Ces derniers mois, des délégations de diplomates américains, des représentants du Congrès, et des spécialistes du Moyen-Orient se sont rendus à Riyad et ont rencontré des personnalités du gouvernement, ainsi que d’un éventail d’acteurs de la société civile et du secteur privé.

De retour au pays ils ont partagé leurs impressions avec le public américain, en exprimant chacun leurs  louanges ou leurs réserves sur l’Arabie Saoudite,, mais les grandes lignes de leurs comptes rendus ont été étrangement cohérentes : l’Arabie saoudite est en cours de réformes positives.

Le gouvernement de Ryad a reconnu sans ambages ses problèmes passé et s’engage sur la voie de la promotion de la tolérance religieuse, qui progresse dans le bon sens. La diversification de son économie s’affirme ainsi, qu’une plus grande ouverture du royaume à la culture du village planétaire.

Côté sécurité, les États-unis restent un allié indéfectible dans sa lutte contre le terrorisme, tant à l’intérieur des frontières saoudiennes que dans le monde; contre des états parrainés par le Khomeiniisme  et du djihadisme transnational.

Enfin, au milieu de bouleversements régionaux qui secouent le Moyen-Orient et de la chute record des prix du pétrole, l’Arabie saoudite est intervenue pour garantir la stabilité de tous les pays arabes avec lesquels Washington a été traditionnellement alliée.


Dans le même temps, la République islamique d’Iran a cessé de freiner sa campagne mondiale de terrorisme. Un an depuis la signature d’un accord nucléaire avec les P5 + 1, l’Iran a augmenté ses dépenses pour financer les combats contre les arabes menés par procuration par ses supplétifs, le Hezbollah au Liban et en Syrie, les milices chiites et les escadrons de la mort en Irak et des Houthis au Yémen.

Selon nos journalistes d’investigation à l’intérieur de l’Iran, le régime a également redoublé de répression à l’intérieur de ses frontières: les communautés non-persanes et non-chiites, qui composent ensembles la majorité de la population iranienne, ont vu un nombre record d’exécutions et de nouvelles restrictions sur leurs droits culturels. L’appareil sécuritaire iranien reste un sponsor du terrorisme international sur les cinq continents, tandis que le ministère de l’Information iranienne attise les flammes en soutenant près d’une centaine de chaînes satellites arabes extrémistes, en ourdou, persan, et d’autres langues.

Pendant tout ce temps, Téhéran exporte des clercs religieux et diffuse des programmes dans le monde entier qui distillent son programme expansionniste dans l’enseignement du chiisme. Et le régime demeure un commanditaire principal du militantisme sunnite, un problème sur lequel je vais revenir sous peu.

Dans ce contexte, une opinion récente exprimée par le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif dans les colonnes du New York Times en a fait sourciller plus d’un, en particulier dans les pays arabes, où le sujet sur lequel il s’exprimait est bien compris.  Comme d’autres auteurs l’ont déjà fait dans les pages du Times, l’article présentait l’Arabie Saoudite comme un «Royaume arriéré. » Il faisait la caricature de la gamme composite des courants religieux et politiques rassemblés sous l’appellation «wahhabisme», qu’il blâmait ensuite pour son extrémisme et toute la misère du monde.

Certes, il  s’agissait d’un article d’opinion. Mais comme le disait le regretté sénateur américain Daniel Patrick Moynihan, « Chacun a droit à ses propres opinions, mais il n’en va pas de même des faits.» Et les «Faits», pour citer le président John Adams, « sont têtus. »

Il est intéressant de noter, par exemple, qu’Al-Qaïda et Daesh, ont mené des attaques meurtrières à plusieurs reprises contre l’Arabie Saoudite et ses citoyens, mais n’ont jamais ciblé Téhéran. Pourtant, Zarif prétend que les deux groupes sont des ennemis mortels de son pays et pointe le wahhabisme comme responsable.

Pendant ce temps, le groupe terroriste Hezbollah, basé au Liban, est ouvertement financé et armé par l’Iran, qui alimente son tiroir caisse, assure son équipement, son approvisionnement en armes et l’entraînement de terroristes qui ciblent des civils sunnites et beaucoup d’autres innocents au Liban, en Syrie et dans le monde entier.

Le Département d’Etat des Etats-Unis étiquettes Iran comme étant un «promoteur actif du terrorisme d’état. » Le régime, qui a adopté les préceptes du Khomeiniisme, son idéologie fondatrice, a la seule constitution dans le monde qui affirme son expansionnisme comme principe de base.

Le royaume saoudien, en revanche, n’impose aucune politique équivalente sur l’islam: Plutôt que d’affirmer un équivalent sunnite de Khomeiny selon lequel le religieux prend le contrôle des forces armées, l’appareil de sécurité, et toutes les institutions du pouvoir, les dirigeants saoudiens se tourne vers un islam élagué d’idéologie politique pour favoriser l’autonomisation de sa population au moment où elle s’investit dans le monde moderne.

C’est le gouvernement iranien qui a incité et géré les foules qui ont attaqué 12 ambassades étrangères au cours des 25 dernières années, et plus récemment, la mission diplomatique du Royaume-Uni en 2011 et la mission saoudienne plus tôt cette année. Et tandis que 15 sur les 19 pirates de l’air du 11 Septembre étaient en effet des ressortissants saoudiens radicalisés, Zarif incrimine une nation entière et toutes ses institutions pour leurs méfaits. À la base, l’article de Zarif exploite les perceptions américaines d’un « wahhabisme », statique et monolithique, tout en éludant des faits qui prouvent le parrainage du terrorisme international de son propre gouvernement, qui pourrait noircir des volumes entiers.

