Pourim sera fêté cette année le samedi 15 Mars au soir, avec la lecture de la Méguilat Esther à la fin de shabbat (vers 20 h 00), et dimanche 16 Mars.

Ce jour-là on relira en journée la Méguila, on participera au repas de Pourim, tout en veillant à ce que les pauvres de notre Communauté puissent en faire de même, en leur faisant des dons, et en envoyant à des amis des vœux de bonne fête accompagnés d’une petite corbeille avec des douceurs.

Voir le détail des règles de Pourim dans la suite de l’article.

Cet article vous donnera une vue assez complète sur la fête de Pourim tout en restant qu’un résumé.

On y apprend de nombreuses choses sur l’histoire de cette fête notamment à travers les siècles.

Au demeurant, cet article n’étant pas de source rabbinique, il est conseillé de s’en référer à un rabbin, pour vérification, pour les questions d’ordre halakhique notamment.
Pourim (hébreu : חג פורים Hag Pûrîm « Fête des sorts ») est une fête juive d’origine biblique mais d’institution rabbinique, qui commémore les événements relatés dans le Livre d’Esther.

Ceux-ci ont été vécus par les Juifs comme la délivrance miraculeuse d’un massacre de grande ampleur, planifié à leur encontre par Haman l’agaggite dans tout l’Empire perse au temps de sa splendeur.

La fête est célébrée chaque année à la date du 14 adar (qui correspond, selon les années, au milieu des mois de février ou mars dans le calendrier grégorien).

Aux pratiques traditionnelles, consignées dans le Livre d’Esther et ordonnancées par les Sages de la Mishna, se sont ajoutées diverses coutumes, notamment culinaires avec les hamantaschen et fazuelos, ainsi que des manifestations joyeuses et extravagantes comme l’encouragement à l’ébriété, l’usage de crécelles à l’évocation du nom de Haman ou les mascarades inspirées des carnavals italiens.

Pourim dans les sources juives

Livres de la période biblique

La source primaire des événements à l’origine de Pourim est la Meguilat Esther (Rouleau d’Esther), dernier Livre de la Bible hébraïque à avoir été canonisé, dont la rédaction peut être approximativement datée au IVe siècle AEC (1).

Selon ce récit, dont certains jugent l’historicité douteuse, le roi Assuérus prend pour femme Esther bat Avihaïl, une belle jeune femme qui tient secrètes ses origines judéennes sur les conseils de son parent Mardochée. Celui-ci sauve le roi d’un complot.

Peu après, Haman, fils de Hamedata l’agaggite, monte en faveur auprès du roi.

Outré par le fait que Mardochée ne s’incline pas devant lui alors que le protocole établi par le roi l’y oblige, il fait publier au nom du souverain et avec son accord un impôt royal impossible à payer, à prélever sur les Judéens vivant dans les 127 provinces de l’empire achéménide (où vit la quasi-totalité de la population juive de l’époque) ; en cas de non-paiement, ils seront mis à mort et leurs possessions saisies. La date d’application du décret est fixée par tirage au sort (hébreu : פור pour, cf. l’akkadien pûrû) au 13e jour du douzième mois, c’est-à-dire le mois d’adar.


Sur l’insistance de Mardochée, Esther vient trouver le roi (au péril de sa vie). Elle l’invite à un festin avec Haman sans dévoiler ses motifs et les convie à un second festin. Troublé, Assuérus se fait lire les annales royales pour occuper ses insomnies et prend connaissance de sa dette envers Mardochée. Il le récompense par des honneurs devant un Haman dépité. Lors du second festin, Esther dévoile son identité juive et le complot qui vise les siens. Haman est pendu à la potence même qu’il réservait à Mardochée et les Juifs sont autorisés à se défendre contre leurs assaillants. Après un jour de batailles (deux à Suse), les Juifs célèbrent dans l’allégresse ces retournements du sort et une fête est instituée pour les générations à venir.

Les innovations de Mardochée, devenu grand vizir du roi, ont une nature davantage sociale que religieuse : en effet, il ne demande pas d’offices de prières ni de retourner en terre d’Israël afin de réaliser quelque offrande mais de faire de grands festins, de s’échanger des colis alimentaires et de faire des dons généreux aux démunis (3).

