A l’occasion de la fête de Pourim:

Ici, c’est un moment de grâce, celle de la femme et du hasard; moment vital dans la détresse de l’exil.

L’histoire a lieu en Perse, quelques siècles avant notre ère. Le roi Assuérus répudie sa femme, la reine Vashti, sur les conseils d’Haman son ministre. Elle avait refusé de répondre à sa demande et de se présenter devant lui et ses invités lors d’un banquet. (Elle avait aussi le sien, un banquet de femmes…) Pour recruter une nouvelle reine, on fait appel à toutes les belles vierges du Royaume. Esther est choisie. Elle a été élevée par son oncle Mordékhaï. Celui-ci, lorsqu’il vient prendre de ses nouvelles, ne se prosterne pas comme il se doit devant Haman; lequel décide d’en finir avec les Juifs, ce peuple qui « ne fait pas comme les autres ». Le jour est fixé, la date tirée au sort (Pourim = les sorts). Le roi est très complaisant: « L’argent, garde-le et fais de ce peuple ce que tu veux » 1″>Article original. (Haman comptait verser une certaine somme au trésor public pour avoir les mains libres.) Mordékhaï apprend la nouvelle, il se met en deuil, déchire ses vêtements, fait appel à Esther pour qu’elle intervienne. Elle hésite: on risque sa vie si on se présente au roi sans y être appelée.

Alors Mordékhaï lui envoie dire: « Ne crois pas te protéger en te détachant de ton peuple. Si tu te tais dans un tel moment, la délivrance viendra aux Juifs d’un autre lieu,et toi et la maison de ton père vous périrez. Et qui sait si tu n’es pas devenue reine pour un moment comme celui-ci » 2″>Article original. Mordékhaï qui, au début, lui demande de ne pas dire qu’elle est juive, l’adjure maintenant de le dire, d’intervenir en tant que juive et reine. (Ainsi le rapport aux origines ne doit pas être figé; on peut en jouer selon l’événement.) Esther accepte, elle demande qu’on jeûne pour elle trois jours, elle-même et ses suivantes vont jeûner, après quoi elle se présentera devant le roi. Entre-temps, celui-ci a une insomnie, il se fait lire la chronique du palais (le livre-mémoire des faits du jour…) et il remarque que Mordékhaï avait un jour révélé un complot visant à tuer le roi, et n’a pas eu de récompense. (C’est par Esther qu’il avait informé le roi du complot.) Haman est justement dans l’antichambre, il le fait entrer: « Que faut-il faire à un homme que le roi veut honorer? » Haman, sûr qu’il s’agit de lui, répond: Qu’on l’habille de la tenue royale, qu’on le mette sur le cheval du roi et que l’un des plus hauts dignitaires tienne la bride et le promène dans les rues de la ville en clamant: Voilà ce qu’on fait à un homme que le roi veut honorer. Le roi demande à Haman de le faire pour Mordekhaï. C’est le début de la fin car entre-temps Esther a pu voir le roi, l’a invité à un festin avec Haman, puis à un second festin où elle révèle qu’elle et son peuple, Haman veut les anéantir.

Ici, on a un « miracle » (la situation se retourne, le peuple voué à l’effacement est sauvé); on peut en faire l’anatomie; mais on n’a pas la gestion religieuse du miracle sur le mode: ils ont supplié Dieu, il les a entendus et il les a sauvés. Dieu n’est pas mentionné dans ce texte, la prière non plus. Il y a un jeûne, il y a l’acte de mortifier son corps, non sans rappel symbolique: trois jours (trois, chiffre assez chargé; par exemple: les trois jours d’Abraham et son fils marchant vers le Lieu…).

Et il y a surtout la grâce 3″>Article original. Essentielle. On parle souvent de la grâce d’Esther, et il semble qu’elle l’ait transmise à son peuple, au destin de son peuple qu’elle a pu ainsi dévier. Destin d’où provient peut-être cette grâce elle-même: Esther a pu rejoindre le point de grâce enfoui dans le destin hébreu.

