L’ancien ministre des Affaires étrangères du président déchu Hosni Moubarak jouit d’une réputation d’homme moderne et nationaliste. Il ne déplait ni aux Frères musulmans ni à l’armée et peut rassurer la minorité copte, estime Now Lebanon.Pour le général Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères égyptien et ancien secrétaire général de la Ligue arabe, la voie vers la présidence de l’Egypte semble désormais grande ouverte. Vu la manière dont les choses se présentent, rien ne paraît en effet s’opposer à sa victoire lors de l’élection de l’été prochain.

Le Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis le départ de l’ancien président Hosni Moubarak, a confirmé que les candidatures seraient ouvertes à partir de la mi-avril et que le scrutin se tiendrait à la mi-juin. Les trois étapes des législatives se sont déroulées avec moins de polémiques, de violences et d’irrégularités que l’on aurait pu craindre. Il est clair désormais que les Frères musulmans et les salafistes ont remporté la grande majorité des sièges plus des deux tiers »>Article original.

Amr Mussa, Sécrétaire général de la ligue arabe, pendant une conférence de presse au Caire le 15 janvier 2011.

Compte tenu des conditions difficiles dans lesquelles les élections parlementaires se sont tenues, on peut penser que la présidentielle se déroulera de manière tout aussi concluante sous le contrôle de l’armée. En dehors d’un soulèvement populaire dans les mois à venir, on a du mal à imaginer ce qui pourrait venir troubler son déroulement.

Un autre événement qui joue en faveur d’Amr Moussa est le désistement annoncé d’un de ses rivaux potentiels, Mohammed El-Baradei, l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a pris la tête de la Coalition nationale pour le changement. Sans citer de noms, il s’est plaint récemment que l’armée « préconise toujours l’ancienne voie comme s’il n’y avait pas eu de révolution ni de chute du régime ». Peut-être gage-t-il que le prochain président sera considéré comme l’homme de paille de l’armée et qu’il finira par sombrer avec le navire, ce qui serait un pari audacieux.

Les chances des deux autres rivaux déclarés d’Amr Moussa semblent plus faibles encore. En briguant la présidence, Abdel Moneim Aboul Fotouh a été exclu du mouvement des Frères musulmans, qui, pour des raisons tactiques, ne souhaite pas présenter des candidats à ce scrutin. Le Pr Mohammed Salim Al-Awa, un autre islamiste, ne représente une menace que pour Abdel Moneim Aboul Fotouh, renforçant d’autant la position d’Amr Moussa. Quant aux autres candidats potentiels, ils ne représentent pratiquement aucun danger.

Les huit sondages d’opinion réalisés depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011″>Article original ont montré qu’Amr Moussa arrivait en tête de tous les candidats potentiels. Il n’y a là rien d’étonnant, sachant que l’homme est connu dans tout le pays et que son style occidental séduit un large spectre d’électeurs au sein de la société égyptienne.

La popularité d’Amr Moussa vient du fait qu’il peut se présenter comme un homme qui, sous le régime Moubarak, s’est employé à défendre le rôle international de l’Egypte et sa position de chef de file dans le monde arabe. Les moins indulgents à son égard le décriront comme une sorte d’Henry Kissinger égyptien, qui, grâce à sa position à la tête du ministère des Affaires étrangères, a pu éviter les scandales dont la plupart de ses anciens collègues ne se sont pas relevés.

L’issue la plus probable en Egypte serait un partage du pouvoir entre une armée se réservant le dernier mot en matière de défense et de sécurité nationale, un président s’occupant essentiellement de politique étrangère et un Parlement tout-puissant sur la scène intérieure. Cette hypothèse a été renforcée par la victoire islamiste aux élections parlementaires et par les chances accrues d’Amr Moussa d’accéder à la présidence.

Bien sûr, ce partage fera l’objet d’âpres négociations, mais les trois institutions veilleront à ne pas prendre trop de risques. Le plus gros obstacle pouvant s’opposer à un tel arrangement serait que les violences contre les Egyptiens se retournent contre l’armée, comme ce fut le cas pour le régime Moubarak. Jusqu’ici, rien ne laisse prévoir un tel revirement.

Courrier International

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