Livres de la période tannaïtique

Suite à la décision de la Grande Assemblée, dont Mardochée lui-même aurait été membre, le Livre d’Esther devient l’un des Ketouvim et sa lecture lors de Pourim est érigée en pratique perpétuelle(4). Il est également décidé que les habitants de villes fortifiées célébreront Pourim le 15 adar en souvenir de Suse mais, afin de ne pas diminuer le statut de Jérusalem, dont les murailles sont en ruine à l’époque des faits, l’on indique que les villes définies comme ceintes de murailles devaient l’être au temps de Josué.

Les docteurs de la Mishna adjoignent à cette lecture celle du passage biblique relatant l’attaque des enfants d’Israël (ancêtres des Judéens) par les Amalécites (ancêtres de Haman) dans le désert (Exode 17:8), à lire le jour de Pourim, et la lecture d’un passage parallèle (Deutéronome 25:17-18) lors du chabbat précédant Pourim (5).

Ces lois, ainsi que celles relatives à la lecture d’autres passages de la Torah, les règles générales de lecture de la Torah et celles qui relèvent du Targoum (traduction paraphrasée du texte biblique dans la langue vernaculaire du pays, le plus souvent le judéo-araméen) font l’objet du traité Meguila de la Mishna. Les Sages enseignent aussi qu’il faut, dès l’entrée d’adar manifester sa joie(6).

Par ailleurs, une autre version du Livre d’Esther est compilée au Ier siècle AEC et incorporée dans la Septante. Plutôt qu’une traduction du texte hébraïque, il s’agit d’une nouvelle narration des événements ; elle comporte d’autres traditions (Assuérus est identifié à Artaxerxès, Haman n’est plus agaggite mais macédonien, etc.), un message « religieux » plus prononcé (la version grecque inclut une prière à Dieu, la description d’un rêve prophétique de Mardochée, etc.) et donne le détail des pièces de correspondance à peine mentionnées dans la Meguila. C’est sur la version grecque plutôt, que sur l’hébraïque, que se basent les versions coptes et éthiopiennes7. Flavius Josèphe, historien juif romanisé du ie siècle EC, préfère utiliser la version hébraïque dans sa narration des faits destinée au public romain, bien qu’il ne semble pas ignorer la version grecque, car il identifie lui aussi Assuérus à Artaxerxès8. Quant à la version latine de Jérôme, elle est une interpolation à partir de ces deux sources (7)

Livres de la période talmudique

Le Livre d’Esther fait l’objet de nombreuses interprétations et aggadot (traditions orales souvent merveilleuses ou légendaires), tant dans le Talmud de Jérusalem que dans celui de Babylone, le midrash Esther Rabba et d’autres.

Outre de nombreux embellissements, il est rappelé avec insistance que la série d’événements relatés dans le Livre d’Esther, étalés sur une période neuf ans et apparemment décousus, n’est en réalité qu’un plan divin déguisé. Le nom même d’Esther serait une allusion à ce Dieu qui Se cache et dont le Nom n’est jamais mentionné (9) (hébreu : הסתר פנים Hester panim, « voilement de la Face »).

Cette délivrance miraculeuse garantit à Pourim un prestige immense et intemporel : une tradition compare le jour de Pourim à celui du don de la Torah sur le mont Sinaï (10) et, selon les rabbins, le Livre d’Esther sera encore lu et la fête de Pourim observée aux temps messianiques, alors même que les autres Livres et fêtes seront tombés dans l’oubli (11).

Par ailleurs, de nouvelles pratiques et coutumes apparaissent : Rabbi Yehoshoua ben Levi 12 (ou Bar Kappara 13 ) rend la lecture de la Meguila obligatoire pour les femmes car c’est par une femme que le miracle est arrivé ; la lecture doit se faire non seulement la journée du 14 (ou du 15) adar mais aussi la veille de celui-ci (12). Le jour de Pourim doit être joyeux et les manifestations de deuil comme le jeûne ou l’oraison funèbre sont proscrites ; a contrario, Rava déclare que « l’on doit « se parfumer » (s’enivrer) à Pourim jusqu’à ne plus pouvoir distinguer entre « maudit soit Haman » et « béni soit Mardochée » ». Il applique si bien sa règle qu’il « tue » son invité, Rabbi Zeira, lors du festin, avant de le « ressusciter » le lendemain ; invité l’année suivante, Rabbi Zeira décline en faisant remarquer que les miracles ne se produisent qu’une fois (14). Dans un autre passage, des jeux de Pourim sont évoqués (15).

