© 2009 AFP (Ishara S. Kodikara)
Les 42 petits Etats insulaires de la planète, particulièrement exposés au dérèglement du climat et à la montée des océans, ont réclamé lundi le droit à la survie, à la veille du sommet sur le réchauffement, mardi, au siège des Nations unies. Les 42 petits Etats insulaires de la planète, particulièrement exposés au dérèglement du climat et à la montée des océans, ont réclamé lundi le droit à la survie, à la veille du sommet sur le réchauffement, mardi, au siège des Nations unies.
Eparpillés sur tous les océans et regroupés au sein de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), ces pays comptent faire entendre leur voix à moins de 100 jours de la conférence de Copenhague qui devra sceller, en décembre, un nouvel accord multilatéral de protection du climat.
Dans sa déclaration finale adoptée à l’unanimité, le sommet auquel ont pris part une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance, « exige que la hausse de la température mondiale soit maintenue bien en dessous de 1,5 degrés celsius ».
« 1,5 pour nous c’est déjà un compromis. Nous sommes face à une possibilité de génocide », a martelé le Premier ministre de Grenade Tillman Thomas dont le pays préside l’AOSIS, en faisant valoir que le gain de 0,8 degrés en un siècle exposait déjà les îles les plus au ras des flots à de graves menaces: érosion des côtes, inondations, blanchiment des coraux et multiplication d’événements extrêmes, plus fréquents et plus soutenus.
L’île de Kurumba, le 12 novembre 2007 aux Maldives
Avant lui, en ouverture du sommet, le président des Maldives Mohamed Nasheed avait évoqué des « meurtres de masse » à venir: « Ma fille a sept ans, elle ne pourra plus vivre dans son pays ni quantité d’autres gens si nous dépassons le degré et demi ».
En revanche, la déclaration lue par M. Thomas n’appelle plus les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz a effet de serre de 45% en 2020, comme le projetait le communiqué distribué en ouverture des travaux.
Les petits Etats insulaires ont également insisté sur la nécessite d’accorder, dans le futur accord, une place importante aux capacités d’adaptation des pays vulnérables comme les leurs à la nouvelle donne climatique.
Cet aspect doit figurer à part égale avec la réduction des émissions polluantes, et même faire l’objet d’un « arrangement spécial », jugent-ils en réclamant des moyens financiers a la hauteur mais sans avancer de chiffres, estimant qu’il pourrait s’agir d’un « certain pourcentage du PIB » mondial.
Le Premier ministre de Grenade, Tillman Thomas, le 17 avril 2009 à Port of Spain, capitale de Trinité-et-Tobago
Pour ces petits Etats sur « la ligne de front du changement climatique », comme le soulignait le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, un échec a Copenhague n’est tout simplement pas une option.
Mais juguler la hausse du thermostat mondial sous les 1,5 est un objectif hautement ambitieux, qui supposerait que les émissions cessent de grimper dès 2015 pour plonger ensuite de moins 85% en 2050. A ce stade, les objectifs de réduction annoncés par les pays industrialisés restent loin du compte et les dernières prévisions des scientifiques conduisent plus sûrement a une hausse de +3 degrés.
En juillet, les huit pays les plus industrialisés et les 17 principales économies émettrices de gaz à effet de serre, réunis dans le Forum des économies majeures (MEF), avaient reconnu la nécessité de limiter la hausse des températures à 2°C.
Mais pour les petits Etats insulaires, viser les 2°C « revient à proclamer leur extinction », estimait lundi Yvo de Boer.
La France a décidé de s’associer à la réunion de lundi, même si l’objectif d’une hausse contenue à 1,5°C lui paraît un peu radical, selon son ambassadeur pour le climat, Brice Lalonde.
A ce jour, aucun des engagements pris par les signataires ne garantit le succès de Copenhague. Et c’est précisément pour réveiller des négociations qui cheminent trop lentement que Ban Ki-moon invite les chefs d’Etat à se réunir mardi au chevet du climat.
« Ce doit être un coup de clairon pour les dirigeants du monde », insiste M. de Boer.