Le Rav Abraham ben Meir ibn Ezra (hébreu ????? ??? ????, arabe Abu Is?a? Ibrahim ibn al-Majid ibn Ezra) est un rabbin andalou du xiie siècle (Tudèle, circa 1092 – Calahorra, circa 1167). Tsama nafchi

Ce chant est dû à la plume d’Abraham ibn Ezra (1090-1165), rabbin, poète, grammairien, traducteur, commentateur, philosophe, mathématicien et astronome. Il fut l’un des plus éminents érudits juifs de l’Âge d’Or espagnol.

Tsama nafchi formait à l’origine, comme le suggèrent ses derniers mots, une introduction à nichmath kol ‘haï, prélude aux prières du matin de Chabbath et des jours de fête. C’est plus tard qu’il a été incorporé, avec diverses nuances selon les rites, dans les zemiroth chabbatiques. C’est ainsi que le ‘Hatham sofèr avait pour habitude de l’entonner le vendredi soir avant Kiddouch.

Cette caractéristique première d’introduction à nichmath kol ‘haï a été préservée par les Juifs d’origine irakienne, mais uniquement à Chemini ‘atséreth – Sim‘hath Tora, cette fête associant le recommencement de la lecture de la Tora et la Création de l’univers.

S’il fait partie, dans les familles achkenazes, de l’ensemble des zemiroth de Chabbath chantées le vendredi soir, il est d’usage chez les Juifs marocains de ne l’entonner que Chabbath ‘Hayyei Sara, peut-être par association du nom de ce Chabbath avec le mot « ‘haï » (« vivant ») par lequel se termine chaque strophe.

Il convient cependant de noter qu’il ne contient aucune référence à Chabbath lui-même, particularité qu’il partage avec Yah ribbon ‘olam de rabbi Israël ben Moché Najara et avec Tsour michélo.

Le texte même de ce chant connaît diverses variantes, ce qui paraît suggérer qu’il a recueilli des interpolations postérieures. Nous n’avons retenu ici que les strophes dont la succession des lettres initiales compose l’acronyme « Abraham ben Ezra ».

Ce chant, comme l’indiquent ses premiers mots, est placé sous le signe de la soif de Hachem. De la soif et non de la faim, car un homme, explique son auteur dans son commentaire des Psaumes (43, 3), « lorsqu’il boit de l’eau, est aussitôt désaltéré, alors que le pain ne le rassasie qu’un temps après. C’est pourquoi, la vie de l’homme étant dépendante de l’eau qu’il absorbe, la nostalgie de Hachem ressemble à de la soif ».

1. Mon âme a soif du Dieu vivant (Psaumes 42, 3); mon cœur et ma chair célèbrent le Dieu vivant (Psaumes 84, 3).

2. Un Dieu vivant m’a créé, et il a dit : « Je suis vivant » (Bamidbar 14, 21 passim) ; car l’homme ne peut Me voir et vivre (Chemoth 33, 20).

3. Il a tout créé avec de la sagesse, avec un dessein et avec une intention ; et elle est très voilée aux yeux de tout vivant (Job 28, 20).

4. Plus élevé que tout est Son honneur, chaque bouche dira Sa gloire ; béni soit Celui dans la main duquel est l’âme de tout être vivant (Job 12, 10).

5. Il a séparé (des autres peuples) les petits-fils du « simple » (c’est-à-dire de Jacob, « homme “simple” qui habitait les tentes Berèchith 25, 27″>Article original), pour leur enseigner les lois ; (celles) par lesquelles l’homme, s’il les pratique, vivra (Wayiqra 18, 5).

6. Celui qui est justifié ressemble à une fine poussière (Isaïe 29, 5) ; il est avéré que ne sera justifié devant Toi aucun vivant (Psaumes 143, 2).
7. Dans le cœur un important désir, à la ressemblance du venin de tarentule (Psaumes 140, 4) ; et comment reviendra-t-elle, la chair vivante ? (Wayiqra 13, 16).