Pourim dans la littérature ultérieure

Les différents aspects de Pourim, y compris la fibre grotesque qui s’est ébauchée dans le Talmud, continuent à être développés au Moyen Âge et à l’ère moderne.

L’association de Pourim à la délivrance miraculeuse mais discrète se maintient au travers les âges. C’est ainsi que naissent les Pourim sheniim (« seconds Pourim »), célébrations locales voire familiales d’événements perçus comme une rescousse divine.

Les interprétations du Livre d’Esther se poursuivent principalement à travers deux targoumim, « traductions » araméennes qui, à l’instar de la version grecque du Livre d’Esther, réécrivent l’histoire plus qu’elles ne la racontent. Le premier Targoum date environ de l’an 700, tandis que le second lui est postérieur d’environ 900 ans. Ils incluent de nombreux ajouts comme le Josippon, rédigé au xe siècle. C’est de celui-ci qu’est extrait la partie sur le rêve de Mardochée, intégrée au corpus ancien du midrash Esther Rabba et lui donnant sa forme actuelle.

Les lois contenues dans le traité Meguila sont codifiées, notamment par Moïse Maïmonide et David Aboudarham. Ces codes mentionnent aussi diverses coutumes apparues pendant la période des Gueonim, dont celle de jeûner le 13 adar en souvenir du jeûne prescrit par Esther et celle de pendre ou brûler Haman en effigie.

Une autre coutume dérive d’une interprétation midrashique du verset Deutéronome 23:19 (« Tu effaceras le souvenir d’Amalek ») popularisée par les Tossafistes. Elle se répand au xiiie siècle depuis la vallée du Rhin à de nombreuses communautés et consiste à couvrir bruyamment toute mention du nom de Haman lors de la lecture de la Meguila, au moyen de crécelles, en tapant des pieds, en sifflant, etc.

Sous prétexte de célébrer le hester panim de Dieu, des mascarades, inspirées des carnavals romains, se développent parmi les Juifs italiens vers la fin du xve siècle et se répandent elles aussi dans de nombreuses communautés.

Ces extravagances sont diversement accueillies par les rabbins. D’autre part, les autorités chrétiennes soupçonnant les Juifs de ridiculiser Jésus par le biais de Haman, ces manifestations seront interdites à plusieurs reprises au cours des siècles (16).

Pourim sert aussi de prétexte au développement du genre parodique dans ma littérature juive. Au xiie siècle, Menahem ben Aaron rédige l’Hymne pour la première nuit de Pourim, une chanson à boire d’esprit fort éloigné de la liturgie mais néanmoins incluse dans le Mahzor Vitry. La littérature parodique prend cependant véritablement son essor au xive siècle avec, notamment, la Massekhet Pourim (« Traité de Pourim ») de Kalonymos ben Kalonymos et la Meguilat Setarim de Léon Halévi, qui consignent les licences et dérives de Pourim sur le ton du Talmud ; Léon Halévi y adjoint même des pseudo-commentaires de Rachi et des Tossafistes (17,18).

C’est dans un esprit similaire que sont développés les Purimspielen en Roumanie, au xviiie siècle. Racontant l’histoire d’Esther d’une manière burlesque et frivole, ils sont joués sur les places publiques, car jugés trop inconvenants pour l’être dans les synagogues. Les spielen sont également fréquents dans les académies talmudiques, où les doyens demandent néanmoins de conserver une certaine étiquette (19).

Observance de Pourim dans le judaïsme rabbinique

Statut de Pourim

Pourim est célébré le 14 adar, d’un coucher de soleil à l’autre, en terre d’Israël comme en Diaspora, dans les villes qui n’étaient pas fortifiées à l’époque de Josué.

Les habitants de ces villes fortifiées, dont Jérusalem, célèbrent le Pourim de Suse qui a lieu le jour suivant (20). Cette situation donne lieu, lorsque le Pourim de Suse a lieu à chabbat, au Pourim meshoulash (« Pourim tripartite »), où les célébrations sont réparties sur trois jours.

Lors des années embolismiques, où un second mois d’adar, dit adar beth ou vèadar est intercalé dans le calendrier, Pourim est célébré le 14e jour de ce second mois (21). Les 14 et 15 adar du premier mois fait l’objet de quelques manifestations de joie, appelées Pourim katan (22).