Qu’est-ce donc que la grâce? Elle n’est pas l’effet d’un travail, d’une amélioration, d’une ascèse. La grâce, on l’a ou pas, à tels moments ou à d’autres. Elle vient d’ailleurs. Dire qu’elle est « divine », c’est dire qu’elle vient des confins de l’humain, des limites. La grâce, c’est l’émotion qui émane d’un être aux prises avec ses limites et en même temps assez libres envers elles: beaucoup de tout petits sont pleins de cette grâce, sauf lorsqu’ils sont déjà pris et verrouillés dans le symptôme de leur mère. Autrement, ils rayonnent une présence, une certitude inconsciente de leurs limites, qui sont pourtant évidentes. Dans la grâce, la faille et les limites sont à la fois admises et surprenantes, productives de vie. Dans ce consentement, une présence inconsciente fait briller l’étincelle de la grâce. La grâce, c’est quand le narcissisme, qui ignore ses limites, s’en sert à son insu dans un sens de vie. Et cela confirme qu’on ne peut pas l’imiter: on ne peut pas faire exprès d’être inconscient de ses limites. Cette grâce se transmet ou plutôt, elle rayonne, mais ceux qui la reçoivent ou qui l’agréent ne restent pas gracieux si par ailleurs ils ne le sont pas. Ils gardent ce rappel de la grâce, et de ceci qu’elle est par essence un partage. Celui qui a la grâce la donne aux autres, à charge pour eux de la recevoir et de la « garder ». En général, le mieux qu’ils font c’est de la reconnaître, de la respecter.

En tout cas, Esther trouve grâce aux yeux de ceux qui la voient; notamment de l’homme qui gère ce harem, cette masse féminine offerte au roi. Esther se distingue par cette grâce, où se croisent sans doute féminité et symbolique. Elle est, en un sens, l’ennemie absolue d’Haman, qui hait les Juifs et les femmes. (C’est lui qui a suggéré au roi de renvoyer Vashti, sa première épouse, parce qu’elle n’a pas répondu à son ordre.) La grâce signifie que l’être qui la « porte » n’est pas identique à lui-même, qu’il est porteur d’une certaine faille et fait vibrer cet écart, cet entre-deux qui l’ouvre sur l’être et sur la vie; même s’il peut être dans tel cadre ou telle place déterminée. Lorsqu’on dit qu’Esther a trouvé grâce, cela veut dire qu’elle a touché dans l’autre le point de grâce, d’ouverture, de fragilité, d’entre-deux où se passe la vie. En somme, elle donne à l’autre la grâce qu’il a sans le savoir. L’être qui a la grâce la donne sans la perdre, sans rien en perdre. C’est une question de contact: il donne à l’autre la possibilité d’avoir, comme lui, un contact avec l’être, avec la limite de l’humain qu’on appelle le divin.

Esther est orpheline; cette fragilité d’origine ne l’a pas affaiblie. Elle n’est pas dans l’inclusion familiale, elle appartient à un peuple qui ne s’appartient pas. Elle n’est pas dansl’identité mais dans l’histoire, l’événement, le devenir, la transmission.

Bien sûr, c’est parce qu’Esther est prise au palais, et devient la femme du roi, que Mordékhaï son oncle se fait remarquer par Haman en ne s’inclinant pas. Si Esther n’avait pas été choisie, Haman n’aurait pas eu, peut-être, l’occasion de remarquer ce Juif insoumis et de retrouver sa rage ancestrale envers ce peuple, jusqu’à vouloir en finir.

Mais Esther, devenue reine, est tentée de s’en tenir à son cadre, sa fonction: elle ne peut pas intercéder dans l’urgence. La réplique de Mordekhaï est cinglante et contient une allusion au divin, la seule dans ce Texte: Si tu restes dans le silence si tu caches ton origine et ne fais pas savoir au roi, très vite, que le peuple qu’on veut détruire c’est le tien »>Article original, la délivrance viendra aux Juifs d’un lieu autre (mi-maqom ahér). Car Dieu, c’est aussi le Lieu (maqom): là où ça se tient; là où les choses et les êtres prélèvent de quoi tenir).

Ce lieu autre se réfère au divin d’une façon qui semble vague; en fait, c’est dans sa fonction de lieu, comme source d’événements qui ont lieu; et sur le mode de la pure altérité: du tout autre peut avoir lieu sans toi, si tu restes en dehors.

