Après un mois de polémiques autour de l’affaire Bettencourt qui ont atteint le sommet de l’Etat, le président Nicolas Sarkozy a voulu recentrer le débat sur « l’essentiel », notamment la réforme des retraites, et confirmé un remaniement ministériel en octobre, lundi sur France 2.

PARIS (AP) — Comme attendu, Nicolas Sarkozy a défendu vigoureusement Eric Woerth lundi soir dans le cadre de l’affaire Bettencourt -demandant toutefois à son ministre du Travail d’abandonner son poste de trésorier de l’UMP. Sans faire d’annonces, le chef de l’Etat a passé en revue les axes majeurs de sa politique, à commencer par la réforme des retraites, lors de son intervention télévisée sur France-2.

L’affaire Woerth-Bettencourt, qui a placé l’exécutif dans la tourmente depuis plus de trois semaines, a été longuement abordée par le président lors d’une émission spéciale d’un peu plus d’une heure sur la chaîne publique.

Nicolas Sarkozy, qui avait déjà affiché son soutien à son ministre à plusieurs reprises, n’a fait qu’une concession, disant son « souhait » que celui-ci abandonne ses fonctions de trésorier de l’UMP, pour se consacrer « exclusivement à la réforme des retraites ».

En outre, le chef de l’Etat a annoncé qu’il allait demander à une « commission » composée de représentants de toutes les familles politiques de réfléchir « dès la semaine prochaine à la façon dont on doit ou non compléter ou modifier la loi » en vue d’éviter à l’avenir tout risque de conflit d’intérêts.

Faisant référence au rapport de l’Inspection générale des finances rendu public dimanche soir, M. Sarkozy en a déduit qu’Eric Woerth « est donc lavé de tout soupçon ».

Selon lui, une « campagne (de) calomnie » a été déclenchée pour faire obstacle à la réforme des retraites.

« Il y a quatre ans, au moment où j’ai pris la présidence de l’UMP, j’ai eu affaire à l’invraisemblable histoire Clearstream, et voilà qu’avec la réforme des retraites, on me décrit comme quelqu’un qui, depuis vingt ans, irait chez Mme Bettencourt, pour ramasser des enveloppes: c’est une honte », s’est-il indigné, faisant référence à des allégations attribuées à l’ancienne comptable de la milliardaire Liliane Bettencourt par le site d’information en ligne Mediapart.

Le président a ensuite consacré une longue séquence à défendre sa réforme des retraites, qui doit être présentée mardi matin en conseil des ministres. Sur le sujet, le gouvernement restera « à l’écoute » jusqu’à l’automne, a-t-il assuré.

« Je ne dis pas: c’est à prendre ou à laisser », a déclaré M. Sarkozy, laissant entendre que le texte pouvait encore évoluer sur certains points, tout en restant ferme sur le recul de l’âge légal de départ en retraite à 62 ans: « nous n’y toucherons pas », a-t-il répété.

Quant au calendrier prévu, il sera respecté, a-t-il assuré, évoquant un vote du texte par le Parlement en octobre, qui sera suivi comme prévu d’un remaniement du gouvernement, laissant entendre qu’il s’agirait d’une « équipe resserrée ».

Le président a aussi défendu sa politique fiscale, basée, a-t-il insisté, sur le refus d’augmenter les impôts.

Il a notamment déclaré que les exonérations sur les emplois à domicile et les services à la personne seraient épargnées par le programme d’économie sur les niches fiscales prévu au budget 2011, « sous réserve de quelques aménagements techniques ».

« Nous n’avons pas encore décidé exactement » quelles niches fiscales feraient les frais de l’économie de 10%, soit 7 à 9 milliards d’euros, mais « certaines seront supprimées », a précisé le chef de l’Etat lors d’un entretien sur France-2.

« D’une manière générale, il faut qu’on fasse un effort: la France ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens », a réaffirmé le chef de l’Etat, préférant ne pas parler de « rigueur » mais de « rigoureux », car « le mot ‘rigueur’ est connoté en France. Ce qui ne me fait pas peur, c’est le mot ‘rigoureux’: ça veut dire qu’on revient à l’équilibre. Je le ferai ».

Vantant par ailleurs la réduction du nombre de fonctionnaires payés par l’Etat grâce au non-remplacement d’un départ sur deux, M. Sarkozy a de nouveau suggéré que les collectivités territoriales en fassent autant. « Qu’est-ce qui empêche les régions de France d’appliquer la même règle que l’Etat? », s’est-il interrogé.

Enfin, le président a confirmé qu’il ne prendra pas la décision de se représenter ou non à la prochaine élection présidentielle avant « l’automne 2011 ».