8. S’ils le veulent, ceux qui se sont retirés, (s’ils) se sont repentis de leurs voies ; avant qu’ils reposent dans la maison de rassemblement de tous les vivants (Job 30, 23).

9. Je Te remercie pour tous Tes actes ; (Toi qui) ouvres Ta main, et qui rassasies à souhait tout ce qui est vivant.

10. Souviens-Toi de l’amour (que Tu as porté) aux Anciens, et fais revivre ceux qui dorment ; et fais approcher les jours où le fils de Jessé sera vivant.

11. Vois la véritable maîtresse, la servante discourante ; non, car ton fils est celui qui est mort, et mon fils est celui qui est vivant (I Rois 20, 31– paroles prononcées au cours du procès entre deux femmes qui a donné lieu à ce que l’on appelle le « jugement de Salomon »).

12. Je me prosternerai sur mon nez, et tendrai vers Toi ma paume ; (le temps est venu) que j’ouvre la bouche avec nichmath kol ‘haï.

Jacques KOHN.

Le Rav Abraham ben Meir ibn Ezra (hébreu ????? ??? ????, arabe Abu Is?a? Ibrahim ibn al-Majid ibn Ezra) est un rabbin andalou du xiie siècle (Tudèle, circa 1092 – Calahorra, circa 1167).

Éléments biographiques

Première période

Membre de la famille Ibn Ezra, qui jouit d’un grand renom en Espagne, Abraham ibn Ezra serait, selon Moïse ibn Ezra1 (dont il est probablement un parent éloigné), natif de Tudèle2 et se serait installé ensuite à Cordoue. Abraham ibn Ezra mentionne tantôt l’une, tantôt l’autre comme le lieu de sa naissance.

La vie d’Abraham ibn Ezra se divise en deux périodes : dans la première, Abraham ibn Ezra se construit une réputation de poète et de penseur, dans son Espagne natale. Il y fréquente assidûment les plus prestigieux érudits de son temps, dont Joseph ibn Tzaddik, Juda Halévi, avec lequel Abraham ibn Ezra aurait voyagé dans les communautés d’Afrique du Nord3, et Moïse ibn Ezra. Ce dernier fait les louanges du philosophe religieux (mutakallim) et de l’homme éloquent1, tandis qu’un jeune contemporain, Abraham ibn Dawd, le qualifie, à la fin de sa chronique4 de dernier grand homme à avoir fait la fierté du judaïsme espagnol, et de grand poète, qui « a renforcé les mains d’Israël avec des poèmes et des mots de consolation. »

Selon de nombreuses sources, Abraham a passé le plus clair de cette période à s’occuper de poésie, mais il poursuit également d’autres savoirs scientifiques, comme l’indique sa production littéraire dans sa seconde période. Son commentaire biblique, notamment, comprend nombre de ses discussions philosophiques avec Juda Halévi d’une part, et de ses débats avec des représentants du karaïsme, un mouvement juif scripturaliste, adversaire du judaïsme rabbinique traditionnel, auquel se rattache Ibn Ezra.

Ibn Ezra ne donne aucune indication précise quant à sa famille. Cependant, on peut déduire de la glose dans son long commentaire sur Exode 2:2 qu’il avait eu cinq enfants, dont seul Isaac est mentionné, les autres étant sans doute morts en bas âge. Isaac ibn Ezra, qui était peut-être le beau-fils de Juda Halevi, est à bord du bateau qui mène ce dernier en Égypte. Il se sépare alors de lui et fait route vers Bagdad, où il compose en 1143 des poèmes à la gloire de son maître Abu al-Barakat Hibat Allah. Peu après, il le suit dans sa conversion à l’islam, au grand désarroi de son père. C’est probablement dans l’espoir de le ramener au judaïsme qu’Abraham ibn Ezra effectue un premier voyage en Orient (Égypte, terre d’Israël et Irak)5, bien que la conquête almohade ait également pu y jouer un rôle6. Au cours de ce voyage, il rachète le terrain de la synagogue Ben Ezra du Caire (également appelée synagogue al-Gueniza, car sa gueniza est la plus importante et plus étudiée au monde) pour 20 000 dinars

Seconde période

Dans la seconde partie de sa vie, Ibn Ezra est un solitaire sans attaches, pérégrinant au gré des vents, résidant à chaque étape pendant plusieurs années.

