Les agressions antisémites contre les biens et les personnes se succèdent, en France et en Europe, les unes aux autres comme une litanie. Ils sont recensés méthodiquement chaque jour, chaque mois, chaque année. Il est même établi des comparaisons d’une période à l’autre et des courbes avec des cycles ondulatoires.
De temps à autre les projecteurs sont braqués sur ces agressions lorsqu’elles sont plus violentes que d’autres obligeant les politiques à monter en première ligne tout grimés pour l’occasion aux fins de les dénoncer et les condamner. Certains parmi eux et des spécialistes de « la chose antisémite » sont devenus des fins consommateurs de la casuistique antisémite. Ils procèdent par sélection ou par tri par exemple la parole ou le graffiti antisémite n’est point grave. Ils relèvent tous deux de la liberté d’expression ou du graphisme artistique. A laisser trop faire ou trop dire sur les tréteaux de théâtres, sur les radios, télévisions, dans les journaux et surtout sur les réseaux sociaux la haine du juif s’est banalisée au point de ne plus inquiéter sérieusement. L’indifférence et l’apathie l’emportent sur la défense de la dignité de l’homme. N’a-t-on pas rapporté lors d’une émission de télévision qu’un journaliste a justifié le meurtre de jeunes écoliers juifs français parce que les israéliens tuaient aussi des jeunes palestiniens? Dès lors, avec des raisonnements spécieux et des propos cyniques il ne faut plus s’étonner de la grande perméabilité d’une frange de notre société à l’égard de la haine du juif. Pour preuve, le résultat record du FN aux élections européennes.

Les ratonnades, les pogroms, les pendaisons, les fusillades, les bombes, les tortures comme les camps d’extermination ont été précédés par des paroles de la négation existentielle du juif. N’oublions pas que le monde s’est tu et Auschwitz s’est dressé au bout du silence.

Ce silence est malheureusement présent et prégnant après quelques paroles d’indignation survenant après une agression physique contre des juifs, aussi fugaces que des étoiles filantes. Le respect de l’Autre est devenu à géométrie variable. Des politiques sans foi et sans scrupules, lors d’une campagne électorale départementale ont utilisé sans état d’âme le conflit israélo-palestinien pour s’attirer des voix, incitant par là-même à la haine du juif. Ils font feu de tout bois. C’est le cas de le dire puisque des barbares ont mis le feu à une synagogue de la banlieue parisienne.

Aujourd’hui, de sinistres clignotants s’allument et nous rappellent avec insistance que dans le monde de la haine rien n’est rationnel. Et, surtout pas l’horreur. Nous, juifs revendiquons haut et fort la qualité de victimes quand un des nôtres est sujet de la haine de l’Autre.

Je reconnais à celui qui se prétend différent de moi, le droit de ne pas m’aimer. Mais je revendique à tout le moins qu’il me respecte puisque j’appartiens comme lui à la même famille des humains à moins qu’il s’en est exclu lui-même…

Toutefois, je serais tenté comme d’autres de me poser la question mais que nous reproche-t-on ? Par cette malicieuse interrogation devrions-nous conclure que les antisémites de tous poils seraient arrivés à leur fin celle de nous inoculer le venin de culpabilité d’appartenance au peuple juif.

Rassurons-nous si besoin est de nous réconforter. L’antisémitisme existe et ce n’est point à cause des juifs. Et, je n’ai pas à rechercher les motifs morbides dont sont animés les antisémites qu’ils appartiennent à l’extrême droite ou à l’islam radical. Pourquoi aurais-je besoin de me faire des « nœuds au cerveau » pour appréhender l’inexplicable ? Rien ne peut expliquer la violence exercée contre l’Autre parce qu’il est différent. Aussi, je les laisse, je les abandonne à leur haine.

Qu’ils sachent que ma proximité de l’antisémitisme n’a fait que renforcer ma propre identité. J’aime mon peuple ici, ailleurs et en Israël par qu’il représente depuis plus de 3000 ans. Jamais le peuple juif n’a courbé l’échine, et n’a laissé à ses ennemis le choix des armes. Aussi opposons-leur « l’Etoile Jaune » posée sur notre cœur d’Homme.

André BENAYOUN

Maître de conférences en droit privé. Délégué du CRIF

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Ruth

Je suis choquée par cette conclusion pitoyable, lamentable, insupportable et plus encore irresponsable pour un délégué du CRIF.
Quelle horreur pour un professeur de droit de compromettre l’essentiel, la vie et le combat juridique pour la respecter. Tout juif doit croire en la justice et en aucun cas se complaire dans une ignominie. Vous n’avez que des considérations de perdants irresponsables qui n’ont rien à voir avec les valeurs que vous professez.
Arrêtons de reproduire le passé : coté antisémite, nous connaissons parfaitement les semblants de réthoriques.
Coté juif, votre propos déplacé a déjà été tenu par Robert WELTSCH qui lui aussi se rattacha piètrement à l’honneur plutôt qu’à la vie et à la force lorsqu’il délivra son slogan « populaire » : « Soyons fier de porter l’étoile jaune ». C’est ce que rappelle Hanna Arendt qui rajoute : « Lors du procès ( Eichmann), des témoins venus d’Allemagne évoquèrent avec émotion, ce slogan. {{ {{Personne ne fit remarquer que Robert Weltsch lui même, journaliste réputé,avait déclaré récemment qu’il n’aurait jamais lancé un pareil slogan s’il avait pu prévoir ce qui adviendrait par la suite}} }} ». Ne perdez pas votre sang froid et agissez avec les grands moyens dont vous disposez. Vous ne représentez que vous même avec ce genre de propos. Gardez-les pour vous.