Et il y a les coups du hasard. Celui de l’insomnie royale: est-ce qu’inconsciemment le roi a été « travaillé » par ce qu’il a signé – rien de moins que l’effacement d’un de ses peuples? En tout cas, il découvre dans la chronique une parole salvatrice de Mordékhaï sur lui – parole qu’Esther avait transmise en mentionnant le nom de sa source, Mordekhaï. De là le Talmud déduit que quiconque, lorsqu’il tient une parole forte, dit de qui il la tient, apporte la délivrance au monde; tout comme Esther a apporté la délivrance à son peuple en disant de qui elle tenait cette parole. (On pointe ainsi l’universel du singulier: ce qui arrive au peuple juif, en tant qu’il est singulier, a valeur universelle.) Encore faut-il que cette parole soit forte et bonne. On n’a pas à nommer quelqu’un dont on évoque une bêtise ou une parole indifférente.

Voilà donc plusieurs hasards qui convergent: Mordekhaï a éventé un complot; le roi Assuérus a une insomnie et se fait lire la chronique; Haman passait par là… Le tout sous le signe de la grâce qu’Esther a trouvée en devenant reine. Cette grâce, elle va la retrouver deux fois, lorsqu’elle invite le roi avec Haman et que, la complaisance du vin aidant, le roi est prêt à lui donner « ce qu’elle veut, même la moitié du pouvoir ».

La grâce est liée à l’identité partagée, incertaine mais vivante, qui maintient problématique la question de l’origine, et la laisse non résolue, ouverte à l’événement. Dans le cas d’Esther, ce moment où elle se fait connaître et où elle sauve son peuple(après tout, le roi aurait pu la sauver, elle, et laisser faire Haman), ce moment de grâce ultime porte sur son identité: partagée en elle-même et partagée avec son peuple.

Ce qu’elle transmet au roi dans cet instant de grâce, c’est un appel de vie: pour quelle sécurité un peuple tout entier doit-il être effacé? pour quel confort identitaire? Cet appel, le roi l’avait refoulé en écoutant Haman, et voilà que la reine vient rouvrir le possible: certes, il y a une faille, il y a un peuple singulier, mais faut-il le détruire pour que tout soit régulier? Ce n’est pas explicite mais c’est là; c’est l’arrière fond sur lequel la grâce opère. Esther fait une entorse à la loi du palais et son peuple est une entorse à l’ordre de l’Etat renforcé par Hama. L’acte d’Esther trouve grâce et la transmet au peuple – qui est comme gracié.

Les lettres ordonnant la mort vont donc s’inverser en lettres de vie. Vengeance sera tirée de ceux qui préparaient l’Extermination. La grâce s’infiltre dans un ordre totalisant, – perturbé par un peuple non-conforme; peuple symbole de la petite entame qu’il faut pour relancer la vie. Autre symbole de cette entame sacrificielle: le jeûne de trois jours imposé à tout son peuple. Puisqu’on est menacé de mort, on va se mortifier, se donner une mort symbolique (avec des accents réels – on défaille) pour se mettre en demande de renaissance. Se mettre en état de manque pour mieux faire voir le manque-de-vie menaçant, avec l’espoir de le surmonter.

La grâce, transmission involontaire d’une vie autre, est portée par le hasard et elle s’incarne, elle prend corps. De là une certaine beauté, qui somatise l’amour de l’être – pour la vie qui se redonne.

La grâce rencontre la féminité – comme faille qui laisse passer la vie – mais la grâce n’est pas uniquement féminine. Dans la Torah Moïse dit à YHVH: « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux… ». Si avec nos défaillances tu nous acceptes, alors marche toi-même devant nous… Autrement dit, les défaillances du peuple hébreu, dans le désert et ailleurs, font partie de son rapport au divin. On peut les déplorer, mais c’est parce qu’elles sont là, et qu’elles sont humaines, qu’une grâce est possible ou nécessaire pour fonder cette relation entre le peuple et son Dieu. Toutes les fois que YHVH a voulu exterminer son peuple après un grave manquement, c’est la grâce qui le sauve, et Moïse l’obtient chaque fois – en demandant que la faute soit oubliée; tout en sachant qu’il y en aura une nouvelle, et que la vie fait faux-bond à la perfection.

La grâce implique donc que l’Autre aussi révèle sa faille: en l’occurrence, Dieu doit se contredire, décider une chose et en faire une autre. Cette aptitude à se contredire n’est pas à mettre au compte de sa toute-puissance (puisqu’il peut tout, il peut aussi pardonner, oublier, se rappeler et… se contredire); elle n’est pas dans une liste complète de ses attributs. Au contraire, c’est une fois la liste établie que l’aptitude à se contredire viendrait la déchirer, la barrer; prouvant par là-même qu’une telle liste est absurde. (Qu’est-ce qu’une liste d’attente dont le dernier dirait qu’elle peut être annulée?)