Bien que ce jour soit qualifié de yom tov dans le Livre d’Esther (9:19), il n’a pas le caractère saint du chabbat ni des autres fêtes bibliques, n’est pas chômé et ne possède pas de rituel sacrificiel propre (c’est-à-dire, en l’absence de Temple, pas d’office de prière supplémentaire). Cependant, les activités professionnelles et, plus généralement, tout ce qui pourrait empêcher de se réjouir en ce jour, sont découragées voire, en certains endroits, restreintes (23) et les marques publiques de deuil sont interdites. Il est recommandé de revêtir ses habits de fête et de dresser sa table comme pour un chabbat (24).

Les quatre grandes coutumes de Pourim

Lecture de la Meguila

Réalisée afin de publier le miracle, la lecture de la Meguila (hébreu : מקרא מגילה Mikra Meguila), soir et matin (24), est une obligation pour tous, hommes et femmes ; il est préférable de le faire à la synagogue (25) et recommandé d’y amener les enfants n’ayant pas encore atteint leur majorité religieuse, pour autant qu’ils ne perturbent pas leurs parents lorsqu’ils écoutent la lecture (26).

La lecture se fait dans un rouleau manuscrit (et non dans une édition imprimée) dont les lettres sont toutes lisibles (27). Au vu de la coutume fortement répandue de réagir bruyamment à toute mention du nom de Haman, le plus souvent en agitant une crécelle de Pourim (hébreu : ra’ashan, yiddish : gregger, du polonais grzégarz), la personne qui lit la Meguila marque une pause à ces moments (28). Cette coutume de siffler Haman possède ses défenseurs (29) et ses détracteurs (30).

Bien que la prescription d’écouter la Meguila concerne les femmes et que certaines autorités médiévales estiment qu’elles devraient pouvoir la lire, ce n’est pas l’usage, à l’exception de certaines communautés orthodoxes modernes où la lecture se fait toutefois dans un cercle exclusivement composé de femmes (31).

Festin de Pourim

Il est de coutume de célébrer Pourim par un festin joyeux (hébreu : משתה ושמחה Mishte vesimha) la veille et le jour du 14 adar (32). Le fait de manger et boire à satiété prend une telle importance qu’il a, selon certaines autorités, préséance sur le troisième repas de chabbat (lorsque Pourim a lieu un dimanche) (32). Certains ont coutume de faire précéder le festin par une étude de la Torah ou, à tout le moins, quelques mots (32).

« Le miracle s’étant effectué par le biais du vin, » celui-ci et les boissons enivrantes en général y tiennent une place privilégiée (33). La sentence de Rava de « se « parfumer » jusqu’à ne plus pouvoir distinguer entre « béni soit Mardochée » et « maudit soit Haman » »14 a cependant suscité des interprétations diverses parmi les autorités médiévales et ultérieures : si le Hatam Sofer et d’autres sont partisans d’une application littérale de la sentence de Rava, incluse telle quelle dans le code de Yossef Karo, le Rem »a amende la position de ce dernier en reprenant les termes de Maïmonide qui explique que l’on peut s’en acquitter en buvant un peu plus que d’habitude avant de s’endormir car dans cet état, il y a peu de risques pour que l’individu distingue entre les deux phrases34. D’autres suggèrent de boire en quantité raisonnable ou plus modérée35 et certains découragent l’intoxication chez les individus sensibles pour des raisons d’étiquette (33).

Envoi de colis

L’envoi de colis alimentaires (hébreu : משלוח מנות Mishloah manot)
incombe à toute personne ayant atteint la majorité religieuse (12 ans pour les filles, 13 pour les garçons), y compris les endeuillés (36). Il faut, pour s’en acquitter, envoyer au moins deux plats prêts à être consommés à une personne (37) le jour de Pourim même (32) (les femmes envoient aux femmes, les hommes aux hommes (38)).

Dons aux démunis

La prescription des dons aux démunis (hébreu : מתנות לאביונים matanot laèvyonim) nécessite de faire un don à deux pauvres au moins ; elle a priorité sur le mishloah manot car la réjouissance des pauvres revêt, selon la tradition, une importance particulière devant Dieu (37). Comme le mishloah manot, elle concerne les hommes et les femmes (38), les endeuillés36 et même les pauvres (39). Il convient de ne pas faire de distinction entre ceux-ci et toute personne prête à accepter le don peut en bénéficier, y compris un non-Juif (39).

