Françoise Bourdin, mort d’une écrivaine méconnue aux 15 millions de livres vendus

Romancière à succès parmi les plus lues en France, François Bourdin est morte dimanche à l’âge de 70 ans, annonce le groupe d’édition Editis ce lundi. Snobée par la critique littéraire, elle a vendu plus de 15 millions de livres.

Elle était l’une des écrivaines les plus lues en France. La romancière Françoise Bourdin est morte dimanche à l’âge de 70 ans. Sa disparition a été annoncée lundi par le groupe d’édition Editis. Écrivaine à succès avec plus de 15 millions de livres vendus, elle était pourtant ignorée du monde littéraire. Françoise Bourdin a écrit près de cinquante livres qui ont rencontré un immense succès.

« J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille de Françoise Bourdin, à ses deux filles, Fabienne et Frédérique, à ses petits-enfants, je pense à toutes les équipes, de Belfond, de Plon et de Pocket, qui ont travaillé avec elle depuis tant d’années, ainsi qu’à ses millions de lecteurs fidèles », a déclaré la directrice générale du groupe Editis, Michèle Benbunan.

Son dernier livre, « Un si bel horizon », était sorti aux éditions Plon début 2022. Souvent qualifiée de « populaire », son œuvre entamée dès les années 1970 est restée dans l’ombre de celle d’un Guillaume Musso, par exemple. « Il y a un certain mépris pour la littérature populaire », avait-elle regretté en 2019 lors d’un entretien à l’AFP. « Les gens qui méprisent ce que j’écris n’en ont évidemment jamais lu un seul paragraphe. C’est très injuste. C’est un a priori élitiste ».

Les sagas familiales, au cœur de son oeuvre

Elle avait publié son premier roman, « Les soleils mouillés », en 1972 alors qu’elle n’était pas encore majeure. Levée aux aurores, la romancière, installée dans une grande longère normande de la vallée de la Seine, non loin de Giverny, se mettait immuablement devant son ordinateur chaque matin pour écrire.
« Si l’inspiration ne vient pas, je vais me promener en forêt avec mes chiens », racontait-elle tandis que ses deux compagnons à quatre pattes, un Border Collie et un Beauceron, venaient mendier une caresse. Le plus souvent, l’inspiration était là.

Extrêmement productive, elle publiait un roman par an, voire deux. En près de 50 romans, Françoise Bourdin avait « su conquérir un large lectorat, avec ses histoires familiales, ses drames et ses joies, son écriture limpide et ciselée », souligne la patronne d’Editis, Michèle Benbunan. Tous étaient presque assurés d’être des best-sellers, certains ont été adaptés à la télévision, comme « Terre indigo ». La romancière à la voix légèrement rocailleuse de fumeuse impénitente avait choisi de vivre loin de Paris, et revendiquait d’écrire « des histoires qui nous ressemblent », centrées sur des histoires de famille.

Premier roman alors qu’elle n’est pas encore majeure

Née à Paris en 1952, Françoise Bourdin est issue d’une famille d’artistes. Ses parents, Georges Bourdin et Geori Boué, étaient des chanteurs lyriques réputés, enchaînant les tournées à l’étranger. La romancière se souvient avoir vu sa mère interprétant le rôle titre de « Mireille », l’opéra de Charles Gounod, au théâtre d’Arles. « Quand Mireille meurt dans les bras de son amant, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps étonnée de voir le public, debout, applaudir à tout rompre », aimait-elle raconter.
« Je ne voyais pratiquement jamais mes parents », disait-elle, sans amertume. Elle gardait de cette époque une impression enivrante de liberté. Elle découvre la littérature en puisant dans la vaste bibliothèque de son père et se passionne pour Giono, Colette, Mauriac ; puis Baudelaire et Nerval, remplacés par Proust, Tolstoï, les soeurs Brontë, Sartre, Zola, Dumas et Hugo… L’adolescente « brise-fer » écrit également des nouvelles, puis son premier roman, « Les soleils mouillés », que Julliard publie en 1972.
Un deuxième roman, « De vagues herbes jaunes » paraît l’année suivante et sera adapté pour la télévision par Josée Dayan. La mort de son père en 1973 bouleverse les cartes. Françoise Bourdin ressent le besoin de s’enivrer de nouvelles sensations. Il y a cette « passion dévorante » des chevaux. Dans son petit cabinet de travail, elle gardait une photo d’elle au grand galop (et sans casque !) sur une piste de Maisons-Laffitte. Elle possédait aussi une Triumph Spitfire – un petit cabriolet anglais – pour assouvir son besoin « d’aller vite ».
Sa passion pour l’écriture renaîtra après la naissance de ses filles, Fabienne et Frédérique. À partir de 1994, date de sa première collaboration avec Belfond, elle a publié 36 romans. Son dernier roman « Un si bel horizon » avait été publié début 2022 aux éditions Plon où elle avait suivi son éditrice depuis plus de 10 ans, Céline Thoulouze.

 

Victor Tribot Laspière  France Bleu
CAPTURE D’ÉCRAN / FRANCE 2 Françoise Bourdin sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché » le 31 mars 2012.

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