Abraham ibn Ezra se considère comme un exilé, rappelant souvent qu’il est Abraham ibn Ezra l’Espagnol (haSefaradi). Il évoque son amour pour sa patrie perdue, notamment dans une élégie sur les persécutions des Almohades, qui commencent en 1142 ; il y énumère les communautés d’Espagne et d’Afrique du Nord détruites. Par ailleurs, il écrit dans son commentaire sur le Lévitique, à propos de la prescription des quatre espèces, dont il faut prendre une branche ou un fruit pendant la fête des Tabernacles8, que « celui qui est exilé des pays arabes vers les terres d’Edom (l’Europe chrétienne) comprendra, s’il a des yeux, la signification profonde de ce commandement. »

Dans l’un de ses poèmes les plus connus, Nedod Hessir Oni, il se décrit comme un étranger, écrivant des livres et révélant les secrets de la connaissance. De fait, il est le seul exemple connu d’érudit errant à avoir développé une activité littéraire aussi riche et importante dans des conditions aussi peu favorables.
C’est en 1140 que commencent ses voyages, Ibn Ezra ayant composé plusieurs livres à Rome cette année, afin de propager la science judéo-espagnole parmi les Juifs italiens, qui n’entendent rien à l’arabe. Il en fera de même à Lucques, Mantoue, Vérone, avant de se rendre en Provence puis vers le nord de la France, et en 1158, en Angleterre, Ibn Ezra ayant séjourné à Londres et à Oxford.

Abraham ibn Ezra en Provence

Ibn Ezra se rend en Provence avant 1155, faisant halte dans la ville de Béziers, où il écrit un livre sur les Noms divins, dédicacé à ses patrons, Abraham ben ?ayyim et Isaac ben Judah. Yedaia Bedersi, natif de la ville, parle de son séjour avec enthousiasme, plus de 150 ans après les faits9. Juda ibn Tibbon de Lunel, contemporain d’Ibn Ezra, atteste lui aussi de l’importance historique que prit pour les Juifs de Provence le séjour d’Ibn Ezra dans le Sud de la France10.
Ibn Ezra est à Narbonne en 1139 ou peu avant, et fait ensuite route vers le Nord de la France.

Abraham in Ezra dans le Nord de la France

Ibn Ezra effectue un séjour de plusieurs années dans le Nord de la France, faisant d’abord étape à Dreux, aux confins du domaine royal et de la Normandie (une erreur de copie du nom hébraïque de cette ville, ???? Dros devenu ???? Redos, et corrigé en ???? Rodos ou Rodes, sera à l’origine d’une croyance erronée qu’il soit allé à Rhodes ou à Rodez). À Dreux, Ibn Ezra complète plusieurs travaux exégétiques et, après avoir récupéré d’une maladie, entreprend un nouveau commentaire du Pentateuque. C’est également dans le Nord de la France, peut-être à Rouen, qu’Ibn Ezra prend contact avec une autre figure majeure de son temps, le tossafiste Rabbenou Tam, et rédige un poème faisant l’éloge du frère de celui-ci, le Rashbam. Cependant, il critiquera vivement ce dernier dans la lettre sur le Sabbath, écrite en 1158 à Londres à l’intention d’un disciple.

La fin du voyage

En 1160, Abraham ibn Ezra est de nouveau en Provence, et traduit à Narbonne un traité astronomique à partir de l’arabe. Si les dates données dans le poème concluant son commentaire sur le Pentateuque sont correctes, Ibn Ezra serait mort à Rome, où il aurait également entamé son dernier traité grammatical, Safa Beroura, demeuré inachevé. Les vers d’introduction à ce livre, dédié à son disciple Salomon, ont en effet tout d’un testament : il y exprime l’espoir que ce livre « soit un legs pour Abraham le fils de Meïr, et qu’il préserve sa mémoire de génération en génération. »

Abraham Zacuto avance, sans preuves, qu’Ibn Ezra serait mort à Calahorra, à la frontière de la Navarre et de l’Aragon, le 23 janvier 1167.
Ses œuvres

Exégèse

Article détaillé : Exégèse juive de la Bible.

