French lawyer Gilles-William Goldnadel poses at his office on February 10, 2015 in Paris. AFP PHOTO / JOEL SAGET (Photo by Joël SAGET / AFP)

«Quand des enseignants se déshonorent en refusant d’honorer Samuel Paty»

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Le collège d’Ollioules, dans le Var, ne sera finalement pas rebaptisé «Collège Samuel Paty» comme la mairie l’avait pourtant proposé. L’avocat et chroniqueur Gilles-William Goldnadel regrette qu’une partie des professeurs de ce collège, moins nombreux qu’on ne l’a prétendu, s’y soient opposés.

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son dernier ouvrage «Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée» est paru chez Plon.

Mardi dernier, nous avions la bien mauvaise surprise d’apprendre que la proposition du maire d’Ollioules, dans le Var, de donner le nom de Samuel Paty au collège «des Eucalyptus» situé sur sa commune avait été annulée, compte tenu du manque d’enthousiasme général.

À en croire le site de France Bleu, consultés par un sondage interne, 100 % des professeurs, 89 % des parents et 69 % des élèves s’étaient opposés au projet municipal.

Plus consternant encore, la représentante du SNES a tenu à prendre la parole au nom , paraît-il, des enseignants: «Renommer le collège du nom de Samuel Paty, ce n’est pas selon nous une bonne idée. Cela fait de nous des cibles alors que nous n’en avons pas besoin. C’est prendre un risque qui peut être évité.».

D’autres professeurs, plus bucoliques, faisaient valoir que les eucalyptus, c’était beau et fleurait bon le terroir provençal…

Robert Beneventi (LR) l’édile municipal à l’origine du projet avorté, déclarait dépité: «C’est la pusillanimité qui règne aujourd’hui et c’est préoccupant. On ne se rend pas compte, nous sommes en train de nous coucher et de laisser filer les valeurs de la république»

Les écoliers d’Ollioules et d’ailleurs se voient enseigner par certains de leurs maîtres l’apprentissage de la soumission intellectuelle, morale et surtout mentale.

J’écris en conséquence cette chronique pour tenter de tirer quelque enseignement de cette leçon de lâcheté collective en milieu éducatif.

Les écoliers d’Ollioules et d’ailleurs se voient enseigner en effet par certains de leurs maîtres l’apprentissage de la soumission intellectuelle, morale et surtout mentale.

Mais avant cela, j’aimerais contribuer à sauver l’honneur d’une partie du corps enseignant du collège précité.

Après avoir à la télévision, sur la base de mes informations, dit tout le mal que je pensais des positions du corps professoral et des représentants des parents d’élèves, j’ai reçu le courrier de mise au point, signé, et adressé par une enseignante de ce collège.

Je me permets de reproduire son beau courrier (légèrement) réconfortant in extenso:

«Je vous ai écouté attentivement dans le débat de cette journée sur CNews sur la polémique du changement de nom du collège d’Ollioules. Je vous ai entendu dire que 100 % des enseignants s’étaient élevés contre ce projet. C’est faux. La direction d’établissement qui était au courant depuis octobre du changement de nom a jugé bon de demander l’avis des enseignants par un sondage anonyme perdu entre des notes de service sur la messagerie interne Pronote.

Beaucoup d’entre nous ne l’ont pas vu. Et beaucoup d’entre nous n’y ont pas répondu.

Seulement 26 sur plus d’une cinquantaine de personnels (AED AESH…) ont fait part de leur choix.

Je suis professeur dans ce collège, je suis consternée par cette polémique qui me place au niveau de ceux qui ont choisi le camp de la peur. Ce n’est pas mon cas. Je suis aussi consternée par la direction qui, alors qu’elle était au courant depuis octobre pouvait se saisir de cette opportunité pour faire valoir à travers un débat démocratique les véritables valeurs de la laïcité.

Dans ce débat, la mairie aurait pu venir exposer son projet, et nous enseignants nous aurions pu expliquer ce qu’est la laïcité et l’école de la République. Mais malheureusement le petit sondage anonyme perdu entre des notes de service a pris le dessus. Cette méthode annonçait déjà la faillite du projet et avec elle une généralisation qui allait m’engloutir dans l’obscurantisme de la peur.

Il est encore quelques héritiers des hussards noirs qui s’opposent à ces froussards rouges qui auront dévasté le corps enseignant de la République.