Jean-Paul Huchon, le président PS de la région Ile-de-France, a estimé que M. Sarkozy n’avait « pas répondu ce soir aux angoisses légitimes des Français qui sont confrontés à la crise. Alors que le chômage augmente, que les droits sociaux sont sacrifiés, que les jeunes sont stigmatisés, il a justifié sa politique économique et ses réformes injustes ». Pour lui, le chef de l’Etat n’a fait que désigner des boucs-émissaires: les fonctionnaires, l’opposition, les collectivités territoriales ». AP

COMPLEMENT D’INFORMATION.

POLITIQUE – Le chef de l’Etat était interviewé sur France 2…

Cela aura duré plus d’une heure. Nicolas Sarkozy a profité de l’interview donnée à David Pujadas sur France 2 ce lundi soir pour répéter sa confiance à son ministre du Travail, et revenir aux dossiers qu’il considère comme les plus importants à traiter: réforme des retraites, assainissement des finances publiques, ou encore politique fiscale. Autant de dossiers qui font qu’il a un métier «difficile», mot qu’il a martelé tout au long de son intervention.

Lancé sur l’affaire Woerth-Bettencourt, le chef de l’Etat a affirmé que c’était «une honte» de l’avoir accusé d’avoir «ramassé des enveloppes» d’argent liquide chez l’héritière de L’Oréal, avant de prendre la défense de son ministre.

L’affaire Woerth, «une perte de temps»

C’est «un homme honnête, compétent, qui vient de subir la calomnie et le mensonge pendant trois semaines», et qui a «toute s »>Article originala confiance» pour mener à bien la réforme des retraites. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs ironisé sur la concomitance des révélations de l’affaire avec la mise en œuvre de cette réforme, avant de préciser qu’il avait conseillé à son ministre de démissionner de son poste de trésorier de l’UMP.

Mais le Président ne s’est pas attardé sur la question, sûrement pour prouver à quel point cette affaire «est une perte de temps» par rapport à ce que les gens attendent de lui, «une chose très simple», selon lui, les sortir de la crise.

La «nécessaire» réforme des retraites

Nicolas Sarkozy a rapidement répondu à une question de David Pujadas sur les autres «affaires» dans lesquelles ont été impliqués certains de ses ministres, en faisant l’inventaire des «avancées» qu’il avait effectuées en matière de «République irréprochable». «La France n’est pas un pays corrompu», a-t-il martelé, même si il a admis qu’il lui restait quelques «mauvaises habitudes». Le chef de l’Etat a redit qu’un remaniement ministériel aurait lieu en octobre, après la réforme des retraites, et pas avant.

Il a ensuite abordé le coeur de cette «réforme nécessaire», qui sera présentée ce mardi en Conseil des ministres, en réaffirmant le point non négociable du départ à la retraite à l’âge de 62 ans, et en soulignant que grâce à elle, il n’y avait pas de risque que la France soit engagée «dans la même spirale» que la Grèce ou l’Espagne à cause de l’état de ses finances publiques.

Une politique «rigoureuse»

Nicolas Sarkozy a ensuite redit l’importance de réduire les déficits publics via la suppression de postes de fonctionnaires. «Il faut qu’on fasse un effort. La France ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens», a-t-il asséné, appelant les collectivités territoriales, et «notamment les régions», à la «responsabilité», et à faire la même chose.

Cependant, le Président s’est refusé à employer le mot «rigueur» pour qualifier sa politique de réduction des déficits, lui préférant l’adjectif «rigoureux». «Le mot “rigueur” ça veut dire baisser les salaires, je ne le ferai pas, augmenter les impôts, je ne le ferai pas. Rigoureux ça veut dire qu’on revient à l’équilibre (des comptes publics, ndr), je le ferai».

«La fin des 35 heures»

Côté économie, le chef de l’Etat a redit qu’il se «refusait» à augmenter les impôts, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises pour ne pas faire baisser le pouvoir d’achat ou la compétitivité. La compétitivité, une obligation pour la France d’aujourd’hui selon Nicolas Sarkozy, parce que «nous vivons dans un autre monde que celui de 1950», un monde global.

La seule façon de réduire le chômage est donc de travailler davantage, selon lui, chose faite grâce aux heures supplémentaires qui ont marqué «la fin des 35 heures». Nicolas Sarkozy a ensuite égrené bon nombre de mesures déjà annoncées ces dernières semaines en matière de sécurité et d’éducation.

Enfin, le Président a réaffirmé qu’il n’avait «pas le droit d’avoir des ambitions présidentielles actuellement», pour ne pas disperser son énergie, toute entière dirigée vers l’action. Il a indiqué qu’il ne prendrait pas sa décision avant l’automne 2011.

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