Le Livre de l’Exode avec le commentaire d’Abraham bar Meir ibn Ezra HaSefaradi, avec un poème introductif de l’auteur, Naples 1488
Sefer HaYashar .

La principale œuvre d’Abraham ibn Ezra est son commentaire sur le Pentateuque, intitulé Sefer HaYashar. C’est principalement à ce livre qu’il doit sa réputation, et il a, comme celui de Rachi, engendré une abondante littérature de super-commentaires. Il existe en de nombreux exemplaires, manuscrits et imprimés (la première édition a été effectuée à Naples, en 1488). Il a réalisé un long commentaire de l’Exode, outre celui qui se trouvait dans son commentaire sur le Pentateuque, en 1153. C’est ce long commentaire qui est le plus souvent imprimé. Un manuscrit ancien, conservé à la bibliothèque de Cambridge, comporte une combinaison de ces deux commentaires12. Une Bible rabbinique moderne, intitulée Torat Hayyim, propose les deux commentaires séparément.
Michael Friedländer a édité en 1877 un commentaire du même type sur le Livre de la Genèse, qu’Ibn Ezra n’a pas eu le temps de compléter.

Ainsi qu’il l’explique en introduction à ses commentaires, Ibn Ezra considère les interprétations des Gueonim (c’est-à-dire, principalement de Saadia Gaon et Samuel ben Hophni), des Karaïtes et des chrétiens comme fausses ou insatisfaisantes. Quant au midrash, exégèse rabbinique traditionnelle, il estime que, malgré la justesse de ses enseignements, il ne vise pas réellement à élucider le sens du texte5. L’interprétation qu’il propose suit le sens simple (peshat) du texte biblique, en se basant sur l’analyse grammaticale dont les auteurs judéo-andalous comme Juda Hayyuj, Yona ibn Jannah, Moïse ibn Gikatilla et d’autres se sont fait une spécialité.

Rédigé dans un hébreu parfaitement maîtrisé au niveau grammatical, et dans un ton spirituel, qui peut aisément devenir poétique, mais néanmoins laconique et riche en « secrets » demeurant inexpliqués, le commentaire reflète aussi l’originalité et la polyvalence d’Ibn Ezra. Il est résolument rationaliste, axé sur les sciences astronomiques et astrologiques et remet notamment en cause la création ex nihilo13. Il fourmille de notes sur des sujets divers, dont la grammaire, les mathématiques, quelques considérations philosophiques, etc. Il comprend également de nombreuses polémiques, principalement dirigées contre les interprétations karaïtes de la Bible14. Ces attaques sont si caractéristiques de l’œuvre d’Ibn Ezra qu’en des endroits où il semble au contraire s’appuyer sur des exégèses karaïtes, notamment celles de Yefet ben Ali, les supercommentateurs classiques ont mis en doute l’attribution de ces propos à l’auteur, en supposant qu’ils étaient le fait d’un disciple fourvoyé, voire d’un Karaïte15.

Autres commentaires

Les éditions classiques des Bibles rabbiniques comprennent également les commentaires d’Ibn Ezra sur les Livres d’Isaïe, des Prophètes mineurs, de Job, des Psaumes, du Cantique des Cantiques, d’Esther, de Ruth, de l’Ecclésiaste, des Lamentations et de Daniel.

