Azerbaïdjan-Arménie : au-delà des idées reçues
Fénelon écrivait dans son ouvrage « Dialogue des morts » que « La guerre est un mal qui déshonore l’humanité ».
Il est indéniable que la guerre, ce fléau qui ravage l’humanité, sème la désolation. Plus une confrontation perdure dans le temps , plus elle nourrit l’animosité entre les nations impliquées, rendant la restauration de la confiance entre les belligérants d’autant plus ardue. Alors que le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie atteint déjà le triste anniversaire de son centenaire, il est difficile d’imaginer les tourments endurés par ces deux peuples, chacun ayant sa part de souffrances à porter.
J’entends et je lis des allégations selon lesquels l’Azerbaïdjan commet un génocide envers les Arméniens. Comme le soulignait Albert Camus, « Mal expliquer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Il est essentiel de comprendre que le terme « génocide » a été introduit pour la première fois par l’avocat polonais Raphaël Lemkin en 1944, dans son ouvrage intitulé « Axis Rule in Occupied Europe ». Il se compose du grec « genos », signifiant « race » ou « tribu », associé au latin « cide », qui signifie « tuer ». Raphaël Lemkin a créé ce terme afin de qualifier non seulement les politiques d’extermination systématique menées par les nazis contre le peuple juif pendant l’Holocauste, mais également d’autres actions ciblées visant à détruire des groupes spécifiques d’individus par le passé. Ainsi, il est indiscutable que les Arméniens ont été victimes d’un génocide en 1915, et cela doit être reconnu par tous. Cependant, il est tout aussi crucial de reconnaître d’autres tragédies, y compris celles touchant les Azerbaïdjanais, sous le même prisme de la compréhension et de la justice.
Il est indéniable que les Azéris ont été cruellement touchés par des assassinats et des meurtres, tout cela parce qu’ils étaient Azéris. Plongeons dans cette période méconnue de l’histoire qui nous permettra de mieux comprendre la situation actuelle.
31 mars 1918, massacre des azerbaidjanais
En 1918, Lénine nomma Stepan Chaoumian comme commissaire extraordinaire à Bakou. Le 31 mars de cette année , pendant trois jours, les azerbaidjanais furent massacrés .
Un Allemand nommé Kulne a décrit les événements de Bakou : «Les Arméniens prenaient d’assaut des quartiers musulmans (Azerbaïdjanais) et tuaient tous les habitants et les perçaient avec leurs baïonnettes. Quelques jours plus tard, les cadavres de 87 Azerbaïdjanais avaient été déterrés d’une fosse. Les corps éventrés, les nez coupés, les organes génitaux mutilés. Les Arméniens n’avaient eu de pitié ni pour les enfants, ni pour les adultes».
Lors du massacre de mars, dans un seul quartier de Bakou ont été retrouvés les cadavres de 57 femmes azerbaïdjanaises avec les oreilles et les nez coupés, les ventres déchirés. Les jeunes filles et femmes avaient été clouées au mur, l’hôpital de ville où 2 000 personnes tentaient d’échapper aux attaques, a été incendié.
La déportation des Azerbaïdjanais de l’Arménie en 1948-1953
En décembre 1947, les dirigeants communistes de l’Arménie adressèrent une lettre à Staline. Dans celle-ci, ils convinrent de déplacer 130 000 Azerbaïdjanais d’Arménie vers l’Azerbaïdjan, créant ainsi des postes vacants pour les Arméniens venant de l’étranger en Arménie. Les détails de cette déportation furent également précisés dans le décret du Conseil des ministres de l’URSS numéro 754. Il était prévu de déporter environ 100 000 personnes vers la plaine de Kura-Aras (République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan) en trois étapes : 10 000 en 1948, 40 000 en 1949 et 50 000 en 1950
La déportation des Azerbaïdjanais de l’Arménie de 1988-1989
En janvier 1988, sous l’égide des dirigeants de l’URSS, plus de 250 000 Azerbaïdjanais et 18000 Kurdes furent expulsés de leurs terres ancestrales. Le 7 décembre de cette même année, un terrible tremblement de terre frappa la région. Les villageois azéris furent évacués vers l’Azerbaïdjan et réclamèrent tout au long de l’année 1989 le droit au retour et l’indemnisation des biens perdus lors de la catastrophe. Cependant, les autorités de Spitak et d’Erevan contestèrent aux Azéris leur qualité de doubles victimes, estimant qu’ils avaient quitté Spitak de leur propre gré.
Les massacres de 1992
Le Massacre de Khodjaly: Le 25 et 26 février 1992, pendant la guerre du Haut-Karabakh, des forces arméniennes attaquèrent la ville de Khodjaly, qui était principalement peuplée d’Azeris. Le siège de la ville a abouti à la mort de centaines de civils azerbaïdjanais, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Ce massacre a été largement condamné par la communauté internationale
Le massacre de Garadaghly
En février 1992, les forces arméniennes ont attaqué le village de Garadaghly, situé en dehors du Haut-Karabakh, et ont tué de nombreux civils azerbaïdjanais.
Le Massacre de Maragha
En avril 1992, des forces arméniennes ont attaqué le village de Maragha, situé dans le Haut-Karabakh, et ont tué plusieurs dizaines de civils.
ERIC GOZLAN
Spécialiste en Géopolitique et en diplomatie parallèle, Eric GOZLAN est conseiller de Gouvernements et dirige l’International Council for Diplomacy an Dialogue ( www.icdd.info)
Eric Gozlan est appelé comme expert à l’Assemblée Nationale et au Sénat sur les sujets traitant de la diplomatie parallèle et de la laïcité En juin 2019, il contribue au rapport sur l’antisémitisme du Rapporteur Spécial des Nations Unies.
Il a reçu du Prince Laurent de Belgique en septembre 2018 le prix de la paix pour son combat pour la laïcité en Europe. Il a participé à deux nombreux colloques sur la paix en Corée, Russie, Etats-Unis, Bahreïn, Belgique, Angleterre, Italie, Roumanie…
Source : geopolitiqueetaction.com – Par Eric Gozlan
https://www.geopolitiqueetaction.com/post/azerba%C3%AFdjan-arm%C3%A9nie-au-del%C3%A0-des-id%C3%A9es-re%C3%A7ues
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Merci de ce rappel…..opportun. Mais l’hystérie des populaces l’emporte souvent sur la Real-Politik et si les crimes du passé ( je ne dis ni ne pense pas que c’est votre démarche) devaient justifier ceux du présent ou de l’avenir quel espoir conserver dans l’humanité ?