Le chanteur Guy Béart, décédé mercredi à l’âge 85 ans, sera inhumé lundi à Garches selon le rite juif, a annoncé son attaché de presse.

Conformément au rite juif, le corps du musicien aurait dû être enterré dans les 48h après le décès, soit ce vendredi mais l’inhumation a été repoussée à lundi pour des raisons administratives.

L’artiste sera inhumé lundi à 11H00 dans le carré juif du cimetière de la ville, dans la plus stricte intimité à la demande de la famille.

Déborah Partouche – © Le Monde Juif .info | Photo : DR

Additif

Guy Béart est décédé mercredi 15 septembre 2015, à 85 ans, d’une crise cardiaque. Le 17 janvier 2015, Guy Béart a donné le dernier concert de sa carrière à l’Olympia.

Guy Béart est décédé ce matin, à 85 ans, d’une crise cardiaque. Sa famille est de religion juive et ses parents ont des racines espagnoles, suisses et russes. Né le 16 juillet 1930 au Caire, fils d’un expert-comptable, Guy Béart, de son vrai nom Béhart-Sasson, a passé son enfance au Proche-Orient, en Italie, en Grèce.

A son arrivée en France, il exerce divers métiers (copiste de musique, professeur de mathématiques, ingénieur des ponts et chaussées) tout en écrivant des chansons pour Patachou (Bal chez Temporel), Zizi Jeanmaire (Il y a plus d’un an, Je suis la femme) ou Juliette Gréco (Qu’on est bien).
Guy Béart finit par se lancer lui-même dans la chanson dans des cabarets parisiens. En 1957, il enregistre son premier disque. Un an plus tard, L’eau vive, composée pour le film du même nom de François Villiers, avec des dialogues de Jean Giono, lui vaut un succès populaire. La même année, il découvre l’Olympia où il a fait en janvier dernier, près de 60 ans plus tard, ses adieux.

La voix voilée, s’accompagnant à la guitare, Guy Béart chante des textes souvent poétiques, parfois mélancoliques. Cet «amoureux du verbe», qui créé sa propre maison de production en 1963, interprète Il n’y a plus d’après, Chandernagor, Couleurs vous êtes des larmes, Les grands principes, A Amsterdam, Les souliers, Poste restante, Le grand chambardement, La vérité….

Guy Béart est également auteur et producteur des émissions télévisées «Bienvenue» de 1966 à 1972. Atteint d’un cancer dans les années 1980, il s’éclipse quelque temps avant de refaire surface au milieu des années 1990. Son dernier album studio en date, Le meilleur des choses, est paru en 2010.

Guy Béart a publié un recueil de poésies (Couleurs et colères du temps, 1976) et deux autres livres (L’espérance folle, 1987 et Il est temps, 1995). Il était Chevalier de la Légion d’honneur et père de deux filles, dont la comédienne Emmanuelle Béart qu’on avait entendu fredonner sa chanson Il n’y a plus d’après pour le président François Hollande à l’occasion de la Fête de la musique en juin dernier.

De ses passages télévisés, on retiendra notamment une altercation avec Serge Gainsbourg en décembre 1986, sur le plateau de Bernard Pivot. L’interprète de Je t’aime, moi non plus, explique qu’il considère la chanson comme un art secondaire : «Tu n’as pas besoin d’initiation pour la chanson, tu as besoin d’initiation pour les arts majeurs, l’architecture, la peinture, la musique classique, la poésie…». «Il n’y a rien de mineur, il n’y a pas d’art mineur, sinon je ne serai pas là», réplique Guy Béart, avant de se voir gratifier par Gainsbourg d’un «Tu prends du pognon aux salauds de pauvres.»

En pleine guerre du Liban, en juin 1989, il retourne à Beyrouth sur les lieux de son enfance où il découvre, très affecté, un champ de ruines. Il y chante la chanson Liban libre qu’il a écrite et composée spécialement, et participe à une manifestation organisée en France en faveur de la paix.

En 1994, Béart a reçu  le Grand Prix de l’Académie française en reconnaissance de ses accomplissements pour sa longue carrière. Il a continué à se produire dans de multiples lieux dans tout le pays et en 1999 a fait une tournée de cinq semaines à Bobino à Montparnasse qui était si populaire il a tenu compte d’une réédition  de son album vivant double enregistré à l’Olympia.

liberation

Guy Béart et le judaïsme : interview par Actualité Juive l’avait rencontré en novembre 2010 ( Carol Binder)

Guy Béart: «Ma mère m’a enseigné les rituels juifs que je connais très bien».