Il est de coutume de donner le soir de la lecture de la Meguila une somme équivalente à trois fois la moitié de l’unité de monnaie locale, en souvenir de la prescription du mahatsit hasheqel, prélevé en adar pour les besoins du culte dans le Temple. Bien que cet argent n’ait pas de rapport immédiat avec Pourim, il est redistribué aux pauvres (il n’acquitte cependant pas du matanot laèvyonim) (40).

Lorsque le 15 adar a lieu un chabbat, ces dons doivent être réalisés avant le chabbat, afin de permettre aux pauvres d’en profiter.

Liturgie de Pourim

«  Nous te sommes aussi reconnaissants »>Article original pour les miracles, la rédemption, les haut-faits, les actes salvateurs, les merveilles, les consolations et les batailles que Tu as faits pour nos pères en ces jours et »>Article original en ce temps, au temps de Mardochée et Esther dans Suse la capitale, lorsque Haman le mauvais s’est élevé contre eux, qu’il a demandé de détruire, tuer et perdre tous les Juifs, jeunes, vieux, femmes et enfants en un jour, le treizième jour du douzième mois qui est le mois d’adar, et de piller leurs biens. Toi, dans Ta grande miséricorde, Tu as anéanti son conseil, corrompu ses pensées et Tu lui as renvoyé son salaire à la tête. On l’a pendu avec ses fils à l’arbre ».

Texte du ’Al Hanissim de Pourim (41).

La liturgie de Pourim se distingue de celle des jours ordinaires par le Psaume 22 récité après la lecture de la Meguila, car il contient, selon les rabbins, de nombreuses allusions à la reine Esther à l’heure de sa détresse, alors qu’elle s’apprête à se présenter devant le roi. On y ajoute, comme à Hanoucca, une bénédiction spécifique intitulée Al Hanissim afin de louer Dieu pour les miracles qu’Il a réalisés en faveur des Juifs. Cependant, à la différence de Hanoucca, on ne récite pas le Hallel car ces miracles n’ont pas eu lieu en terre d’Israël ; on ne lit cependant pas non plus le Tahanoun (office de supplications) (42).

Al HaNissim

La bénédiction Al Hanissim s’intercale dans la bénédiction de hoda’a (« reconnaissance de la majesté divine »>Article original ») de la ’Amida (la prière principale des offices du matin, de l’après-midi et du soir) et lors du Birkat Hamazon (bénédiction après les repas) (43).

Elle tire son nom de ses premiers mots, al hanissim («  Nous Te remercions »>Article original pour les miracles ») et est suivie d’un bref récit du récit de Pourim.

Lecture de la Torah

Une lecture publique est faite, lors de l’office du matin de Pourim, du passage Vayavo Amalek (« Vint Amalek » – Exode 17:8-16). Le caractère perpétuel de la lutte entre Israël et Amalek est ainsi souligné. Cette lecture est suivie de celle de la Meguila.

Autres coutumes de Pourim

L’exécution de Haman

Une coutume de brûler Haman en effigie, selon une cérémonie analogue à la Guy Fawkes Night, apparaît au ve siècle. On en trouve diverses variantes en Babylonie pendant l’ère des Gueonim et en Italie, où l’effigie de Haman est brûlée au terme d’un défilé mi-solennel mi-burlesque. À Francfort-sur-le-Main, des maisons de cire sont confectionnées, figurant Haman, son épouse Zeresh, son bourreau et des gardes. La maison, placée sur la bimah (estrade d’où se conduit l’office), est brûlée avec ses occupants dès le début de la lecture de la Meguila.

Ces manifestations, maintes fois découragées voire interdites, disparaissent progressivement au xxe siècle.Elles ne survivent de nos jours qu’à travers quelques groupes de Neturey Karta farouchement antisionistes qui brûlent le drapeau d’Israël à Pourim, en souhaitant la chute de l’état sioniste, dont les dirigeants sont considérés comme descendants d’Amalek (44).

Parades et mascarades

Apparues au xve siècle, les mascarades sont devenues l’une des manifestations les plus caractéristiques et populaires de Pourim. Censées célébrer le hester panim de Dieu, elles sont en réalité plus proches des carnavals romains qui les ont vraisemblablement inspirées.

L’attitude des rabbins a été partagée quant au degré de licence tolérable, notamment vis-à-vis des déguisements transgressant la prohibition biblique du travestissement (Deutéronome 22:5) (45,46,19).

En Israël, les mascarades se développent en véritables festivals, les Adeloyada (parades costumées à thème). Inaugurées à Tel Aviv en 1912, elles se sont propagées à d’autres villes depuis (47).

