« Soumission », le dernier roman de Michel Houellebecq qui évoque l’arrivée au pouvoir d’un parti musulman en France, et dont les ventes explosent partout en Europe, n’avait pas besoin de d’avantage de publicité. Le nouveau « parti des Démocrates musulmans » vient pourtant renforcer son plan-média.

Houellebecq en prophète ?

Houellebecq en a cauchemardé, des petits malins avec un bon sens du timing et du média-planning l’ont fait. Il existe désormais un parti des démocrates musulmans promouvant plus ou moins le même projet religio-sociétal que la Fraternité musulmane imaginaire de Soumission. 

Bof, pas de quoi lapider un chat, estimeront les optimistes ou les inconscients qui n’y verront qu’une initiative marginale et sans lendemains, une version halal du micro parti démocrate chrétien de Christine Boutin. Après tout, la France n’a jamais été en manque de formations politiques farfelues, du parti de la loi naturelle de Benoît Frappé (ça ne s’invente pas, un nom pareil) qui prônait l’avènement de la paix de dans le monde par la méditation transcendantale, au machin à raison sociale variable de Jacques Cheminade qui voyait notre salut dans la terraformation de la planète Mars

 

Au contraire, c’est la fin des haricots, leur répondront les pessimistes, qui lecteurs de Renaud Camus et tétanisés par sa théorie du Grand remplacement, y verront la confirmation de leurs angoisses existentielles.

 

Ce qui est rigolo, pour autant, c’est la manière dont la couverture de la présence de ce parti aux élections départementales est assurée par la presse en fonction de ses « valeurs ». La presse de droite est « vent debout », comme on dit quand on n’a pas peur des clichés, contre cette nouvelle et terrible nouvelle atteinte à la laïcité et à l’identité de la France quand la presse de gauche n’en parle même pas, sans doute par souci de « stigmatiser » on ne sait qui on ne sait comment. Exactement comme dans le bouquin de Houellebecq, quoi …

Couple infernal

En des temps pas si anciens, la division du travail en Europe était limpide. L’Allemagne était un géant économique dopé aux exportations de grosses berlines et de machines-outils mais elle n’avait d’avis sur rien ; la France, elle, était un géant politique, avec sa bombe nucléaire, son siège au conseil de sécurité des Nations-Unies et sa mission civilisatrice de fille aînée des Lumières mais elle ne fabriquait pas grand chose.

C’était cool. On savait où en on était. Désormais, tout est bousculé. C’est de vendre des Mercedes aux Chinois qui donne du poids et de l’entregent et, à observer le couple Hollande-Merkel tenter d’éteindre les incendies grec ou ukrainien, on n’a pas exactement le sentiment que c’est notre gentil président qui donne le La. Pas de pognon, pas d’opinion.

Surtout que la France, lorsqu’elle tente de se refaire une santé économique en vendant, c’est l’exemple de la semaine, des Rafale à l’Egypte, donne le sentiment de perdre sur tous les tableaux. D’abord parce qu’il n’est pas certain qu’elle s’y retrouve financièrement compte tenu des rabais qu’elle est bien forcée de consentir, mais surtout par que la lisibilité de ses options diplomatiques en prend un sacré coup. Entre un Sissi que l’on arme et un Bachar que l’on aide à déboulonner, la différence ne saute pas aux yeux.

De Gaulle aimait bien dire que la politique d’un pays ne se faisait pas à la corbeille, il avait raison : c’est par les concessions automobiles qu’elle passe désormais.

 

Silicon Detroit

D’un autre côté, vendre des bagnoles, ça risque de ne plus être aussi simple, y compris pour les costauds teutons. Là aussi, il y a du changement de paradigme dans l’air et les BMW et autres Volkswagen, qui font les fiérots aujourd’hui, pourraient bien se retrouver aussi déconfits que les Renault et Peugeot demain.

Comme dans tant d’autres secteurs en « disruption », il reviendra peut-être aux casse-pieds de la Silicon Valley de nous faire circuler. Google et Uber avec leurs voitures sans chauffeurs, Tesla avec ses bombinettes électriques pour bourgeois écolos et maintenant Apple avec sa future iCar, sont en train d’appliquer les codes de la high-tech numérique à une industrie pleine de certitudes inventées il y a un siècle et ça pourrait faire mal.

 

Demandez donc aux éditeurs de journaux papier, aux majors du disque et aux opérateurs historiques de téléphonie ce qu’ils en pensent.

Les péages, c’est comme les chasseurs : il y a les bons et les mauvais…

Notez que les voitures, qu’elles soient siglées Citroën ou Microsoft, il faudra bien qu’elles roulent quelque part. Tiens, sur des autoroutes à péages, par exemple. Je ne sais pas si vous avez suivi cette affaire, mais les automobilistes français sont censés sauter de joie parce que le gouvernement, dans sa grande bonté, à demandé aux exploitants d’autoroutes concédées (« privées » en techno-speak), de se débrouiller pour nourrir les actionnaires autrement qu’en augmentant le prix des péages.

 

Ces derniers ont obtempéré parce que c’est comme ça et pas autrement, mais ça n’a pas empêché l’Etat, sur la partie du réseau qu’il contrôle en direct, de faire grimper l’addition en loucedé. Hé hé, c’est qu’il doit falloir dégager de l’argent frais pour, pourquoi pas, renationaliser le réseau concédé et empêcher les hausses de tarifs des affreux capitalistes… Les péages, c’est comme les chasseurs : il y a les bons et les mauvais
 

Proxénète, DSK ? Evidemment pas. Mais tout de même…

Moi je l’aimais bien, le DSK, à une certaine époque. C’est bien fini maintenant, même si je ne fais pas partie des gens qui pensent qu’il existe une sexualité convenable et une autre qui ne l’est pas. Ok, je serais membre du parti musulman ou admirateur de Christine Boutin, je ne dirais sans doute pas la même chose mais comme je ne suis ni l’un ni l’autre, j’ai d’autres options dans la vie.

Non, si c’est bien fini, mon goût pour le bonhomme, c’est que les types qui demandent à d’autres de tenir les mains d’une nana pour qu’ils puissent lui faire subir ce qu’elle ne veut manifestement pas subir, sont un poil au-delà d’une sexualité « rude ». Notre ex-futur président social-libéral n’est vraisemblablement pas un proxénète –cette accusation-là est même du dernier débile–, mais la qualification judicaire pour laquelle il devrait se retrouver devant un juge porte un autre nom que je n’utiliserai pas parce que je n’ai pas, moi-même, le désir de me retrouver devant un tribunal pour diffamation. On ne sait jamais. 

NDLR : 

Sauf que les sous-entendus sont plus ravageurs que la réalité, car ils renvoient aux fantasmes les plus sordides de chacun, maîtrisés plus ou moins suivant nos moyens intellectuels, financiers, ou sociétaux.

picture-101_0Hugues Serraf

Hugues Serraf est journaliste, écrivain et blogueur.

Il est notamment l’auteur de Ils sont fous ces juifs (Éditions du Moment, 2012), de L’anti-manuel du cycliste urbain (Berg International, 2010) et de Petites exceptions françaises (Albin Michel, 2008).

ATLANTICO

 

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