A.J. : L’une des chansons rend hommage à Marcel Dadi, le célèbre guitariste disparu tragiquement…

G.B. : Marcel Dadi m’avait été recommandé par Lionel Rocheman. Ce garçon qui n’avait que quatorze ans m’a confondu d’admiration. C’est lui qui, dans la chanson «Amsterdam», attaque avec des pickings. Il venait à mes concerts, sauf le Shabbat. Lorsque j’ai appris que son avion s’était écrasé en plein océan, cela a été un choc. En 1998, j’ai écrit en une nuit la chanson qui, à quelques détails près, est dans l’album. Pour moi, il est toujours vivant.

A.J. : Vous êtes né au Caire. On dit que votre nom d’origine est Béhar…

G.B. : C’est ce qui est indiqué sur Internet mais je n’en sais rien. Ma mère m’a enseigné les rituels juifs que je connais très bien. Moïse, pour moi, représente le devoir. Dans ma Bible est marqué que D’ieu dit plusieurs fois à Adam et Eve : «Croissez et multipliez». Pourquoi, me suis-je demandé, avoir utilisé deux verbes pour dire la même chose alors que la Bible cultive un style très concis ? La vraie phrase est en fait «Croissez en nombre et multipliez en sagesse», ce que m’a confirmé mon ami Raphaël Draï. Or, depuis la Mésopotamie, on a augmenté le nombre, mais on n’a pas augmenté la sagesse. Moi, j’ai peur des foules. Il y a d’ailleurs quelque part dans l’Exode : «Ne suivez pas le nombre». D’où ma chanson «Le premier qui dit la vérité…». Elle parle de «La foule sans tête», manipulée.

A.J. : Vous avez vécu au Liban de 1939 à 1947. Y avez-vous ressenti les effets du nazisme ?

G.B. : Oui, car il y avait des réfugiés du monde entier, y compris des Juifs avec barbe et papillotes. C’était un pays qui recevait et digérait tout le monde !

A.J. : Et qui continue en hébergeant le Hezbollah et en accueillant le président iranien Ahmedinejad…

G.B. : Je suis effrayé par ce qui se passe et beaucoup de mes amis, chrétiens et musulmans, le sont aussi. J’ai écrit, il y a longtemps, que j’étais favorable à la création d’un Etat palestinien. Je disais qu’il valait mieux qu’ils s’emmerdent avec un Etat, des lois et de la paperasserie plutôt que de faire la guerre et de former des enfants à massacrer des Juifs…

A.J. : Quelle part de judéité avez-vous transmise à vos enfants dont la plus célèbre, Emmanuelle ?

G.B. : C’est dans mes chansons, où je pèse chaque mot, que j’exprime au mieux ma vérité. Dans «Messies, Mais si !» en 1973, je dis que l’’islam pense qu’il n’y aura pas de Messie. Le christianisme, qu’il est déjà venu, mais doit revenir. Le judaïsme, qu’il doit venir. Je pense que c’est une incitation à ce que chaque être humain se comporte en messie afin de sauver les autres.

À mes enfants, j’ai parlé des rites qui, selon moi, sont ce qu’il y a de plus important. Connaissez-vous l’histoire du rabbin qui arrive dans une communauté ? Il rencontre un Juif et lui demande s’il croit en D’ieu. L’autre lui dit qu’il lui répondra une autre fois. Le lendemain, le rabbin lui pose à nouveau la question et l’homme ré- pond par la négative. «Pourquoi ne m’as-tu pas répondu hier ?» demande le rabbin. «Parce que c’était Shabbat !». J’aimerais terminer sur un Proverbe que j’aime particulièrement : «Écoute, mon fils, les règles de ton père mais n’oublie pas la Thora de ta mère»…

Carol Binder

Le 17 janvier 2015, Guy Béart a donné le dernier concert de sa carrière à l’Olympia, avec seulement trois musiciens à ses côtés dont Roland Romanelli. Le spectacle a duré quatre heures.

 

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires