[David Engels est titulaire de la chaire d’Histoire romaine à l’Université libre de Bruxelles]

Combien de temps donnez-vous encore à l’UE ?

Dans 20 ou 30 ans, l’Europe sera devenue un État autoritaire ou impérial, après une phase marquée par des évènements s’apparentant à une guerre civile et par des manifestations de décadence. C’est en tout cas ce que laissent présager les analogies entre la crise actuelle de l’Europe et la période où la République romaine finissante cède la place à l’État d’Auguste [premier empereur]. […]

Quels parallèles discernez-vous ?

[…] Chômage, dissolution de la famille, individualisme, déclin des confessions traditionnelles, globalisation – à l’époque sous la forme de la romanisation – recul de la population, fondamentalisme, migrations, appauvrissement, « Du pain et des jeux », criminalité, polarisation entre une caste de politiciens oligarques d’un côté et des « populistes » mécontents de l’autre…
[…] À cela s’ajoute le fait que l’Occident, tout comme la République romaine, a la fâcheuse tendance à vouloir se prendre pour la seule humanité civilisée et à vouloir combler de ces valeurs dans des guerres asymétriques ceux qu’on appelle les « barbares ». […]

[…] jusqu’à ce que l’État devienne ingouvernable comme dans la République romaine tardive : Trump, Farage ou Le Pen ne sont rien d’autre que des variantes de Catilina ou de Clodius.

quels remèdes ?

Nous avons urgemment besoin d’une politique étrangère européenne commune, en vue d’assurer la paix à ses frontières extérieures. Mais une telle politique nécessite d’abord une plus grande cohésion, en terme de  politique sociale, fiscale et culturelle, fondée sur des valeurs communes, une valorisation de ses intérêts peuvant être représentés au monde extérieur …

L’Europe a tendance à se confondre avec l’ONU. C’est insuffisant dans la mesure où les droits universels sont effectivement partagés même par des pays qui ont rien à voir avec la culture occidentale, comme le Japon, par exemple. L’UE ne doit pas se contenter de se définir exclusivement par des valeurs purement humanistes, mais aussi se fonder sur son histoire, qui a modelé sa propre identité occidentale.

L’ «Europe» est le résultat d’une histoire millénaire. Sa spécificité historique ne se limite pas à la Déclaration des droits de l’homme, mais à des siècles de création intellectuelle et artistique, ce qui est tout aussi irremplaçable et non exportable, que la culture chinoise ou indienne. Ce patrimoine est une responsabilité et une richesse dont nous devons être fiers et les générations futures doivent y être fidèles. L‘UE devrait s’engager à préserver cette continuité.

L’Europe est extrêmement hétérogène. La solution est simple: L’identité occidentale est l’histoire occidentale. L‘Europe doit renforcer sa solidarité interne. Les mouvements de population actuels ne sont qu’un des nombreux symptômes de notre état d’esprit actuel, qui se caractérise par un mélange étrange de cosmopolitisme, de doute de soi, de calcul, d’opportunisme, de matérialisme et de mauvaise conscience. Ce mélange spécial, était celui qui avait cours à la fin de la République romaine …


L’ouverture est seulement un problème si le cadre nécessaire à l’accueil est lui-même l’objet de remises en question, avec une polarisation sociale beaucoup plus grave, l’absence de planification à long terme, la primauté de l’économie sur la politique et la culture, ou la tendance à l’arrogance idéologique.

La république romaine avait du mal à administrer ses nouvelles provinces. L’UE a augmenté massivement. L‘UE est-elle devenue trop grande?

Le problème est surtout qu’elle a mis l’accent uniquement sur l’expansion économique. Ainsi, l’occasion a été manquée de construire une union nationale, sociale et fiscale et de renforcer l’unité culturelle. Mais sans une identité commune, pas de solidarité. Pas étonnant que les nationalistes populistes arrivent au pouvoir, comme à Rome les « populares »: Tout comme la fin de la République romaine, l’Europe se trouve sur un volcan qui peut exploser à tout moment.

Vous êtes un pessimiste.

En tant que père de deux fils je suis le dernier à vouloir une guerre civile ou la dictature. Mais depuis que j’ai écrit mon livre «Sur les traces de l’empire», tous les parallèles entre notre histoire et  la fin de la République Romaine, se réalisent. Cela me fait très peur. Mais ce serait lâche de rester aveugle et sourd simplement parce que la réalité nous dérange.

Avons-nous une chance d’éviter une guerre civile ?

Non. Mais je ne crois pas à une guerre de légions de citoyens armés, notre politique est trop peu militarisée pour cela. J’envisage plutôt des banlieues qui échappent au contrôle de l’État. Avec des territoires où règnent des groupes paramilitaires, ethniques ou religieux. Avec une criminalité galopante. Avec une faillite économique et un total immobilisme politique. Les citoyens de l’Europe se jetteront alors dans les bras du premier qui offrira au continent un État social qui fonctionne, la paix et l’ordre. Comme le fit en son temps l’empereur Auguste.

Huffingpost.de – traduction JFORUM

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Jg

L europe c est eurabia , seul Trump peut changer la mauvaise direction prise par dans son pays pendant le regne d hussein obama et les democrates .Il a bien precise que l islam pose probleme , les usa ont moins de musulmans qu en eurabia . Par concequent , il peut encore redresser son pays . Pour eurabia , il est trop tard !

DANY83270

Cher Monsieur David Engels, votre analyse est pertinente et je la partage totalement ; en neffet, le parallélisme entre la situation de l République romaine décadente et celle de la civilisation occidentale en déclin vouée à la guerre et la destruction est frappante ; nous seront bientôt la proie des musulmans qui nous guettent, à moins qu’un homme providentiel ne vienne souder l’Europe pour construire un bouclier contre l’envahissement des Barbares; je pense que cet homme existe, il s’appelle TRUMP , il dispose d’une armée puissante qui est l’OTAN et il faudrait qu’il devienne leader du monde occidental.