Par contre, les commentaires sur les Proverbes, Ezra et Néhémie, qui lui sont attribués, ont en réalité été écrits par Moïse Kimhi, un commentateur provençal ultérieur qui montre son influence ; le commentaire sur le Livre des Proverbes qui lui a été attribué par Driver en 1881 et Horowitz en 1884 n’est pas davantage de lui. On lui connaît également des commentaires sur le Cantique des Cantiques, Esther (dont il existe deux versions16) et Daniel. Il semble, d’après ses notes, qu’Ibn Ezra ait aussi écrit des commentaires sur les Premiers Prophètes, mais ceux-ci ne peuvent qu’être reconstitués à partir de ses propres notes.

Influence

Le commentaire d’Abraham ibn Ezra est considéré comme un classique, et n’a cessé d’être étudié par les exégètes ultérieurs jusqu’à nos jours13. Ses prises de position allant parfois à l’encontre de la tradition rabbinique ont souvent été dénoncées, notamment par des auteurs plus « orthodoxes, » comme Nahmanide6 ou Isaac Abravanel, ainsi que par ses propres supercommentateurs, certains allant jusqu’à dire que ces opinions étaient trop en désaccord avec celles exprimées par Ibn Ezra dans son introduction ou dans d’autres écrits pour être les siennes.

Spinoza l’ayant fait connaître comme l’un de ses modèles dans son Traité théologico-politique, Ibn Ezra est considéré comme le précurseur de la critique textuelle biblique. Sans émettre d’affirmations positives, il semble avoir sous-entendu, sur base strictement textuelle, que la Torah n’a pu être rédigée par Moïse seulement, et que les chapitres 40 à 66 du Livre d’Isaïe auraient été écrits par un « second Isaïe, » exilé babylonien anonyme.

Toutefois, les passages cités par Spinoza peuvent être interprétés de manière moins radicale, et Ibn Ezra exprime lui-même à plusieurs reprises sa volonté de défendre le texte biblique contre tout ce qui pourrait lui porter atteinte. Il s’insurge, dans sa lettre sur le Sabbath18 (un responsum rédigé en 1158 à l’intention d’un disciple), contre l’interprétation du Rashbam sur les versets relatifs au septième jour de la Création, et voue au bûcher tous les livres où cette interprétation apparaît, car elle lui semble porter atteinte aux fondements des rites, voire de la tradition.

Grammaire hébraïque

Article détaillé : Histoire de la grammaire hébraïque.

Abraham ibn Ezra fut, avec Joseph Kimhi d’une part, et Juda ibn Tibbon d’autre part, le passeur principal de la science grammaticale judéo-andalouse en Europe chrétienne.

S’appuyant en très grande partie sur les travaux de Hayyuj et Ibn Jannah, il dispense au cours de ses pérégrinations de nombreux traités en hébreu, couvrant les théories grammaticales depuis Saadia Gaon jusqu’à Ibn Jannah, et traduit les travaux de Hayyuj en hébreu :

Sefer Moznayim.

Écrit à Rome en 1140, il s’agit d’une introduction à la linguistique hébraïque, expliquant soixante termes utilisés en grammaire hébraïque, dont le Karaïte Juda Hadassi reprit le matériel en 1148 dans son Eshkol HaKofer, sans mentionner Ibn Ezra. Le livre contient aussi une revue des grammairiens qui ont précédé Ibn Ezra. Le livre a été imprimé pour la première fois en 1546. Une édition critique a été réalisée en 200220.

Traductions des livres de Hayyuj .

Abraham ibn Ezra a réalisé une traduction des deux ouvrages majeurs de Juda Hayyuj et d’un troisième sur la ponctuation du même auteur, sous les titres de Sefer Otiyyot hano’a?, Sefer Po’alei haKefel et Sefer haNikkoud. Les trois traductions ont été publiées simultanément par Leopold Dukes à Francfort en 1844 ; John W. Nutt a réimprimé le Sefer HaNikkoud avec l’original arabe de Hayyuj, et avec les Sefer Otiyyot HaNo’a? vehaMeshekh et Sefer Po’olei ha-Kefel de Moshe ibn Gikatilla, en 1870.

Sefat Yeter .

