Darren Aronofsky, le réalisateur de Noé, explique les partis pris, parfois surprenants, de son film.
Vous ne vouliez pas faire de Noé « une histoire de grand-mère », avez-vous dit. Pourquoi ?

Darren Aronofsky: L’arche de Noé est devenu une comptine pour enfants, un jouet même. Mais quand vous étudiez de près le texte de la Genèse, c’est une fable très noire. Cela parle de la fin du monde. C’est la première Apocalypse. Je voulais donner à l’histoire de Noé une veine intemporelle et réinventer le film biblique. Les croyants y trouveront les valeurs du récit exposées de façon moderne, les non-croyants y verront un film épique qui traite de questions philosophiques.

Il y a presque de l’heroic fantasy dans ce Noé…

Absolument. Avant le déluge, la Terre est un lieu presque magique. Il y a le Leviathan, les anges déchus, les hommes qui vivent près de mille ans… Je voulais insister sur cet aspect fantastique et mythique

Vous portez cette histoire en vous depuis que vous avez 13 ans. Qu’est-ce qui vous attire dans l’arche de Noé ?

Quand j’étais enfant, je m’identifiais à tous ceux qui n’avaient pas pu monter sur le bateau. Je me demandais si j’étais assez « bon » pour être de ceux qui sont sauvés.

Est-il facile de parler de la Bible en 2014 et vous attendiez-vous à créer une polémique ?

Cela a toujours été polémique. Quand Cecil B. DeMille a réalisé Les dix commandements, il y a eu de nombreuses manifestations contre sa démarche. Avec ces grands mythes fondateurs, le public est à la fois inquiet et curieux de ce que le cinéma en fait.

J’ai essayé d’être aussi fidèle que possible au matériau original, de lui rendre hommage comme je l’aurais fait pour n’importe quel livre. Le problème, c’est que l’histoire ne fait que quatre chapitres et il nous a fallu pallier les ellipses et donner un sens à l’ensemble.

C’est pour cette raison que vous traitez d’un sujet rarement évoqué : la question de la survie de l’humanité ?

Pourquoi Dieu aurait-il sauvé l’humanité alors qu’il est si contrarié que l’homme soit à la fois cruel envers son prochain et envers la nature ? C’est la pitié qui le fait revenir sur sa décision.

Votre version tendrait à montrer que l’homme est une plaie pour la Terre ?

Les faits sont de mon côté ! Si on regarde ce qui se passe aujourd’hui, il semblerait qu’on ait un peu gâché notre deuxième chance. Dans la Genèse, Dieu demande à l’homme d’être le gardien du jardin d’Eden dont il aura pris l’ascendance. On est très forts pour dominer la planète. Quant à la protéger, c’est moins sûr !

Noé est donc une fable environnementaliste pour vous ?

Avec évidence ! Noé construit quand même une arche pour sauver les animaux !

Il ne sauve pas les hommes et ne cherche pas à trier les bons des mauvais.

Sophie Benamou /L’Express.fr Article original


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