Purimspielen

Bien que le Livre d’Esther ait été adapté à la scène par plusieurs auteurs juifs, c’est au xviiie siècle que se développent véritablement les Purimspielen qui font la part plus belle à la farce qu’à l’histoire. Jugés trop inconvenantes pour être représentés dans les synagogues, ces pièces qui préfigurent le théâtre yiddish ne tardent pas à varier les thèmes et à s’affranchir de fête de Pourim (48).

De nos jours, des Purimspielen continuent à être joués par les Hassidim de Bobov à New York, par la troupe du théâtre de Varsovie, etc.

Chants de Pourim

Le répertoire de Pourim traditionnel prend sa source dans les versets du Livre d’Esther et les passages des Talmuds avec, notamment, Chochanat Yaakov, OuMordekhaï yatza, Mishenikhnas adar et Hayav einich49. Des comptines pour enfants davantage basées sur l’aspect culturel et les coutumes de Pourim, parmi lesquelles Hag Pourim, Ani Pourim, Ehad shtaïm shalosh ani Ahashverosh, etc., s’y sont récemment ajoutées.

Plats de Pourim

Durant Pourim, il est de coutume de manger des pâtisseries triangulaires fourrées (traditionnellement, au pavot ou à la marmelade) dont il existe plusieurs variantes à travers le monde juif : Hamantashen (yiddish : « Poches de Haman ») chez les ashkénazes, fazuelos chez les séfarades, orrechi d’Aman en Italie, etc.

Il existe également, parmi les Juifs originaires d’Europe de l’Est, un aliment apparenté mais différent, servi dans la soupe, farci de viande, foie ou poulet, appelé Kreplach et consommé toute l’année mais plus encore à Pourim.

Observance de Pourim dans le karaïsme

Les Karaïtes, adeptes d’un courant qui reconnaît l’autorité de la Bible hébraïque mais non celle du Talmud en matière de Loi juive, n’ont pas de coutumes unifiées en ce qui concerne les Yemei HaPourim (« jours des sorts »). Ils ont, en vertu de l’interprétation de chacun, lieu ou non à la même date que celle du calendrier rabbinique (50).

La Meguila est lue à la fin des deux chabbat qui précèdent Pourim, ce qui pourrait être une réminiscence de l’ancienne coutume de la lire depuis le début du mois d’adar jusqu’au 15e jour de ce mois (51).

De nombreuses communautés karaïtes auraient célébré les Yemei HaPourim par des jeûnes de deux ou 70 jours en souvenir des persécutions de Haman (52). Toutefois, les coutumes de l’ancienne communauté cairote semblent avoir été sensiblement similaires à celles de leurs voisins rabbanites : ils la surnommaient Eid Al-Maskharah (« fête de la mascarade ») et confectionnaient des wedan hjmdn (« oreilles de Haman »). Ils avaient par ailleurs coutume d’allumer des cierges en ces jours et les jugeaient propices aux annonces de mariage (53).

Pourim et le solstice d’hiver

Les célébrations de Pourim ressemblent fortement aux célébrations du solstice d’hiver, dont les Sacaea babyloniens et le Norouz iranien. On y célèbre la victoire du nouvel an sur l’ancien en élisant une reine d’un jour, en distribuant des dons aux pauvres et en s’adonnant à diverses extravagances. Certains n’ont d’ailleurs vu dans le Livre d’Esther qu’un prétexte pour justifier l’adoption de pratiques non-israélites2, (54,55).

Notes et références

1. NIV Study Bible, Introductions to the Books of the Bible, Esther, Zondervan, 2002

2. a et b Emil G. Hirsch, John Dyneley Prince & Solomon Schechter, Esther  archive »>Article original in Jewish Encyclopedia, éd. Funk & Wagnalls, New York 1901-1906

3. Esther 9:22

4. T.B. Meguila 2b

5. Mishna Meguila 3:4

6. Mishna Taanit 4:1 ; cf. R’ Shlomo Ganzfried, Kitsour Choulhan Aroukh chapitre 141, §1 (141:1)

7. a et b George Lyons, Additions to Esther, Wesley Center for Applied Theology, 2000

8. William Whiston, The Works of Flavius Josephus, the Learned and Authentic Jewish Historian, Milner and Sowerby, 1864, édition en ligne de l’université de Harvard, 2004