Deux livres sont connus sous ce nom :
un livre rédigé en défense de Saadia Gaon contre les arguments d’un critique qu’Abraham ibn Ezra identifie à Dounash ben Labrat, et dont il a découvert le manuscrit en Égypte. Le livre a été erronément publié sous le titre de Sefat Yeter (ed. Bisliches 1838 ; ed. Lippmann, Francfort, 1843), alors qu’il s’agit d’un autre ouvrage d’Ibn Ezra. Après découverte d’un fragment de la Gueniza du Caire21, une édition critique a été réalisée en 198822.

le véritable Sefat Yeter, manuel à l’usage des débutants, composé à Lucques entre 1140 et 1145. Wilhelm Bacher l’a confondu avec le Sefer hayessod (ou Yessod diqdouq) et conclu qu’il avait été perdu, mais Wilensky23 a prouvé qu’il s’agissait bien du Sefat Yeter. L’introduction a été publiée et une édition critique en a été réalisée en 198424.

Sefer Tzahot.

Le Sefer Tzahot, écrit à Mantoue en 1145, est considéré comme l’ouvrage majeur et le plus complet d’Ibn Ezra dans le domaine de la grammaire. Édité par Lippmann à Fuerth, en 1827, une édition critique a été réalisée en 197725.
Il reprend les acquis de ses prédécesseurs, qu’il présente d’une façon moins théorique et plus systématique. Sa principale innovation est d’aborder la métrique poétique dans le premier chapitre, lorsqu’il traite des voyelles, du sheva et des paradigmes nominaux. Ibn Ezra traite également en profondeur des modes de conjugaison, des verbes bilitères et quadrilitères, ainsi que des verbes composés de deux mots ou formes.

Autres.

Abraham ibn Ezra a également composé le Sefer haShem et le Yessod Mispar, tous deux à Béziers avant 1155, et le Safa Beroura, demeuré inachevé, probablement dans le Sud de la France, à une date indéterminée.

Le Sefer haShem a été édité par Lippman en 1834. Il s’agit d’un ouvrage à la fois grammatical et spéculatif, à la manière du Sefer Yetzira, traitant des Noms de Dieu écrits avec les lettres ‘HYH (????) et YHWY (????). Ces lettres, ainsi que les nombres qui y sont associés selon la numération hébraïque, leur qualité phonétique, leurs fonctions grammaticales et d’autres traits, jusqu’à leur représentation graphique, donneraient des informations sur la divinité13.
Le Yessod Mispar est une petite monographie sur les particularités grammaticales des nombres, éditée par Simhah Pinsker en 1863, dans la dernière partie du livre de cet auteur sur les systèmes de ponctuation de l’hébreu utilisés en terre d’Israël et en Babylonie.

Philosophie religieuse.

Bien qu’il soit considéré comme l’un des plus importants penseurs du judaïsme, Abraham ibn Ezra est probablement plus proche de la théologie discursive de Saadia Gaon, qui est sa source principale, que de la véritable recherche philosophique de ses successeurs, dont Moïse Maïmonide. Sa doctrine tient donc du Kalam juif, fortement influencé par le néoplatonisme et l’astrologie.

Il considère ainsi que seul le monde inférieur fut créé (le monde supérieur et les anges étant co-éternels à Dieu), que Dieu ne connaît que les espèces, pas les individus, et que sa providence ne s’adresse elle aussi qu’aux espèces, par la médiation des corps célestes ; toutefois, les individus ayant développé leur âme et leur intellect peuvent prévoir les influences néfastes causées par les sphères célestes, et en conséquence les éviter.

Outre les considérations philosophiques affleurant par endroits dans sa poésie, et les excursus qu’il s’autorise dans son commentaire biblique lorsque le sujet s’y prête, comme Ecclésiaste 7:9, deux œuvres d’Ibn Ezra peuvent être considérées comme spécifiquement philosophiques.

Yessod Mora .

Le Yessod Mora (Base de la Révérence) est un livre sur la division et le sens des prescriptions bibliques. Rédigé en 1158, il a été édité pour la première fois en 1529.

