Les Juifs français n’ont pas manqué de remarquer que la campagne « Je suis Charlie » a rassemblé bien plus de hashtags et de manifestants que la campagne «Je suis Juif». Pourtant, tant les journalistes de Charlie Hebdo que les clients du supermarché cacher de la Porte de Vincennes ont été assassinés parce que décrétés ennemis de l’Islam, et donc cibles légitimes.

Les récents attentats terroristes à Paris n’ont pas seulement rappelé aux Juifs que, lorsqu’il s’agit d’indignation et de rationalisation, toutes les victimes du terrorisme sont égales mais certaines sont plus égales que d’autres. Ces attentats ont également ravivé la vieille controverse entre les dirigeants israéliens et européens sur l’immigration juive («Aliya») en Israël. Alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou déclarait qu’ «Israël n’est pas seulement le lieu en direction duquel vous [Les Juifs français et européens »>Article original priez, l’État d’Israël est votre foyer», le Premier ministre français Manuel Valls répliquait que si 100.000 Juifs quittent le pays, la France ne sera plus la France et la République aura échoué. Cette controverse n’est pas nouvelle. En juillet 2004, le Premier ministre israélien Ariel Sharon appela les Juifs français à quitter la France pour Israël en raison de la montée de l’antisémitisme, provoquant ainsi la colère de Jacques Chirac.

En réalité, cette politique ouverte d’Israël d’encourager l’Aliya a toujours provoqué des tensions avec les pays où vivent d’importantes communautés juives. La Déclaration d’indépendance d’Israël stipule que «l’État d’Israël sera ouvert à l’immigration juive et au rassemblement des Exilés (…) Nous lançons un appel au peuple juif à travers la Diaspora pour qu’il s’unisse autour d’Israël et pour qu’il immigre vers la patrie. » La Loi du retour d’Israël fait de tout Juif à travers le monde un citoyen israélien potentiel. C’est pourquoi de nombreux pays ont accusé et continuent d’accuser Israël d’ingérence dans leurs affaires intérieures. Pendant la Guerre froide, les appels d’Israël à laisser les Juifs russes partir irritaient les dirigeants soviétiques. Dans les pays libres tels que les Etats-Unis et la France, les Juifs étaient soudains soupçonnés de double allégeance.

Mais quelque chose a changé dans le statut et dans l’avenir des Juifs français et européens. En 2006, le Juif français Ilan Halimi fut sauvagement assassiné par le » gang des barbares ».. En 2012, des élèves de l’école juive de Toulouse furent tués à bout-portant par un islamiste. En 2013, des Juifs furent abattus par un djihadiste au Musée juif de Bruxelles. En 2014, les fidèles de la Synagogue de la rue de la Roquette à Paris échappèrent de justesse à un pogrom. La semaine dernière, des Juifs ont été assassinés dans une épicerie casher à Paris par un terroriste de l’État islamique. C’est un fait qu’au 21e siècle la vie des Juifs est en danger en France et que la cause de ce danger est l’Islam radical. Alors que le gouvernement français fait de son mieux pour protéger physiquement les citoyens juifs, les officiels et intellectuels français refusent d’appeler un chat un chat.

Plutôt que de reconnaître que les Juifs français sont ciblés par l’Islam radical, que l’État français est incapable d’endiguer le terrorisme islamique sur son territoire, et qu’il n’y a qu’en Israël que les Juifs peuvent se défendre contre le Djihad, les intellectuels français conseillent aux Juifs de rester, et accusent même de trahison ceux qui partent. En juin 2014, par exemple, Marek Halter publia une chronique dans Le Monde dans laquelle il affirmait que les Juifs qui quittent la France capitulent devant leurs ennemis.

L’article le plus révélateur et le plus stupéfiant fut cependant celui publié par Christophe Barbier en août 2008 dans L’Express. Barbier y qualifiait l’Aliya des Juifs français de trahison envers la France. Les Juifs, par conséquent, doivent rester en France –mais à condition qu’ils prennent résolument leurs distances avec ce va-t-en-guerre de Benjamin Netanyahou. Autrement dit, les Juifs français qui craignent pour leur vie mais qui partagent les opinions de Netanyahou ne peuvent ni partir ni rester.

Non moins révélatrice est la réaction hystérique et pavlovienne de l’intelligentsia française au nouveau roman de Michel Houellebecq, Soumission. Alors que le livre a le mérite d’aborder l’attrait de l’Islam dans une société décadente qui abandonne progressivement les idées des Lumières, il a été allégoriquement brûlé sur l’autel du politiquement correct. C’est un triste fait que l’intelligentsia française refuse d’aborder le sujet de l’incompatibilité entre l’Islam et les Lumières alors même que les djihadistes éliminent les « infidèles » en plein Paris. Lorsque seuls les Juifs étaient la cible des djihadistes, les Français blâmaient « la politique du gouvernement israélien. » Mais maintenant que la France elle-même est la cible du Djihad, les Français ont le choix entre faire face à la vérité et faire taire ceux qui la disent.

Les Juifs français ne peuvent pas se permettre d’attendre de voir si la France va capituler ou se battre (l’histoire récente indique que ce pays sophistiqué est capable de faire les deux à la fois, tout affirmant n’être que du bon côté). Les Juifs français doivent partir avant qu’il ne soit trop tard.

Manuel Valls a raison : la France ne sera plus la France et la République aura échoué si les Juifs français quittent la France. Mais ce sera le problème de la France, et la République sera la seule responsable de son échec.

Emmanuel Navon dirige le département de Science politique et de Communication du Collège universitaire orthodoxe de Jérusalem et enseigne les Relations internationales à l’Université de Tel-Aviv et au Centre interdisciplinaire de Herzliya. Il est membre du Forum Kohelet, et vient de publier un nouveau livre en Anglais intitulé « The Victory of Zionism. »

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