Capture d'écran d'une vidéo de Ruptl
Les infractions liées au non-respect des lois en matière d’immigration ont explosé de 151,6 % en 2015.

Les chiffres auraient dû être publiés en juillet. Le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a ensuite décidé de repousser l’annonce au mois de septembre avant d’annuler la conférence de presse sine die. Les données ont, il est vrai, de quoi raviver la polémique qui déchire depuis plusieurs mois toute l’Allemagne. Le nombre de crimes enregistrés en 2015 par la police fédérale a augmenté de 31,6 % par rapport à l’année précédente pour atteindre le chiffre assez impressionnant de 436 387. Si les vols ont été plus nombreux, particulièrement dans les trains et les gares (+ 11,9 % avec 57 146 plaintes), les infractions liées au non-respect des lois en matière d’immigration ont littéralement explosé de… 151,6 % (171 477). (…)

Si l’article 31 de la Convention relative au statut des réfugiés des Nations unies stipule que les États n’appliqueront pas de sanctions pénales aux réfugiés en situation irrégulière qui sont originaires « de territoires où leur vie ou leur liberté étaient menacées », l’Allemagne peut poursuivre les étrangers en provenance d’autres nations.

L’an dernier, 865 374 migrants sont entrés illégalement en Allemagne selon la police fédérale, dont la principale fonction est de contrôler les frontières. Durant la seule journée du 12 septembre 2015, près de 14 000 étrangers sans visa sont arrivés dans le pays. Le nombre de demandeurs d’asile syriens (74 000) a augmenté, à lui seul, de 400 % en un an. Des hausses encore plus spectaculaires ont été enregistrées auprès des Iraniens (+ 1 000 %) et des Irakiens (+ 2 000 %). Si l’article 31 de la Convention relative au statut des réfugiés des Nations unies stipule que les États n’appliqueront pas de sanctions pénales aux réfugiés en situation irrégulière qui sont originaires « de territoires où leur vie ou leur liberté étaient menacées », l’Allemagne peut poursuivre les étrangers en provenance d’autres nations. Les forces de l’ordre ont notamment arrêté 3 370 passeurs venant principalement de Syrie (390), de Roumanie (370) et de Hongrie (362). 81 % des migrants sans papiers sont entrés en Allemagne en passant par la frontière autrichienne. Seuls 5 % ont pris l’avion pour arriver dans le pays.

Discours contre les demandeurs d’asile

Le rapport annuel de la police fédérale déplore le nombre trop limité d’expulsions autorisées par les juges. En 2015, 22 369 immigrants illégaux ont été renvoyés dans leur pays d’origine contre 13 851 l’année précédente. La plupart de ces demandeurs d’asile refoulés ont été transférés à Munich, Francfort et Düsseldorf pour embarquer à bord d’avions à destination de l’Albanie, du Kosovo, de la Macédoine et de la Serbie. 5 774 policiers ont été utilisés pour les escorter vers leur pays d’origine. Les forces de l’ordre ont du mal à répondre à cette hausse de l’immigration. L’an dernier, ces fonctionnaires ont dû effectuer 2,9 millions d’heures supplémentaires pour remplir leurs missions.

Ces chiffres ne manqueront pas de raviver la polémique concernant la politique d’accueil préconisée par le gouvernement fédéral. Le parti xénophobe et islamophobe AfD, qui avait pratiquement disparu des radars il y a dix-huit mois, séduit aujourd’hui plus de 10 % des électeurs avec ses discours contre les demandeurs d’asile. On comprend mieux pourquoi Berlin a tenté d’étouffer le rapport annuel de la police fédérale.

Le Point

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