Avec « The Grand Budapest Hotel », Wes Anderson livre un film inventif, baroque et drôle où les acteurs s’amusent autant que le public.Wes Anderson, 44 ans, est un bien étrange cinéaste. Il a beau avoir grandi au Texas, il ne ressemble vraiment pas au Texan moyen.

Dandy vivant à Montparnasse, il vous bouscule l’espace-temps en citant Stefan Zweig, à qui il dédie son dernier film, The Grand Budapest Hotel.« Le monde d’hier, La pitié dangereuse, voilà mes principales sources d’inspiration : la nostalgie d’une Europe centrale engloutie, le goût zweiguien pour les récits à tiroirs qui vous font remonter les couloirs du temps… »

L’auteur viennois hante cette oeuvre, laquelle pourrait surprendre un grand public qui l’avait découvert, sur un malentendu, avec son Fantastic Mr. Fox.

Mais le Texan raffiné et cultivé cite aussi, parmi ses influences, les souvenirs hôteliers de Ludwig Bemelmans, un dessinateur culte pour enfants aux États-Unis (la série « Madeline ») qui fut aussi groom à Budapest. Et, comme il a le goût de l’amitié – Sofia Coppola, Spike Jonze sont ses copains -, il avoue en outre s’être inspiré de quelques amis anglais, tout en adressant des clins d’oeil aux opérettes de Lubitsch – maquette, montagnes en trompe-l’oeil – ou aux thrillers anglais de Hitchcock…

Mélangez tout cela et vous obtiendrez The Grand Budapest Hotel, oeuvre postmoderne, très ludique, du Jean-Pierre Jeunet à la sauce British avec un peu de chantilly viennoise, un Meccano de Noël aux couleurs Mitteleuropa qui fonce dans le crépuscule des années 30.

Cocasse et merveilleux

Voilà donc l’histoire d’un vieil écrivain (Tom Wilkinson) qui se souvient de sa jeunesse (sous les traits de Jude Law). A l’époque, dans le fameux hôtel Budapest en ruine, il avait rencontré le mystérieux propriétaire, Moustafa (F. Murray Abrahams), qui lui avait raconté comment il en avait hérité.

Et c’est ainsi que nous suivons Moustafa en concierge d’hôtel : nous sommes en 1932, le palace, fourmillant d’hôtes de prestige, est régi d’une main de fer par son mentor, Gustave H. (Ralph Fiennes). Un étrange individu, ce Gustave,old-fashioned et licencieux, qui reçoit d’une vieille dame (Tilda Swinton) un tableau très précieux.

La famille (Adrian Brody) n’est pas d’accord. Gustave n’en a cure. Avec la connivence des domestiques (Mathieu Amalric et Léa Seydoux), il embarque la toile.

Commence une folle course-poursuite avec un méchant (Willem Dafoe), une prison, des détenus (dont Harvey Keitel) et des nazis (Edward Norton).

Les acteurs défilent : Anderson, qui a fait déjà tourner la plupart, s’amuse aussi avec eux et avec nous. C’est jour de fête. Ou de ball-trap. Il y a chez lui de l’enfant virtuose qui s’amuse à faire joujou avec le cinéma, le cocasse et le merveilleux. Un grand enfant qui aurait lu Zweig.

REGARDEZ – La bande-annonce de « The Grand Budapest Hotel » :

« The Grand Budapest Hotel », en salles ce mercredi 26 février.

François-Guillaume Lorrain

Le Point.fr Article original

TAGS: Wes Anderson Stefen Zweig Montparnasse Texas Hollywood

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