Le livre s’ouvre sur un passage en revue des sciences pratiquées par les Juifs de son temps, sans faire la distinction entre savoirs traditionnels, à savoir la massore, la grammaire hébraïque, la Bible et le Talmud, et profanes, à savoir la « science des astres » (hokhmat hamazalot), la « science des mesures » (hokhmat hamiddot), la « science de l’esprit » (hokhmat hanefesh), « le produit des cieux » (toledet hashamayim) et, enfin, la « balance de toute science » (hokhmatha mivta). Ibn Ezra semble y inclure une forme de spéculation ésotérique (sod hamerkava, shiour qoma), acceptable si elle est abordée proprement. Toutes ces sciences sont nécessaires à la bonne compréhension des problèmes qui se posent aux Juifs.

Il explique dans les chapitres comment différencier les groupes dans lesquels doivent être classés les commandements, traite des commandements limités à un groupe d’individus (prescriptions n’incombant qu’aux prêtres, prescriptions relatives aux offrandes, limitées aux mâles, etc.). Après avoir éliminé de la sorte les commandements particuliers, il aborde, dans le cinquième chapitre, les commandements absolus, valables en tous lieux et en tous temps, que la raison connaissait avant la Révélation. De la sorte, Ibn Ezra peut conclure en affirmant que le judaïsme contient en son cœur les principes universels de la raison.

Hayy ben Meqitz.

Hayy ben Meqitz est un récit en prose rimée, dédié à Samuel ibn Jam’. Il a été édité parmi les poèmes d’Ibn Ezra par David Kahana à Varsovie en 1894. Rédigé dans la veine du Hayy ibn Yaqzan d’Avicenne, dont Ibn Tufayl et d’autres ont déjà produit leurs propres versions, il s’agit d’une allégorie philosophique, où le narrateur rencontre Hayy et est mené par lui à la fontaine de vie puis au travers des huit royaumes (les huit planètes) avant de le faire pénétrer dans le monde angélique. Hayy lui explique alors qu’il ne peut voir l’Un, mais que s’il continue dans ses pas, il parviendra à Le connaître, voire à Le voir.

Bien qu’entremêlé de versets bibliques qui le rendent familier à un lectorat juif, Hayy ben Meqitz est l’œuvre la moins spécifiquement juive d’Ibn Ezra, comportant même des connotations quelque peu chrétiennes. Il semble en revanche fort imprégné d’esthétique néoplatonicienne.

Ouvrages sur la science des astres.

La « science des astres, » qui regroupe chez Ibn Ezra tant l’astronomie que l’astrologie, les mathématiques et l’étude du calendrier hébraïque, joue un rôle central tant dans ses conceptions que dans ses œuvres.

Traités d’astrologie.

L’astrologie occupe une place centrale dans l’œuvre et la pensée d’Abraham ibn Ezra, qui mesure à l’aune de celle-ci la prédestination et le libre-arbitre. C’est également une explication astrologique qu’il fournit à plusieurs prescriptions bibliques, dont les offrandes.

Il a écrit plusieurs traités d’astrologie, composés pour la plupart à Béziers en 1146, couvrant l’ensemble de ses domaines (horoscope, astrologie médicale, profil astrologique, etc.), et formant ensemble une véritable encyclopédie de l’astrologie. Ils sont basés sur le Tetrabiblos de Claude Ptolémée et d’autres auteurs hindous, persans et arabes.

Le premier et plus connu de ces traités est le Reshit Hokhma, traité en dix chapitres, où Ibn Ezra décrit les fondements de l’horoscope. Traduit une première fois en français en 1273 par Hagin le Juif, sous le titre de Commencement de Sapience, il l’a été en anglais par Raphael Levy et Francisco Cantera, sur base d’un manuscrit et de cette première traduction28. Une seconde traduction française a été réalisée en 1977.

Ce livre est complété et approfondi par le Sefer HaTeamim, dont il existe une version courte et une version longue. Les deux versions ont été éditées, en 1941 et 1951 respectivement. D’autres traités ont été édités par Yehouda Leib Fleischer, entre 1932 et 1939, et par Meir Bakkal en 1971.