C’est pourquoi le rapport entre ce peuple et ce Dieu est singulier sur un mode universel: rapport à l’être qui implique la grâce récurrente et qui s’oppose à toute idée d’en finir avec la faille; à tout projet qui, dénonçant les turpitudes de « ce peuple », voudrait fonder enfin quelque chose de solide qui n’aurait pas tous ces défauts; projet qui totaliserait ces défauts, les fixerait sur ce peuple (ou sur un autre) pour en finir avec.

Le peuple est donc sauvé par la grâce – qui passe par le hasard dans ses moindres nuances – et non pas grâce à son mérite. Le mot pour dire « sauvé » (hatsél) comporte, on l’a dit, le signifiant de l’ombre (tsél): quand le peuple ou le sujet est pris dans une lumière totale, où l’on voit pleinement ses défauts et les dangers qui le guettent, la grâce qui le sauve consiste à lui donner un peu d’ombre. Gracier, c’est arrêter la pleine lumière qui aveugle et menace de tout brûler.

L’autre mot pour « délivrance », employé par Mordekhaï (lorsqu’il dit à Esther: la délivrance et le salut viendront d’un lieu autre), c’est révah, qui prend racine dans ruah, le souffle. La délivrance, c’est retrouver un souffle, un espace dans le jeu de la vie. Et on le retrouve par l’acte de grâce qui assume la faille et déjoue la prétention totalitaire, fût-elle orientée vers un projet de perfection.

Dans l’histoire d’Esther, le projet totalitaire obtient l’aval du roi, mais celui-ci est entamé par son désir pour Esther, par la grâce qu’elle trouve à ses yeux. Ainsi, il y a un ver dans le fruit empoisonné – qui le rend non comestible. Le projet de meurtre ne passe pas.

C’est pourquoi la grâce rappelle la transmission de vie humaine dans son essence symbolique. D’où son lien essentiel avec le féminin.

En somme, l’humanité a inventé un petit peuple pour symboliser une entame aux projets totalitaires 4″>Article original. Ce peuple aurait pu être un autre, il se trouve que c’est celui-là; l’important c’est le jeu ou plutôt la dynamique que cela permet. (On peut même dire que ce peuple s’est inventé pour occuper cette place, cela ne change rien au problème.) Cette dynamique comporte pour ce peuple des risques d’extermination, et dans ces cas, des risques d’abêtissement pour ladite humanité. C’est ce qui fait de ce peuple, je l’ai dit, un baromètre de la maturité ambiante. Mais ce peuple aussi, s’il avait plus de pouvoir, pourrait exprimer des prétentions totalitaires. Rien n’est joué; il semble que l’humanité a besoin, régulièrement, de se poser ou de revivre le problème de sa faille identitaire, et du fantasme de la combler. C’est le problème de l’entame, donc aussi de la grâce. Au-delà de la faute qu’on pardonne, c’est le défaut qu’on intègre. Ce peuple est fait pour le rappeler, et parfois c’est à lui d’en répondre: si le monde ambiant supporte mal l’entre-deux 5″>Article original, il en impute l’impossible à ce qui lui semble singulier, à ceux qui ne font pas « comme tout le monde ». L’humanité oscille entre deux pôles pour sa question d’identité: le risque du plein et le risque du vide. Et dans l’entre-deux, un passage incertain…

Et il n’y a pas de loi qui prévienne contre ces risques totalitaires. (Comme pour la liste des attributs divins entamés par la grâce.) Il y a bien le fantasme d’un tribunal planétaire, qui ferait acte quand certaines lois sont violées et qu’on passe à la barbarie. Mais on connaît les problèmes de sa mise en place et de sa grande impuissance.

Par Daniel Sibony.
danielsibony.typepad.fr Article original

1″>Article original . Esther 3, 11.

2″>Article original . Esther 4, 14.

3″>Article original . Deux mots servent à la nommer: hén et hésséd. Ce sont non pas des « qualités » mais des rapports entre deux êtres. Hén est plus près de grâce, charme, effet de beauté;hésséd est plus proche de bonté, de charisme, donc des effets de la grâce: elle provoque une douceur, une envie d’être généreux, d’ignorer le passif. Or Esther porte les deux: hén et hésséd.

4″>Article original . Cela n’a pas empêché des Juifs de prendre une part active à de tels projets – notamment staliniens. Fascinés sans doute par l’idée messianique de Salut définitif, idée qu’on leur offrait de passer à l’acte.

