld, conseiller en capital-risque entre Israël et la Chine.

Et c’est là que le bât blesse : tout cela ne plaît guère aux Etats-Unis, pour qui le moindre rapprochement avec la Chine est suspect. Le nouveau port de Haïfa, le Bayport Terminal, a cristallisé les tensions entre Israéliens et Américains sur la question chinoise, au nom de la sécurité : ces derniers laissaient ainsi entendre que la sixième flotte de leur pays n’accosterait plus à Haïfa, à présent.

Privatisation des ports

L’appel d’offres pour le Bayport à Haïfa, remporté par la société publique chinoise SIPG (Shanghai International Port Group), s’inscrit dans la politique de privatisation des activités portuaires menée par le gouvernement israélien depuis celle du port d’Eilat en 2013. En fait, la société SIPG est la seule à avoir répondu à cet appel d’offres. Le Bayport, quant à lui, commence désormais à sortir de l’eau.

Le président Donald Trump serait lui-même monté au créneau, expliquant au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou que si Israël ne limitait pas ses liens avec la Chine, les relations sécuritaires de l’Etat hébreu avec les Etats-Unis pourraient en pâtir.

Au sud, l’ancien port, construit par les Britanniques en 1933, doit être privatisé – l’appel d’offres est en cours de rédaction. Selon un proche du dossier, « il devrait contenir une clause interdisant aux entreprises publiques étrangères de postuler, un moyen d’éviter une nouvelle offensive de Pékin ». Sans doute faut-il voir là le fruit des pressions américaines, qui se sont multipliées ces trois dernières années. Lire la suite

Catherine Dupeyron  

www.lesechos.fr

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