Parmi les nombreux cas d’attaques d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite on se souvient des attentats de 2003 contre des résidences des étrangers vivant dans la capitale saoudienne Riyad, qui ont tué 39 personnes et mutilé 160. L’homme derrière ces attentats commis par al-Qaïda est Saif al-Adel, qui vivait en Iran à l’époque. De nombreuses interceptions téléphoniques et autres éléments de preuve non contestées par la communauté internationale indiquent qu’il jouissait de toute latitude et des outils nécessaires pour utiliser le territoire iranien comme point d’encrage pour organiser ces opérations. Le régime de Téhéran avait refusé de l’extrader vers l’Arabie saoudite pour une série d’attentats commis avant les attaques de 2003.

Le terrorisme d’Etat iranien, conçu au plus haut niveau du pouvoir à Téhéran remonte aux origines de la domination des mollahs dans le pays, qui ont appliqué une politique de «sectarisme aveugle en soutenant des extrêmistes sunnites ainsi que des extrémistes chiites.

Un an après la révolution de Khomeyni, l’Egypte, à majorité sunnite était dans la tourmente, avec un « DJihad islamique » qui avait le vent en poupe et qui faisait des adeptes avec une campagne visant à renverser le président Anouar el-Sadate. La tentative de coup d’Etat du groupe terroriste sunnite avait été fermement soutenue par l’Iran, en grande partie parce que Sadate avait accordé l’asile au Shah déchu. Téhéran considère d’ailleurs Khalid Islambouli, l’homme qui a tué Sadate, comme un héros; une rue dans la capitale iranienne porte son nom.

Pourquoi al-Qaïda n’a pas attaqué l’Iran?

Une des principales raisons est bien sûr le soutien du régime iranien pour cette entité terroriste,  qui dépasse de loin le simple fait de faciliter des attaques terroristes contre l’Arabie Saoudite, l’Egypte et d’autres pays arabes: Plus tôt cette année, un juge fédéral de New York a rendu un jugement sommaire en faveur des familles des victimes du 11 septembre  condamnant l’Iran à 10,5 milliards de dollars de dommages et intérêts. Ce qui confirme que des preuves accablantes existe du soutien logistique iranien à al-Qaïda pour perpétrer les atrocités du 11 Septembre. Au 15e anniversaire du 11 Septembre, cet aspect crucial de l’histoire de la tragédie, a enfin commencé à pénétrer les esprits et bénéficie d’une attention méritée aux États-Unis.

Une foule de documents du Trésor américain, d’ailleurs, montrent que des années après le 11 Septembre, la relation Iran / al-Qaïda a résisté à l’épreuve du temps et que des centaines de soldats américains en Irak ainsi que des milliers d’autres dans la région, en sont morts. Les analystes du terrorisme qui connaissent la relation Iran / al-Qaïda, n’ont pas du tout été surpris par la publication de lettres d’Oussama ben Laden à Abbottabad, dans lesquelles il fait allusion à l’Iran comme sa «source principale de son financement, le personnel et sa communication ».

Compte tenu de cette politique insidieuse, l’appel de Zarif qui demande au monde de s’allier à son pays en diabolisant l’Arabie Saoudite, illustre parfaitement la définition de la chutzpah (culot) : Au nom de son régime, qui au cours des 12 dernières années a transformé le gouvernement irakien en son vassal, il accuse cyniquement les Américains et les Saoudiens pour soi-disant avoir permis à Téhéran de faire. Au nom de son régime, qui a bombardé un centre communautaire juif à Buenos Aires, tuant 85 personnes et en blessant des centaines, il appelle le monde à protéger les minorités religieuses en faisant pression sur Riyad. Il présente l’Iran, qui est le seul défenseur de l’Etat d’Al-Qaïda, bien qu’il commette des attentats contre ses propres citoyens sunnites, comme un interlocuteur crédible pour la protection des modérés sunnites. Au nom de son régime, qui a soutenu le règne des Assads de l’apartheid sectaire depuis des décennies, il accuse l’Arabie saoudite et donne des leçons sur la façon d’aider la population sunnite à se défendre.

Dans les pays du Golfe avant la révolution iranienne, les relations entre les sunnites et les chiites, les Perses et les Arabes, étaient nettement meilleures. Malgré des différends politiques intra régionaux ne l’ont que rarement exposé à des prises de positions sectaires. La monarchie saoudienne, blâmée par Zarif qui l’accuse d’une hostilité innée envers l’Iran chiite, jouissait au contraire d’excellentes relations avec le gouvernement iranien. Aujourd’hui au contraire, toutes les milices chiites et escadrons de la mort, en guerre par procuration contre les populations sunnites sont indissociablement liés à l’Iran, ainsi que les groupes extrémistes sunnites transnationaux qui sont farouchement opposés à l’Arabie saoudite, les Etats du Golfe, et presque tous les autre pays arabes et musulmans.

L’article malveillant de Zarif incarne le message que Téhéran veut transmettre au peuple américain: qu’il devrait tenir ses alliés traditionnels au Moyen-Orient à distance et compter sur l’Iran en tant que garant de la stabilité régionale.

Les Américains auront à choisir pour eux-mêmes s’ils préfèrent accorder le privilège de leur amitié au plus grand commanditaire de terrorisme d’Etat au monde ou renforcer leur coopération avec un allié de longue date, le Royaume d’Arabie Saoudite, qui se trouve engagé dans un processus ambitieux de réformes positives qui mérite encouragement et soutien.

American interests – traduction Kathie Kriegel

 

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