5″>Article original . L’entre-deux comme forme ordinaire de ladite faille.

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FÊTES JUIVES, HALAKHA

Pourim : « Le Masque du Monde & la Délivrance du Peuple Juif »

L’histoire de Pourim est plus ancienne que celle de Hanouka. Alors que Hanouka se situe à l’époque du Second Temple de Jérusalem ; Pourim remonte à l’exil babylonien, qui a duré depuis la destruction du Premier Temple de Jérusalem jusqu’à la construction du Second Temple.Nos Sages nous explique que lors du Machiah, Pourim sera la seule fête que l’on fêtera. La fêtes de Pourim a été institué par Mordéhaï, l’oncle de Esther. Cette dernière commémore la délivrance des Juifs de l’empire Perse du plan d’extermination décrété par Haman, le ministre du roi Assuérus (Arachvéroch ). Pourim est célébré le 14ème jour du mois hébraïque d’Adar, et signifie littéralement en perse « Tirage au sort « . Cette fête joyeuse révèle la Main de D.ieu cachée dans les évènements des hommes. C’est la date où le peuple juif devait être exterminé mais le miracle se produisit, grâce à la Haute Providence à travers les actions d’ Esther, la Prophétesse. C’est un jour que toute la famille doit célébrer, non seulement les adultes mais aussi les enfants,garçons et filles, qui eux aussi doivent être encouragés à accomplir les Mitsvot de la fête. D’autre part, dans la Meguilat Esther, il n’est aucune fois mentionné le nom de D.ieu, or, nous comprenons que dans certains passages, le mot « Roi » fait sujet du Roi des rois. Dans un monde où D.ieu semble être absent ( le livre d’Esther et le Cantique des cantiques sont les seuls livres de la Bible où le nom de D.ieu n’est pas mentionné), les juifs sont alors menacés d’extermination. En effet, Arachvéroch, roi de Babylone, régnait sur 127 Provinces, qu’on considérait comme le monde dans sa totalité, et les juifs n’avaient nul part où fuir . Haman, descendant directe de Essav (frère jumeau de Yaacov ) et d’Amalek, ministre du roi, a persuadé celui-ci de faire publier un décret contre le peuple Juif pour se venger de Mordehaï, le juif et rabbin de la communauté , qui avait refusé de se prosterner devant lui. Le roi avait ‘tiré au sort » une date afin d’anéantir le peuple juif, et ça tomba le 13 Adar; nous comprenons mieux la signification du mot « Pourim ». Mordéhaï et Haman se connaissaient bien avant cela. Ils s’étaient croisé dans le désert et Haman le supplia de lui donner de quoi boire et de quoi manger; pour cela, ils furent un pacte gravé sur la chaussure de Mordéhaï qui stipulait que Haman appartenait à Mordéhaï, et que, depuis ce jour ce fut son esclave. On comprend de là, la réaction du Rabbin : Non seulement il ne voulut pas se prosterner car c’était un signe d’idolâtrie (on ne se prosterne que devant D.) mais aussi car Haman était son esclave.

Un Chabbat, le roi Arachvéroch organisa un festin et invita tous les juifs pour les faire fauter . Mordéhaï avait catégoriquement stipulé de ne pas s’y rendre. En effet, les babyloniens possédaient les ustensiles du Beth Hamikdach qui nous avaient volé lors de la destruction de ce dernier, et les kéliim (ustensiles) sont devenus tamé (impure) et les utilisaient. Vachti, reine de Babylone et épouse du roi Arachvéroch, ne voulut pas descendre au festin car elle eut un bouton d’acné sur le visage. Cette femme était mauvaise, elle obligeait les femmes juives à travailler le Chabbat en les tirant par les cheveux où leur foulard. Le roi, afin de montrer son autorité et sa crédibilité fut pendre sa femme en gage d’exemple. Vachti fut pendu un Chabbat. Par la suite, ne pouvant gouverner sans reine, le roi demanda à toutes les filles du royaume de se présenter. Esther fut choisit parmi toutes les prétendantes. Le roi avait une affection profonde pour Esther, mais malgré cela, elle cacha son identité juive afin de ne pas trahir ce qu’elle manigançait pour sauver son peuple. Entre temps, Mordéhaï qui parlait 70 langues, entendu un complot que deux gardiens du seuil préparaient pour tuer le roi. Mordéhaï prévenu le roi et ce dernier fut introduit dans le « livre des Chronique » du royaume en expliquant que ce jour le rabbin Mordéhaï m’a sauvé la vie. Lors d’un affreux cauchemar où Esther et Haman complotaient contre lui, il pensa à ses fidèles serviteur, et se rappela que Mordéhaï lui avait sauvé la vie. Il le récompensa et, Haman furieux commença a construire une potence pour faire pendre Mordéhaï sans le consentement de Arachvéroch.

