Il y a bien sûr les messages imbéciles. Des témoignages de haine et d’exultation se réjouissant de l’assassinat des journalistes de « Charlie Hebdo ». Nous ne parlerons pas de ceux-là. Mais des centaines de voix qui, deux jours après le massacre de « Charlie », commencent à émerger sur la Toile, à contre-courant de la bienséance émotionnelle.

C’est souvent le cas une fois le choc passé. Les langues se délient. Après la vague de rassemblements spontanés à travers la France, après le déferlement de milliers de « Je suis Charlie » sur les murs des villes, sur les frontons des monuments, sur les profils numériques des internautes, il y a toujours l’apparition de ceux qui ne veulent pas suivre la même ligne.

Dans le cas présent, ils se font connaître sur la Toile sous l’expression : « Je ne suis pas Charlie ». Une désolidarisation qui, en plein deuil national, en choque plus d’un. Derrière ce groupe se cachent en effet de nombreux internautes reprochant à « Charlie Hebdo » sa prétendue islamophobie. Le groupe facebook « Je ne suis pas Charlie », par exemple, se dit « horrifié » par la tuerie mais « désapprouve les publications racistes, sexistes, islamophobes, décomplexés » de l’hebdomadaire satirique.

L’habituel réquisitoire : « Charlie Hebdo » dépasse les bornes. « Je ne suis pas Charlie, parce que je n’ai jamais aimé ce journal manichéen, dégoulinant de moraline de ‘gôche’, vulgaire, méprisant des opinions qui n’étaient pas les siennes, et le plus souvent provocateur », écrit un autre internaute sur Agora Vox. Nombreux sont ceux qui, à l’instar de ce mouvement, refusent donc de prendre part à une « alliance sacrée » pro-Charlie parce que, tout simplement, ils ne comprennent pas ce qu’ils doivent défendre.

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« Oui, mais… », une expression dangereuse

Daniel Scheidermann, le fondateur d’arrêt sur Images, a eu vent de cette contestation. « Être ou ne pas être Charlie ? », s’interroge-t-il dans un billet publié sur Rue89. « Être », évidemment, conclut-il, parce que « leurs dessins souriaient. C’était plein de fleurs, de champagne, et de couchers de soleil ». Même parti pris de Guerric Poncet, journaliste au « Point ». Il faut « être Charlie » entièrement, sans retenue, défend-il. « On trouve beaucoup plus d’internautes pour écrire ‘oui, mais…’ [… »>Article original ‘Tuer, c’est mal, mais ‘Charlie Hebdo’ l’avait bien cherché’. Oubliant cette évidence : quand il s’agit d’une liberté fondamentale comme la liberté d’expression, ‘mais’ est un mot très dangereux, qui ne peut être employé que par le juge ou le législateur », écrit le journaliste.

Alors, certains internautes, qui ne veulent être ni irrespectueux ni indécents, se demandent comment « ne pas être Charlie » sans offenser la mémoire des crayonneurs abattus. Les uns dénoncent la « stérilité » de la tentative d’union nationale, les autres « l’hypocrisie » de citoyens qui ne lisaient jamais l’hebdomadaire humoristique. D’autres encore, les plus nombreux, se demandent s’ils doivent défendre une ligne éditoriale qu’ils jugeaient et jugent encore « trop » irrévérencieuse ? Défiler serait « trop facile », rétorquent ces « non-Charlie ». « Ce serait indigne aujourd’hui de te déclarer solidaire de tout ce que ‘Charlie Hebdo’ a produit alors que tu ne l’étais pas. Mais ce serait pire encore de ne pas te dresser pour hurler que, quoi qu’ils aient écrit, dessiné ou dit, rien ne justifie, n’excuse, un tel carnage », écrit l’internaute Marcel Sel sur son « Blog de sel ».

Ce dernier ne sera donc pas Charlie, seulement un citoyen écœuré par ce qu’on a fait à Charlie. « Tu trouvais leurs positions folles, déplacées, dangereuses. Mais c’était leur droit absolu. C’était leurs tripes. À aucun moment, aucun des journalistes de ‘Charlie Hebdo’ n’a mérité pire qu’une réponse écrite », note-t-il. « Tu n’étais pas d’accord avec ce qu’ils dessinaient. Mais c’est exactement pour ça que tu vas écrire que tu portes leur deuil comme tu porterais celui d’un frère. On n’est pas toujours d’accord, entre frères ».

[France 24Article original

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Capet

Je-ne-suis-pas-charlie

je veux bien être « Je suis Juif » et « Je suis flic »! Aucun problème!!!

Je veux être surtout « je suis Myriam-la-petite-fille-Juive-de-Toulouse »

Je n’ai JAMAIS oublié les circonstances abominables de sa mort….Comment la crevure l’a pourchassée et exécutée! Abominable! J’en ai encore la rage….J’y pense souvent! Seulement on ne doit plus être très nombreux dans ce cas, hormis ses coreligionnaires….! Vite oubliée, vite occultée!

je n’ai pas de larmes pour les notables d’un système qui a permis le développement de ce cancer

Serah

Non je ne suis pas Charlie et je ne le serai jamais.
Tout le monde semble avoir oublié les trois gosses qui faisaient aussi leurs dessins dans l’école d’Ozar Hatorah. J’en ai rien à foutre de dessinateurs qui blessent et blasphèment les croyances des autres au nom d’une liberté d’expression. Il aura fallu donc attendre leur exécution pour voir 4 millions de charlots s’émouvoir. J’aurai préféré les voir au lendemain des meurtres des enfants d’Ozar Hatorah.

Armand Maruani

{{Defendre la liberte de la presse est different de se dire  » pour  » ou  » contre Charlie  » .}}

{{Pour ma part c’est une erreur car on offre sur un plateau des excuses aux ennemis de la liberte pour certains et a d’autres une maniere deguisee de soutenir le terrorisme .}}

{{Oui pour moi c’est une connerie .}}