9. T.B. Houllin 139b

10. T.B. Chabbat 88a ; cf. Mordekhaï sur Baba Kamma ix.

11. T.J. Meguila 5a ; cf. Maïmonide, Yad, Hilkhot Meguila 3:18

12. a et b T.B. Meguila 4a

13. T.J. Meguila 2:5

14. a et b T.B. Meguila 7b

15. T.B. Sanhédrin 64b

16. cf. Schudt, Jüdische Merkwlirdigkeiten, vol. ii. 309, 317, Francfort-sur-le-Main 1714

17. J. Jacobs & I. Davidson, Parody  archive »>Article original, in Jewish Encyclopedia, ed. Funk & Wagnalls, New York, 1901-1906

18. R. Gottheil & M.L. Bamberger, Leon Ha-Levi  archive »>Article original, ibid.

19. a et b R’ Eliyahu Kitov, The Festive Purim Meal: Seudat Purim  archive »>Article original, Union of Orthodox Jewish Congregations of America, accessed 16 mars 2006.

20. K.C.A. 141:3

21. T.B. Meguila 6b

22. K.C.A. 142:10

23. Choulhan Aroukh Orah Hayim, 696 ; voir aussi K.C.A. 142:8

24. a et b K.C.A. 141:4

25. ibid. 141:9

26. ibid. 141:7 ; cf. 141:13

27. ibid. 141:15

28. ibid. 141:13

29. (he) Ephraïm Greenblatt, Rivevot Ephraïm sur Orah Hayim, tome 7, ch. 347  archive »>Article original

30. (he) A. Arend, Méthodes pour diminuer le bruit à l’évocation du nom de Haman  archive »>Article original, in Daf shevoui n°383, Université de Bar Ilan, 2001

31. Frimer, Ariyeh, Women’s Megilla Reading  archive »>Article original, 2003

32. a, b, c et d K.C.A 142:5

33. a et b ibid. 142:6

34. Cf. Choulhan Aroukh Orah Hayim 695 et glose du Rem »a ad. loc.

35. cf. Beer HaGola, Maguen Avraham, Mishna Beroura etc. sur C.A. O.H. 695

36. a et b K.C.A. 142:7

37. a et b ibid. 142:1-2

38. a et b ibid. 142:4

39. a et b ibid. 142:3

40. ibid. 141:5 & 142:5

41. (he) Siddour Tefila lèH’ limot ‘hol, pp. 73-74 éd. Yahalom, Jérusalem

42 Siddour Tefilat kol pè (rite sfard), édition Eshkol, Jérusalem, p. 300

43. K.C.A. 141:6

44. Célébration antisioniste de Pourim  archive »>Article original, consulté le 14 avril 2010

45. Juda Minz, responsum n°17, cité dans la glose du Rema sur C.A. Orah Hayim 696:8

46. Isaïe Horowitz, Shnei Louhot haBerit, 261b

47. Encyclopedia Judaica, 2008 lire en ligne  archive »>Article original« >Article original, « Adloyada »

48.G. Deutsch & H. Malter, Purim plays  archive »>Article original, ibid.

49. Chants de Pourim  archive »>Article original sur Aish.com, consulté le 14 avril 2010

50. Cf. Calendriers pour les années 2008 à 2010  archive »>Article original, consulté le 13 avril 2010

51. Isidore Singer & Ludwig Blau, The Five Megillot  archive »>Article original in Jewish Encyclopedia

52. Kaufmann Kohler & Abraham Harkavy, Karaites and Karaism  archive »>Article original, in Jewish Encyclopedia, éd. Funk & Wagnalls, New York 1901-1906

53. Mourad el-Kodsi, The Karaite Jews of Egypt From 1882-1985 : Purim  archive »>Article original, consulté le 13 avril 2010.

54. The Judaic tradition » Jewish myth and legend » Sources and development » Myth and legend in the Persian period  archive »>Article original in Encyclopaedia Britannica, consulté le 15 avril 2010

55. Salomon Reinach, Le Roi supplicié  archive »>Article original in L’Anthropologie (1902)

Source

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « PURIM » par Kaufmann Kohler & Henry Malter, une publication tombée dans le domaine public.

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Armand Maruani

 » orrechi d’Aman en Italie, etc. »

En Tunisie aussi on mangeait les  » oreilles d’Aman  » . J’en garde un excellent souvenir avec les pétards et déguisements dans une ambiance joyeuse . Notre quartier se transformait en foire . Une fête magnifique et inoubliable .