D’ailleurs, l’usage populaire de se déguiser à Pourim, doit être bien compris comme notre affirmation que quelle que soit la manière dont Hachem déguise Ses miracles, sous l’aspect de faits naturels, nous nous sentons indéfectiblement capables d’y voir de vrais miracles. Nous décodons les faits apparemment naturels qui cachent de vraies interventions de Sa main.De même que chaque année, la fête de Chavouoth nous incite à renouveler notre engagement envers Hachem, du fait de la crainte que nous inspire Mattan Tora (le Don de la Tora), ainsi, chaque année, la fête de Pourim est l’occasion de renouveler et de renforcer notre fidélité à Hachem et à Ses Mitsvot.

HISTOIRE

La conquête babylonienne mit fin au premier Etat juif (période du premier Temple). Sur les rives de Babylone, les déportés firent le serment de ne jamais oublier leur patrie : « Si je t’oublie Jérusalem, que ma droite me refuse ton service, que ma langue se colle à mon palais si je ne place pas Jérusalem au-dessus de toutes mes joies » (Tehilim 137, 5-6).

Le Temple de Jérusalem détruit, l’indépendance d’Israël perdue depuis 70 ans, les Juifs étaient dispersés sur des terres étrangères. La fin de l’exil annoncée par les Prophètes ne s’était pas réalisée et l’oubli de soi faisait ses premiers effets. C’est à ce moment que l’ennemi se leva pour mettre en oeuvre ses plans, Haman le ministre du roi Perse Arachvéroch. Haman, descendant de la tribu d’Amalek férocement anti-juif, il avait conçu le projet de résoudre la « question juive » pour toujours en exterminant tous les juifs, hommes, femmes et enfants, dans le monde entier en un seul jour. Ce jour- là, il tira au sort, celui-ci designa le 13 Adar. Grace aux envoyé de D. : Mordéhaï et Esther, ainsi que par la techvoua du peuple juif, nous avons gagner la guerre contre les goyim et le 14 Adar fut les réjouissances (Pourim).

C’est une histoire de courage et de sacrifice de soi, d’abord ceux d’Esther et Mordéhaï, en ensuite ceux du peuple juif. Car, pendant toute l’année où grandit le danger, aucun juif ne choisit de se convertir et de s’assimilé aux babyloniens, même pour sauver sa vie. Le peuple juif tout entier connut un profond réveil qui le ramena à la Torah et aux Mitsvot d’un coeur sincère.Pendant toute une année, il fortifia sa foi et sa pratique des commandements de D.ieu. C’est par ce mérite qu’il put se dresser contre ses ennemis et les détruire le 13 Adar, le jour même qu’Haman avait prévu pour la « solution finale ». Une partie du peuple juif se sont battu contre les goyim et une autre partie priait D.ieu. Nous sommes une seule et même entité, il n’y a pas d’égalité mais bien la complémentarité, c’est pour cela que Am Israël et uni. Ainsi, le peuple juif avait révélé sa personnalité profonde. Il avait ganté le droit de sortir d’exil, de retourner sur la Terre Sainte et d’y reconstruire le Temple. Comme cela arrivera en ce temps-là puisse-t-il en être de même pour nous en notre temps.

MITSVOT DE POURIM

Le Jeûne d’Esther (ou Ta’anit Esther) :