Pour Ibn Ezra, le monde se divise en un étage spirituel, un étage céleste et un étage sub-lunaire. Ce dernier est tout entier gouverné par les astres, bien que l’homme puisse, par sa connexion avec le divin, les influer. Si Ibn Ezra est assez prudent dans ses commentaires bibliques pour laisser entendre qu’il n’y a pas d’astre dirigeant Israël, en conformité avec le Talmud, il affirme dans ses écrits astrologiques que l’influence des astres est universelle.

Traités d’astronomie.

Le principal traité d’astronomie d’Abraham ibn Ezra est le Keli ha-nekhoshet, un traité sur l’astrolabe en 36 chapitres, édité par Edelmann, en 1845.
Ibn Ezra a en outre traduit de l’arabe les explications de Muhammad bin Almatani aux tables astronomiques d’Al-Khawarizmi, sous le titre de Taamei Louhot al-Khwarizmi, et un livre de Mashallah sur les éclipses du soleil et de la lune.

Traités mathématiques.

Les mathématiques constituent aux yeux d’Ibn Ezra la base fondamentale de la science des astres. Il y a consacré deux traités, le Sefer haekhad et le Sefer hamispar.

Le Sefer haekhad est un livre purement mathématique en neuf chapitres, sur les particularités des chiffres de 1 à 9, et leurs fonctions.

Le Sefer hamispar (Lucques 1146), est un ouvrage d’arithmétique en sept chapitres sur la multiplication, la division, l’addition, la soustraction, les proportions et les racines carrées. Il s’agit de l’un des premiers livres introduisant le système décimal d’al-Khwarizmi en Occident.

Autres

Le Sefer ha-‘ibbour (éd. Halberstam, 1874) est un livre sur l’intercalation d’un mois embolismique dans le calendrier hébraïque. Abraham ibn Ezra y traite également des lois générales du calendrier.

Shalosh she’elot est un responsum rédigé à Narbonne en 1139 en réponse à trois questions de David Narboni sur la chronologie.

Influence.

Ainsi que l’a prouvé Shlomo Sela, l’influence d’Ibn Ezra en la matière a été si importante qu’elle a motivé les questions adressées par les Juifs de Provence un siècle plus tard à Moïse Maïmonide, pour connaître ses positions sur le sujet31, que le Sage dépréciait particulièrement.

Le cratère lunaire Abenezra a été nommé en son honneur.

Poésie.

Abraham ibn Ezra a composé des poèmes religieux et profanes, qui vont des chansons à boire aux chants d’amour et aux devinettes. Dans l’esprit de son temps, il fonde sa poésie sur la bonne connaissance de la philologie hébraïque, et fustige le style des anciens payytanim (poètes liturgiques), à l’exception notable de Saadia Gaon.

La plupart des poèmes d’Ibn Ezra, y compris Hayy ben Meqitz, ont été recueillis dans ses Diwan (260 pièces), édités par I. Egers à partir du seul manuscrit en existence. David Rosin a également réalisé une compilation et traduction d’autres poèmes non inclus dans les Diwan33. Ils ont également été édités avec une introduction et des notes par David Kahana en 2 volumes (Varsovie, 1894).
Juda al-?arizi34 dit des poèmes d’Ibn Ezra qu’ils « apportent de l’aide en temps de besoin, et la pluie en temps de sécheresse. Toute sa poésie est élevée et admirable dans son contenu. » Pour Leopold Zunz, il a démontré le fossé qu’il y a entre piyyout (poésie liturgique) et poésie profane.

Parmi ses pièces les plus célèbres figurent le Ki eshmera shabbat, une zemira (chant de chabbat), et un épigramme pour excuser son éternelle indigence : « Si je faisais le commerce des bougies, le soleil ne se coucherait pas, si je vendais des linceuls, personne ne mourrait. »

reférences : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_ibn_Ezra

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