Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a eu recours au secret défense pour bloquer l’investigation de l’attentat contre l’Hyper Cacher qui s’est déroulé en parallèle avec l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo le 7 janvier, information révélée par Mediapart.

Ces détails gênants étaient pourtant en accès libre (sources ouvertes) au moment de la rédaction de Médias, Djihad, antisémitisme, les liaisons dangereuses, où ils sont dûment notifiés, comme il se doit dans une démocratie qui se respecte. 

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Il est facile de confirmer le recours au secret défense en consultant le texte de la décision de Cazeneuve, inscrit discrètement au Journal officiel de la République française le 18 juin 2015 : « Emet un avis défavorable à la déclassification des documents communiqués par le ministère de l’intérieur.«

Cette décision refuse une requête de déclassification de documents émise le 10 avril 2015 par des juges d’instruction au tribunal de grande instance de Lille, chargés de l’enquête sur la provenance des armes d’Amédy Coulibaly, responsable de l’attentat contre l’Hyper Cacher.

Selon Médiapart, « Des gendarmes lillois et un de leurs informateurs ont été au centre d’un trafic d’armes ayant permis d’alimenter Amedy Coulibaly, auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. S’ils n’ont rien su de la destination des armes, ils semblent bien avoir laissé filer les acheteurs ou perdu leur trace. Leur position est suffisamment délicate pour qu’ils se retranchent, courant avril, derrière le secret défense », position confirmée en juin par Cazeneuve.

Coulibaly et les frères Kouachi, qui s’étaient rencontrés en prison avant de mener les attentats contre l’Hyper Cacher et Charlie Hebdo respectivement, faisaient partie des réseaux islamistes dont se sert Paris pour former des combattants islamistes et les acheminer vers les zones de combat en Syrie.

Il reste à éclaircir les motifs qui ont poussé ces réseaux à acheminer des armes le 7 janvier non pas vers les combattants islamistes en Syrie, mais vers des islamistes en France.

Médiapart révèle que « Le 20 janvier, les responsables de la Brigade criminelle et de la Sous-Direction antiterroriste (SDAT) ont résumé, dans une synthèse au parquet de Paris, les vérifications opérées au sujet des armes utilisées par Coulibaly sans faire état de la réponse d’Europol, datée du 16 janvier. Europol mentionne pourtant un ‘traçage positif pour trois armes’, et un ‘traçage approchant pour deux armes’, en précisant que ces cinq armes ont été achetées par la société lilloise d’Hermant à l’entreprise slovaque AGF Security. ».

Dès le 14 janvier, les services de renseignement slovaques et Europol auraient averti les autorités françaises que les armes de Coulibaly avaient transité par la société de Hermant, ancien barbouze et indic de la gendarmerie.

D’après les enquêteurs, Hermant a acheté ces armes sur le site internet slovaque de vente d’armes en ligne AGF Security pour un volume de 200 armes, revendues ensuite. Les juges antiterroristes de Paris n’ont rien fait de ce renseignement et ont apparemment tenté d’empêcher leurs homologues lillois d’avoir accès à ces renseignements.

Les enquêteurs pensent que Hermant aurait également acquis 90 autres armes auprès d’un contact belge à Charleroi. Alors que l’achat d’armes de guerre est interdit en France, Hermant a pu par l’intermédiaire de la société de sa femme et sans être inquiété par la police, acheter des armes de guerres démilitarisées. L’achat de ces armes ne pouvait être possible sans la complicité de sections du renseignement ou de la gendarmerie, ce que confirme Médiapart.

Un échange de mails entre Hermant et la gendarmerie démontre qu’il a contacté une « cible » qui aurait posté une annonce en 2013 sur le site de vente d’armes Delcampe. La « cible » n’est autre qu’un détective belge, domicilié près de Charleroi, entendu dans le cadre de cette affaire.

Ce dernier affirmerait que « Claude Hermant était son principal client », qui lui « achetait 95 pour cent de ses armes démilitarisées provenant du site slovaque AFG », soit « plusieurs dizaines, sans savoir ce que le prévenu en faisait ensuite ». Les proches de Claude Hermant réfutent toutefois cette version : « Les transactions ne tournent, au maximum, qu’entre 4 et 6 armes en deux livraisons couvertes par la gendarmerie ».

Selon Médiapart, les armes vendues par Hermant auraient également servi le 7 janvier à assassiner une policière à Montrouge et dans l’attaque contre un joggeur. Ce dernier, toujours en vie, accuse Amar Ramdani d’être l’auteur de l’agression.