C’ est un jour de jeûne observé dans le judaïsme de l’aube a crépuscule du 13 Adar, à la veille de Pourim, en commémoration du jeûne de trois jours observé par les juifs de Perse lors des faits relatés dans le Livre d’Esther : Esther, pressée par son oncle Mordéhaï, doit intercéder auprès du roi Arachvéroch en faveur de son peuple, que le ministre Haman projette d’exterminer. Or, Esther craint pour sa vie en allant déranger le roi sans qu’il ne l’ait convoquée. Elle demande donc au peuple juif tout entier de jeûner pour elle et avec elle 3 Jours et 3 nuits. Finalement, D.ieu aidant, le roi subjugué par sa beauté de la reine malgré sa fatigue , lui tend son sceptre royal, de telle sorte qui préserve sa vie, et celle-ci sera à même de révéler au roi les projets de Haman, qui finira pendu sur la potence même qu’il avait préparée à Mordéhaï. Ce jeûne s’est perpétuée jusqu’à nos jours, ainsi qu’il est écrit (Esther 9) : « Et ils acceptèrent sur eux et sur leurs enfants d’assumer leurs jeûnes et leurs pleurs. » Si le 13 Adar tombe un Chabbat, on jeûnera le jeudi précédant celui-ci.

Ecouter la Méguila :

Les juifs ont priés jours et nuits pour être délivré, ainsi on écoutera une fois la Meguila le soir (la veille de Pourim, et une seconde fois en journée, pendant la journée de Pourim, afin d’être quitte de la mitsva. Si l’on écoute la Meguila à la radio on n’est pas quitte de la mitsva, certains bakhourim de la yechiva (étudiants de la yechiva) se déplacent à domicile pour lire la Méguilat Esther. Lorsque le nom d’Haman est cité, nous faisons tourner les crécelles et tapons du pied pour effacer son souvenir. On peut dire aux enfants que Pourim est le seul moment de l’année où faire du bruit est une mitsva ! A part lors de la lecture, car si nous n’avons pas entendu ne serait-ce un mot nous ne sommes pas quitte de la mitsva.

Matanot Laévionim ( Donner des « Cadeaux aux Pauvres) :

Se préoccuper de ceux qui sont dans le besoin est, pour un Juif, une responsabilité constante, car nous devint rétablir la justice et cela nous enseigne le Hessed (la bonté), le fait de se tourner vers l’autre. Cependant, à Pourim, se souventir des pauvres fait l’objet d’une Mitsva particulière. il faut donner à aux moins deux pauvres (juifs), de préférence pendant la journée de Pourim. Nous pouvons transmettre le don à une association juive pour les nécessiteux. Les jeunes enfants doivent accomplir eux aussi cette mitsva. Nous devons donner suffisamment à chacun pour que le pauvre puisse faire la mitsva du Michté (le festin de Pourim).

Michloa’H Manot ( Envoyer des Cadeaux) :

A Pourim, nous soulignons l’importance de l’unité et de l’amitié entre les juifs en envoyant des cadeaux composés d’aliments ( avec minimum deux sortes de brahot ex: mezonot & Chéakol). Nous pouvons en envoyer à de amis, mais la plus grand mitsva, « l’idour mitsva » (l’embellissement de la mitsva ) est d’envoyer ce cadeaux à une personne avec qui vous êtes à froid, ou disputé. Faire le premier pas est d’une grandeur sans nom et le pas vers D.ieu. Par ailleurs, Il convient que les femmes envoient aux femmes et les hommes aux hommes ( à part si c’est son époux). Pour finir, il est bien de faire participer une autre personne à votre michloah manot, le faire à deux ou que l’autre lui envoie celui que vous avez préparé en disant biensur que cela vient de vous.

Faire le Michté (le Festin : repas de fête) :

Après la deuxième la lecture de la Meguila le jour de Pourim, nous organisons un festin l’après midi jusqu’au soir. Nous avons la mitsva de manger de la viande ou du poisson . Toute la famille et amis se réunissent pour se réjouir dans l’esprit du jour.

Les Prières Spéciales :

A Pourim, nous récitons le passage « Al Hanissim » dans la Amida, le soir (Arvit), le matin (Cha’arit) et l’après midi (Min’ha), ainsi que dans la bénédiction après le repas. Le jour de Pourim on ne travaillera pas, et il est reconnue si l’on travaille ce jour, aucun bénéfice financier ou autre en résultera.

Olam signifie « monde » en hébreux, qui a pour chorèch (racine) le mot Elèm qui signifie « voilement ».

De même qu’une main placé devant les yeux peut cacher la plus grande chaîne de montagnes,

de même la vie matérielle occulte la Lumière et les mystères que prodigue le monde.

Et celui qui peut éloigner de ses yeux cette vie étriquée comme on retire une main,

celui-ci contemplera l’immense clarté des mondes intérieurs.

Rabbi Nahman de Breslev, Prière numéro 2 547.

A nous de dévoiler la Lumière Divine !

Pourim Cacher Sameakh !

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