En plein conflit israélo-palestinien, dans un hôpital d’Haïfa. Deux femmes accouchent chacune d’un garçon : Joseph et Yassine. L’une d’entre elles est une Française juive qui vit en Israël, l’autre est palestinienne. Dix-huit ans plus tard, Joseph, qui doit effectuer son service militaire, va recevoir des résultats sanguins qui vont se révéler incompatibles avec ceux de ses parents. Les deux enfants, dans le chaos des bombardements, ont en fait été intervertis…
Le Fils de l’Autre – Film annonce par hautetcourt

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Pascal Elbé, Emmanuelle Devos, Khalifa Natour et Areen Omari interprètent les parents des enfants échangés.

Il est rare qu’un film atteigne un tel degré de lumière, d’humanité et d’apaisement. C’est le cas du « Fils de l’autre », troisième long-métrage de la cinéaste Lorraine Levy (« La première fois que j’ai eu 20 ans », « Mes amis, mes amours ») et sœur de Marc. Ce film de pure fiction qui sort sur 154 écrans raconte comment deux familles — l’une israélienne, l’autre palestinienne — découvrent que leurs bébés, devenus de grands garçons de 18 ans, ont été échangés à la naissance dans la panique d’un bombardement.

Côté acteurs français, Emmanuelle Devos et Pascal Elbé, parents de Jules Sitruk, sont remarquables dans des rôles qu’on devine extrêmement difficiles. Même chose chez Khalifa Natour et Areen Omari, qui pensaient être les géniteurs de Mehdi Dehbi, soit dit en passant, coqueluche assurée des spectatrices. Récemment couronné du prix de la Fondation Barrière, « le Fils de l’autre » donne ce sentiment que l’art a un pouvoir de réconciliation.

Lorraine Levy a d’abord eu peur de s’emparer de cette histoire apportée clés en main. « Je voyais tant de pièges se dresser sur ma route », confie-t-elle. Finalement, « le désir a été le plus fort » et elle a « foncé ». « Il y a toutes les thématiques qui m’importent dans ce récit : la famille, la reconstruction de la personnalité… »

Voilà trois ans qu’elle s’y consacre, portée « comme jamais » par des producteurs qui n’ont pas lésiné sur l’engagement. « C’était un film difficile à réaliser et à produire. Nous marchions sur des œufs. Il est tourné en quatre langues, au pied du mur de séparation et nous étions tous très émus. » Sa caméra embrasse tantôt les paysages, tantôt explore les visages, les regards. La séquence entre les deux mères est unique. C’est la clé de voûte de l’ensemble.

A ce moment du récit, la cinéaste gagne la partie. « Je voulais faire un film libérateur, poursuit Lorraine Levy et la liberté est autant dans un grand souffle qu’à l’intérieur de nous. » Formée au théâtre, elle a « dépouillé les dialogues comme jamais ». En témoigne la rencontre des deux pères côte à côte au café. « Ils partagent un silence et c’est le début de quelque chose. »

D’Emmanuelle Devos, Lorraine dit qu’elle est « notre Emma Thompson à nous ». De Pascal Elbé, qu’il a « la noblesse du silence ». « Le Fils de l’autre » est un film à fleur de peau, à fleur de sens. Et peut-être, pourquoi pas, un film qui rend meilleur.

COMÉDIE DRAMATIQUE FRANÇAISE de Lorraine Levy, avec Emmanuelle Devos, Pascal Elbé, Jules Sitruk, Mehdi Dehbi, Areen Omari, Khalifa Natour…

Durée : 1h45.
* Un peu ** Beaucoup *** Passionnément ° Pas du tout

Pierre VAVASSEUR – Le Parisien.fr Article original

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Emmanuelle Devos: « Le conflit israélo-palestinien entraîne des réactions irréfléchies »

En une décennie, cette actrice a croisé la crème du cinéma français et déjà remporté deux César. Elle campe aujourd’hui une Israélienne ébranlée dans ses certitudes de mère dans Le fils de l’autre, de Lorraine Lévy. Entretien.

Dans Le fils de l’autre, votre personnage -une Israélienne d’aujourd’hui- apprend que son enfant a été échangé à la naissance avec le garçon d’une famille palestinienne. Est-ce la dimension politique qui vous a séduite?

Emmanuelle Devos: Si la position géographique de l’histoire donnait un éclairage particulier à cette histoire, j’étais plus intéressée par sa part intime. Le postulat de départ était fou ! Imaginez une mère confrontée à un tel cataclysme, c’est choquant ! Comment l’interpréter ? J’en parlais avec mes partenaires, les gens de l’équipe, tout le monde se sentait concerné…

Le contexte n’était toutefois pas anodin…

Le conflit israélo-palestinien nous a vraiment rattrapés lors de la séquence où les deux familles se réunissent pour la première fois. L’équipe était mixte. Nous étions donc habitués à ce mélange, qui est la réalité de Tel-Aviv. Ce jour-là, pourtant, l’ambiance était pesante, je sentais que tout le monde faisait attention à la façon dont il parlait aux comédiens palestiniens. Même moi, je me disais : « La caméra nous filme un par un autour de la table, pourquoi elle finit sur eux ? » J’avais peur qu’ils prennent tout mal. Je me suis vraiment rendu compte que la réalité pouvait être pesante.

Avez-vous un regard particulier sur ce conflit?

Non. Je trouve juste que l’on s’en préoccupe dix fois trop. Cela entraîne des réactions épidermiques et irréfléchies. En Israël, il y a une façon très décomplexée d’en parler. Les gens font sans arrêt des blagues qui seraient, chez nous, jugées comme odieusement antisémites ou dangereusement antipalestiniennes. C’est une façon de dédramatiser les choses.