Amar Ramdani, ami intime de Coulibaly, était le compagnon d’une gendarme des services de renseignement du Fort de Rosny-sous-Bois: Emmanuelle C., formatrice en renseignement opérationnel, la spécialité de Claude Hermant. Bien que Ramdani et la gendarme soit en couple, les enquêteurs ne font pas le lien entre elle et Claude Hermant.

Médiapart écrit que dans l’entourage de Coulibaly outre des ingénieurs, des officiers et des barbouzes de la gendarmerie, et des réseaux de mercenariat, c’est auprès d’un dénommé Metin K. que Coulibaly, parfois en compagnie de Ramdani, a cherché à vendre le véhicule de sa compagne dans les semaines précédant les attentats.

Metin K., un autre contact désigné par Hermant aux enquêteurs, s’était présenté spontanément le 12 janvier aux autorités belges pour clarifier les détails de l’achat du véhicule. L’homme n’est pas inconnu des services de police et de renseignement. Suspecté de trafic d’armes et de drogue, il est aussi présenté comme un sympathisant des rebelles kurdes du PKK.

Selon la Voix du Nord:

« Nous venons d’apprendre que le ministre de l’Intérieur a opposé le secret défense aux juges lillois qui instruisent l’enquête… » Ce qui ne perturbe en rien les proches de Claude Hermant, ex-mercenaire d’extrême droite, au cœur d’un vaste trafic d’armes.

Au contraire, l’intervention de Bernard Cazeneuve ne ferait qu’ajouter de l’eau au moulin de l’inculpé, présumé innocent. Elle repose la question de la nature des liens supposés avec les attentats de Paris.

« Le fait que le nom de Coulibaly n’apparaisse jamais dans le dossier de Claude Hermant ; que celui-ci n’ait jamais été interrogé à ce propos, nous rassure… », poursuit une source familiale. La justice fera-t-elle un jour la jonction entre les deux affaires ? L’interrogation se fait de plus en plus lancinante.

Cinq armes… et 200 autres

Selon  Médiapart, complétant nos propres informations, cinq armes, numéros de série à l’appui, auraient transité par la société de la compagne de Claude Hermant avant de se retrouver dans l’arsenal de Coulibaly.

« Oui, Claude Hermant a bien vendu des armes neutralisées mais à S.L. (arrêté depuis par la police judiciaire lilloise).»

Cette figure du grand banditisme roubaisien« était une cible prioritaire signalée à la gendarmerie par Claude Hermant »dont nous avons établi qu’il était un agent de renseignement de la section de recherche de Lille

« Ce que S.L. a fait de ces armes, nous n’en savons rien », poursuit l’entourage de l’ex-barbouze. Sous-entendu : comment a réagi la gendarmerie aux informations de son indic ? Si cette dernière se refuse à tout commentaire, Claude Hermant a, lui, mis en cause deux gendarmes et un agent des douanes.

Face au juge d’instruction lillois, l’un de ces gendarmes aurait, selon Mediapart, soulevé le caractère secret de ses missions. Bernard Cazeneuve, après avis de la commission consultative du secret défense, a brandi cette carte, cadrant les investigations lilloises.

Reste une question. Si cinq armes achetées par Claude Hermant se sont retrouvées entre les mains de Coulibaly, qu’en est-il des « 200 autres » répertoriées par les les enquêteurs ?

Claude Hermant vient de voir une nouvelle demande de mise en liberté rejetée. « Il en formulera une autre dans quatre mois. »

Rappel des faits

Le 8 janvier 2015, Amedy Coulibaly tue une policière municipale à Montrouge (92). Le lendemain, il prend en otage les clients de l’Hyper Casher à Paris. Il en tue quatre… Il sera abattu lors d’un assaut du RAID.

blogs.mediapart.fr

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Pat

A moins que ce ne soient des infiltrés de daesh…

Cobut Stéphan

C’est partout pareil les policiers protèges ceux qui leur rendent service ; un de leur protégé a été condamné au tribunal et comme par hasard après mon dépôt de plainte ; il s’est fait rayer des listes on ne sait ou il est et la police m’avait répondu c’est un homme honnête ; ou y a pas de gêne il n’y a pas de plaisir ; corruption ; police complice .

popi soudure

ça commence  » a puer  » cette affaire ! ……………..

André

Je n’ai rien compris. Avec ce trafic d’armes avons-nous affaire à des ripoux au sein de la gendarmerie ou non ?

hohn

André t’es de quel planète, des ripoux il y en a dans la gendarmerie comme dans la police depuis qu’ils existent.

André

Sans blague…