Je vous en prie, ne généralisez pas, ne croyez pas les effets de chiffres qui poussent au sentiment de honte tous ceux qui croient encore aux valeurs de la République. Il y a des enseignants qui croient encore aux valeurs de la république au collège des Eucalyptus à Ollioules. Vous avez honte et vous avez raison. J’ai honte moi aussi.

Vous trouverez en PJ la lettre envoyée à M. le maire d’Ollioules ce matin afin de le rassurer: l’unanimité enseignante brassée dans les journaux n’est qu’une fiction, un mensonge. La vérité est là, 26 réponses sur plus de 50 au sondage anonyme, une lettre d’opposition au projet signé par 17 enseignants sur plus de 40 dans notre collège. Vous voyez que nous sommes loin du compte.

J’espère avoir apporté des informations nouvelles qui pourront modifier votre point de vue sur ce «100 % des enseignants du collège», cette généralité assassine qui détruit ceux qui portent les valeurs de la république.»

C’est peu d’écrire que le courrier que je viens de reproduire m’aura ému par sa hauteur de vue et en ce qu’il fait justice d’une désinformation disqualifiante.

Il est encore quelques héritiers des hussards noirs qui s’opposent à ces froussards rouges qui auront dévasté le corps enseignant de la République.

Car malheureusement, cette représentante du SNES qui a le courage affligeant d’assumer sa lâcheté est assez représentative de ces professeurs qui ont lâché la main de Samuel avant que de trahir la mémoire de Paty.

Je ne dispose pas malheureusement du confort de l’amnésie. Je n’oublie pas les leçons du rapport Obin et j’ai parcouru, robe d’avocat sous le bras, les territoires perdus de la république.

Je me souviens de cette directrice d’école bien à gauche qui ne voulait pas écouter les récriminations des parents de leurs enfants insultés. Je me rappelle les déclarations sentencieuses reproduites sans état d’âme dans les colonnes des journaux que l’on dit de progrès qui expliquaient doctement que lorsqu’un petit juif se faisait traiter de sale juif dans la cour de récréation par des petits garçons qui n’avaient rien de blond, il ne fallait pas prendre l’expression galvaudée au pied de la lettre.

Il est plus facile de déshonorer nos hommes adulés du passé, que de prendre le moindre risque pour honorer la mémoire d’un martyr du présent.

Le premier enseignement sur cette école de la soumission, c’est qu’elle a fait ses universités sur les bancs de ceux qui ont remplacé, pour paraphraser Manuel Valls, la lutte des classes par la lutte des races.

Dans le même temps, on apprenait, toujours par France Bleu, que le maire écologiste très à gauche de Bordeaux, Pierre Hurmic, souhaitait débaptiser l’école Paul Bert. On ignore à ce stade, si celui-ci veut désormais la baptiser Eucalyptus ou bien Sapin.

Selon certains rétroactifs, Paul Bert (1833-1886), quoique grand promoteur de l’école laïque avec Jules Ferry, aurait affirmé dans certains écrits «la supériorité de la race blanche».

Je rappelle que bien plus tard, même Léon Blum évoquait les devoirs des «races supérieures».

Il semble que d’aucuns pourraient trouver quelque intérêt à lui réclamer comptes.

On m’a dit que de l’autre côté de l’océan, avec cette même culture révisionniste, la cité de San Francisco voulait débaptiser les lieux portant les noms de Lincoln ou de George Washington. Ceux-ci étaient en effet propriétaires d’esclaves.

Bientôt, la capitale des États-Unis devra changer de nom.

J’en tire un second enseignement: il est plus facile de déshonorer sans le moindre aléa nos hommes adulés du passé, que de prendre le moindre risque pour honorer la mémoire d’un martyr du présent.

Plus facile de déstructurer la société que de tenter de la rebâtir.

Samuel, pardonne- leur, ils sont devenus fous

Par Gilles William Goldnadel mis à jour hier à 16:43

Gilles-William Goldnadel. JOEL SAGET/AFP JOEL SAGET/AFP

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Alex E. MERALI

« L’éclatant » courage des français. « L’admirable » attitude (69%) de sa jeunesse, de son avenir. Pauvre, misérable et méprisable pays. Qui se croit permis de se comporter de façon si abjecte avec notre Eretz Israël. Cet admirable Israël qui sera toujours juif et puissant quand la france sera devenue musulmane.