source JDDLa cité des Martinets, où habite la famille de l’adolescent mort poignardé vendredi soir au Kremlin-Bicêtre (Val-de Marne), est en deuil. Arrêté, l’agresseur d’Hakim reste prostré.

C’est un va-et-vient incessant. Samedi après-midi, des habitants de la cité des Martinets du Kremlin-Bicêtre se sont succédé devant l’appartement de la famille d’Hakim, 18 ans, poignardé la veille dans l’enceinte de son établissement scolaire, le lycée polyvalent Darius- Milhaud, et décédé vendredi soir des suites de ses blessures à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Vêtus de noir, cousins, voisins, lycéens sont venus présenter leurs condoléances aux parents, frères et sœur de la victime.

Toute la cité des Martinets est en deuil. Chacun y va de son petit mot afin d’apporter un peu de réconfort à la mère d’Hakim. Elle se tient sur le pas de la porte, dans sa djellaba beige, les yeux dans le vague, ne sachant pas quoi répondre à tous ces visiteurs. Entre les pleurs, on comprend quelques mots: « mon bébé, on m’a tué mon bébé »… Le père reste derrière, un peu en retrait, ne fait aucun commentaire. Et puis il y a Amel, la petite sœur, effondrée dans le couloir, les mains sur le visage.

« Il ne s’agit pas des conséquences d’une guerre de bandes »
Hakim est le premier élève mort en France dans l’enceinte d’un établissement scolaire. Pour Luc Chatel, ce drame est « une affaire absolument terrible de banalisation d’une violence quotidienne ». Le ministre de l’Education a annoncé qu’il dresserait cette semaine avec son collègue de l’Intérieur, Brice Hortefeux, un bilan des mesures mises en place pour « sécuriser et sanctuariser les établissements scolaires », avant de préciser que « même en mettant un surveillant derrière chaque élève, cela ne peut pas être zéro risque ». Si Didier Jouault, l’inspecteur d’académie du Val-de-Marne, précisait samedi que Darius- Milhaud « n’est pas un lycée sensible », plusieurs élèves se plaignent de tensions régulières. « Il y a deux ans, des jeunes d’une cité non scolarisés ici avaient réussi à entrer avec des battes de baseball », souligne Love, 17 ans. Des caméras de vidéosurveillance avaient ensuite été installées à l’entrée.

Les cours ont repris dès samedi matin. Devant la grille du lycée, quelques roses blanches et rouges ont été déposées. Maylis, élève de terminale, dessine un H dans la neige. « Un H comme notre pote Hakim… » Comme le cœur n’y était pas, plusieurs heures de cours ont donné lieu à un dialogue entre élèves, professeurs et psychologues de la cellule de soutien. En début d’après-midi, environ 500 lycéens se rassemblaient devant l’établissement, passant en boucle un morceau de rap qu’adorait Hakim avant d’appeler au calme les jeunes de la cité. « Il ne s’agit pas des conséquences d’une guerre de bandes, donc pas de représailles », expliquait l’un d’eux.

Amel, la sœur d’Hakim, serait au cœur de la querelle qui opposait depuis jeudi les deux lycéens. Si la plupart des élèves racontent que l’agresseur « courtisait la petite sœur », l’origine de l’altercation serait plutôt liée à une dispute en classe. Selon la police, Islem aurait demandé du Tipp-Ex à Amel. La jeune fille n’aurait pas apprécié le ton « impoli » de la requête. A la sortie, Hakim, le frère, aurait exigé une explication. Elle a lieu le lendemain, à l’intercours, dans un couloir du rez-de-chaussée du bâtiment 4. Hakim vient alors accompagné de deux copains. Le ton monte très vite. C’est alors qu’Islem, qui avait changé plusieurs fois d’établissement depuis la rentrée et était arrivé au lycée Darius-Milhaud le 7 décembre, sort un couteau et assène trois coups à Hakim, dont un à l’aorte, qui serait à l’origine du décès.

« J’ai peut-être tué quelqu’un »
Islem, de frêle corpulence, portait-il un couteau parce qu’il avait peur? C’est ce que devra déterminer l’enquête. Après treize heures d’errance entre le Kremlin-Bicêtre et Ivry-sur-Seine, durant lesquelles il a eu le temps de se débarrasser de l’arme blanche – qui n’a toujours pas été retrouvée –, la police a fini par arrêter l’agresseur présumé dans la nuit de vendredi à samedi, à une heure du matin. Deux riverains ont alerté les forces de l’ordre après avoir remarqué un jeune homme qui déambulait dans la rue, très perturbé et qui répétait « j’ai peut-être tué quelqu’un ».

Placé en garde à vue à Créteil, le jeune homme d’origine algérienne s’est enfermé dans un mutisme profond. « Il est en situation de prostration totale », indique Jean-Jacques Bosc, le procureur de la République de Créteil. « Il est resté sans réaction, tant à l’annonce du décès de la victime qu’à la venue de son frère », indique Richard Srecki, chef de la sûreté territoriale du Val-de-Marne. « Il a refusé son plateau-repas et n’a bu qu’un jus de fruit. » Sa garde à vue devrait être prolongée. Décrit comme un jeune « en rupture familiale », l’agresseur présumé était hébergé depuis un mois par une amie de son frère, à Vitry-sur-Seine. Un frère qui aurait fait de la prison suite à une affaire de car-jacking. Lundi après-midi, une « marche silencieuse » en mémoire d’Hakim partira du lycée pour rejoindre le domicile de la victime.

http://www.lejdd.fr/Societe/Faits-divers/Actualite/Hakim-premier-tue-dans-un-lycee-163725/

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