Les pays de l’Union européenne ont décidé lundi d’imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent contre l’Iran, et de frapper sa banque centrale afin d’assécher le financement de son programme nucléaire controversé, des décisions «vouées à l’échec» selon Téhéran. Dans la foulée, Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont demandé «instamment aux dirigeants iraniens de suspendre immédiatement leurs activités nucléaires sensibles». L’Occident, qui soupçonne Téhéran de dissimuler un programme militaire sous son programme nucléaire civil, durcit ainsi le ton dans l’espoir d’éviter une éventuelle opération militaire israélienne contre l’Iran.

Archives- Les nouveaux contrats dans le secteur pétrolier passés par les pays de la zone euro avec l’Iran sont interdits avec effet immédiat. L’annulation des contrats existants interviendra d’ici au 1er juillet, pour laisser aux pays les plus dépendants le temps de se retourner. | AFP/EMMANUEL DUNAND

Appel à négocier. «La porte est ouverte si l’Iran accepte de s’engager sérieusement dans des négociations de fond sur son programme nucléaire», ont ajouté les trois dirigeants européens. «Tant que l’Iran ne sera pas revenu à la table des négociations, nous resterons unis pour appliquer des mesures fortes qui compromettent la capacité du régime à financer son programme nucléaire et qui montrent ce qu’il en coûte d’emprunter une voie qui menace notre paix et notre sécurité à tous», concluent-ils.

Embargo pétrolier. Après avoir gelé les avoirs de 433 sociétés iraniennes et 113 personnes, restreint les exportations de produits sensibles et interdit des investissements dans le secteur des hydrocarbures, l’UE s’attaque aux ressources stratégiques du régime iranien. Les nouveaux contrats dans le secteur pétrolier avec l’Iran sont interdits avec effet immédiat. L’annulation des contrats existants interviendra d’ici au 1er juillet, pour laisser aux pays les plus dépendants le temps de se retourner. L’UE – essentiellement l’Italie, l’Espagne et la Grèce – a importé 600 000 barils de brut par jour d’Iran entre janvier et octobre 2011. A terme, elle pense avoir trouvé des fournisseurs alternatifs, comme l’Arabie Saoudite, pour compenser l’arrêt des importations d’Iran.

La banque centrale iranienne sanctionnée. Outre l’embargo pétrolier, l’UE a gelé lundi les avoirs de la banque centrale iranienne et partiellement interdit les transactions avec l’institut monétaire, y compris la production pour son compte de pièces et de billets. Aux 433 sociétés et 113 personnes dont l’UE avait jusqu’ici gelé les avoirs s’ajoutent désormais huit sociétés — dont la banque iranienne Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France, et en Allemagne — et trois personnes. L’UE a aussi interdit les ventes de ventes d’or, d’autres métaux précieux et de diamants à l’Iran, et élargi l’interdiction d’investissements dans l’industrie pétrochimique et celle d’exporter des produits sensibles.

Washington «applaudit», le Kremlin grince des dents. L’UE emboîte ainsi le pas aux Etats-Unis, qui ont gelé fin décembre les avoirs des institutions financières étrangères commerçant avec la banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. Barack Obama a «applaudi» ce train de sanctions. Mais l’essentiel (65%) des ventes de pétrole iraniennes est réalisé en Asie, notamment en Chine, au Japon, ou en Inde. Pour qu’il soit clair, le message «a besoin d’être porté par une voix internationale», a estimé l’Allemand Guido Westerwelle. L’Occident ne doit pas être seul à appliquer cet embargo, mais l’Inde comme la Turquie ont jusqu’ici rejeté l’idée d’un embargo unilatéral sur le brut iranien. Saluée par Israël, la décision été critiquée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui juge qu’elle ne fait «pas avancer les choses».

La France tête de pont. Les Occidentaux et l’Agence internationale de l’énergie atomique soupçonnent l’Iran, sous couvert d’activités civiles, de chercher à se doter de la bombe nucléaire, ce que Téhéran a toujours nié. La France, par la voix de son ministre des affaires étrangère, Alain Juppé, s’exprimait déjà en faveur d’un durcissement des sanctions début janvier. Nicolas Sarkozy, lors de ses voeux au corps diplomatique, a déclaré que c’était la « seule solution » pour écarter le risque d’une escalade militaire avec l’Iran. Pour le président français, « ceux qui ne veulent pas le renforcement de sanctions à l’endroit d’un régime qui conduit son pays au désastre avec l’acquisition de l’arme nucléaire porteront la responsabilité du risque d’un déchaînement militaire ».

L’Iran dénonce mais minimise l’embargo pétrolier

L’armée américaine n’avait constaté lundi aucune réaction militaire de l’Iran au vote de l’embargo européen, alors que Téhéran a menacé par le passé de bloquer le détroit d’Ormuz en cas de sanctions contre son pétrole. Début janvier, l’Iran testait en effet la capacité de la marine iranienne à fermer le détroit.

Les iraniens ont donc réagi sur le plan diplomatique : «La menace, la pression et les sanctions injustes (…) sont vouées à l’échec», et «n’empêcheront pas l’Iran d’obtenir ses droits fondamentaux» en matière nucléaire, estime le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangère Ramin Mehmanparast. «Les besoins en énergie à long terme du monde sont tels qu’on ne pas peut sanctionner l’Iran, qui possède les secondes réserves de gaz et les quatrièmes réserves du pétrole» mondiales, ajoute t-il.

«Les sanctions contre les exportations pétrolières de l’Iran servent seulement les politiciens américains et européens (pour faire de la propagande, ndlr) et n’auront pas d’effet sur l’économie iranienne», a également affirmé Ali Adiani, membre de la Commission de l’Energie du Parlement, cité par l’agence Fars. «A l’heure actuelle, en raison de la situation du marché, l’Iran peut vendre son pétrole à n’importe quel pays (…) Avec les sanctions, le prix du pétrole va augmenter et ce sera au dértiment de l’Europe et des Etats-Unis», a-t-il ajouté.

L’ancien ministre du Renseignement Ali Falahian a néanmoins appelé à des mesures de rétorsion contre les Européens, suggérant de «cesser les exportations du pétrole iranien (vers l’Europe) avant la période de six mois (prévue pour la mise en oeuvre de l’embargo) afin de faire augmenter le prix du pétrole et perturber les plans des Européens».

Le Parisien.fr


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Denis

Il existe des moyens subtiles pour détourner l’embargo. A cause des élections en perspectives Sarkozy et Obama ne veulent pas qu’Israel fasse des vagues avec l’Iran. C’est le seul écran de fumée qu’ils ont trouvé.

NICOLE

OK , si pas d’interface commercial avec la Jordanie, pays notoire pour le contournement des embargos, les transactions -contrats- finissant dans ce pays et dont on ne connaît pas la suite…