Revenons au thème central du film: la façon dont on doit composer avec ses racines… Vous êtes issue d’une famille de comédiens. Devenir actrice était-il une façon de perpétuer un héritage?

Je voulais être comédienne, mais pas comme mes parents ! J’étais plus ambitieuse. Le cinéma n’était pas leur territoire, ils n’avaient pas percé là-dedans, eux, c’était surtout le théâtre. Dans L’amour en fuite, de François Truffaut, il y a toutefois un très beau plan de ma mère que j’adore regarder. Je ne comprends pas pourquoi elle n’a jamais fait carrière, elle avait un physique exceptionnel!

Le cinéma représentait quoi à vos débuts?

Quand j’allais au théâtre, j’avais envie de sauter sur scène, d’être au milieu des acteurs. Jamais devant un film. Nous étions à la fin des années 80, et je ne me reconnaissais pas dans le cinéma français d’alors. Doillon ne m’a jamais fait rêver, je trouvais les films de Zulawski dégueulasses. Sur le casting de Diva, Beineix m’a traumatisée. Avec mes copines, nous n’allions voir que des vieux films. Pour nous, le cinéma ne dépassait pas les années 70, soit un monde fini, totalement inaccessible. C’est en rencontrant Noémie Lvovsky puis, grâce à elle, Arnaud Desplechin, Éric Rochant, etc., que j’ai découvert mon cinéma.

C’était important de faire partie d’une nouvelle génération?

Bien sûr… J’ai fait le cours Florent en classe libre. Certains d’entre nous -dont Yvan Attal et Sandrine Kiberlain- ont été sollicités pour faire un stage d’acteur à la Femis. C’est là que j’ai rencontré Noémie Lvovsky. Elle m’a fait jouer dans son court métrage. J’avais 23 ans, elle m’a donné confiance en moi puis m’a embarquée dans son tourbillon d’amis. C’était les débuts de beaucoup de monde…

Avez-vous toujours su appréhender les contraintes qu’impose un tournage?

Sur un plateau, il faut que votre temps de réflexion soit celui du cinéma, lequel ne correspond pas à celui de la vie. Personnellement, je sens très bien si la mise en scène est juste ou pas. Sur Le fils de l’autre, j’ai eu un petit différend avec Lorraine Lévy. Pour une scène, elle avait prévu de nous faire jouer assis. Or, pour que cela fonctionne, il fallait qu’il y ait un trajet, que mon personnage bouge, se dote d’une énergie spécifique. Un bon metteur en scène peut remettre en question votre placement, jamais votre jeu ! Dans la vie, on ne fait pas de faux mouvements. Si on est timide, on va être gauche, si on a peur, on va sursauter… Après avoir tourné Les vestiges du jour, Emma Thompson racontait que, lors du tournage d’une séquence, James Ivory avait juste retiré une lampe du cadre pour débloquer les choses. Faire du cinéma, c’est mettre les choses à leur place. Entre les mains d’un grand réalisateur, tout est facile. Nous, les comédiens, n’avons presque rien à faire. C’est honteux !

Par Thomas Baurez – L’EXPRESS

NDLR – Les propos de l’actrice ne sont pas les nôtres, mais il ne nous appartient pas de les changer, pour se faire plaisir. De toute évidence ce film est porteur de messages. c’est aux spectateurs d’en juger.

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Elirasienne

J’ai vu ce film, l’histoire en elle même laisse à réfléchir sur l’importance que l’on accorde à l’identité et aux liens du sang.

Toutefois, j’ai trouvé encore une fois dommage de faire passer les « palestiniens » pour des gens qui vivent dans des guettos, dans des espèces de « cases » africaines, avec des meubles minables etc…. Je suis allée maintes fois en Israël, et j’ai pu voir les maisons immenses et somptueuses dans lesquelles vivaient les arabes de Judée Samarie. Ils ne manquent de rien, roulent en 4/4, font leurs courses dans les centres commerciaux luxueux d’Israël.

Cerise sur le gâteau, et comble de la mièvrerie comme dit un autre critique, lorsque dans le film, on voit le fils israéliens s’introduire en Judée Samarie (actuellement occupée par les palestiniens) pour rencontrer ses parents palestiniens, cela en toute sécurité et qu’il ne lui arrive rien, au contraire les palestiniens sont super sympas avec lui… Tout les gens qui suivent un minimum les infos israélienne et les recommandations du gouvernement savent qu’ils risquent le linchage voir la mort à s’introduire là bas. Cela a d’ailleurs malheureusement été le cas à de nombreuses reprises.

Enfin, je soupçonne la réalisatrice d’être encore une gaucho de première catégorie. Lorsque le père israélien et le père palestinien entrent en conflit verbal, le palestinien accuse l’israélien d’avoir volé ses terres, accuse Israël d’être un état d’apartheid, et face à ces accusations, le père israélien n’a aucun argument!!

Le film termine sur une note encore une fois pathétique. L’enfant qui a découvert sa véritable identité palestinienne, se fait agresser par des israéliens…. La boucle est bouclée!

David

Encore une mievrerie que les belles ames nous défèquent régulièrement en s’imaginant à chaque fois etre des pionniers en la matière.

filon

Rien que le sujet, ca a l’air lourd et larmoyant à souhait. Que les français s’occuppent plutot de ce qui se passe dans leurs agglomérations au lieu d’essayer de soulever une merde hypothétique en Israel!

Ratfucker

« La vie est un long oued tranquille » chez les Allon et les Damdamnit. Un remake soporiphique du film d’Etienne Chatiliez, avec les boursouflures pompeuses du cinéma israélien pour belles âmes.