Infatigable militante du devoir de mémoire de la Shoah, Édith Moskovic est décédée à Montpellier

 

La montpelliéraine Édith Moskovic, déléguée régionale de Yad Vashem, l’institut international pour la mémoire de la Shoah s’est éteinte mardi 8 juin à l’âge de 90 ans. Enfant juive, sauvée par une Juste, elle avait choisi de témoigner auprès des plus jeunes des horreurs du régime nazi.

Edith Moskovic allait témoigner dans les écoles des horreurs du régime nazi et de la shoa
Edith Moskovic allait témoigner dans les écoles des horreurs du régime nazi et de la shoa – CRIF Languedoc Roussillon

La montpelliéraine Édith Moskovic a consacré sa retraite au devoir de mémoire, de la Shoah , des horreurs du régime nazi, mais aussi de l’engagement de ses hommes et femmes qui ont, au péril de leur vie, sauvé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Pendant plus de 20 ans, elle a témoigné dans les écoles, collèges et lycées de la région. Elle s’est éteinte mardi 8 juin , à l’âge de 90 ans. Ses obsèques ont lieu ce mercredi.

Édith Moskovic, enfant juive, cachée, sauvée par une infirmière

Sa famille juive hongroise a fui son pays vers la Belgique et Bruxelles lors de l’instauration des premières lois antisémites en 1935, puis vers la France en 1940. Arrêtée en 1941 par la police française, ses parents et leurs huit enfants sont internés au camp du Récébédou en Haute-Garonne, Édith a 9 ans. La famille réussit à s’enfuir, son père soudoie les gardiens « avec un peu d’argent et son alliance, une nuit, ils ont coupé les barbelés » raconte -t-elle. La famille rejoint Bruxelles. En septembre 1942, après de nouvelles lois anti juives, son père décide de cacher séparément les enfants chez des habitants qu’il ne connait parfois même pas.

« On nous a volé notre enfance. »

Edith va ainsi vivre dans une famille belge dans un grenier, seule, coupée des autres membres de la famille, la plupart du temps dans le noir, elle a 11 ans. Un jour, un jeune résistant vient la chercher, lui dit qu’elle ne s’appelle plus Édith Moskovic mais Éliane Martin, et il l’emmène  dans une commune à une vingtaine de kilomètres de Bruxelles, à Ottignies, dans une institution catholique qui accueille de jeunes handicapés mentaux. Elle y restera cachée avec 24 autre enfants juifs jusqu’à la libération. L’infirmière responsable de la pension, Renée Jacqmotte, a été reconnue Juste parmi les nations.

Lorsqu’elle raconte aux élèves des classes ce jour où elle a vu son père arriver au bout du chemin, ses yeux bleus laissent souvent échapper une larme. Édith Moskovic a retrouvé toute sa famille, tous sains et saufs.

Elle s’est tue pendant 50 ans

C’est à sa retraite de secrétaire médicale, à Montpellier, qu’elle a choisi de s’engager, de parler, d’elle de son histoire,  » pour les autres, pour le devoir de mémoire, » et surtout auprès des jeunes, captivés, et impressionnés par la détermination de ce petit bout de femme qui n’avait pas besoin de hausser la voix, pour retenir l’attention. Elle répondait à toutes les questions.

Édith Moskovic était devenue la déléguée régionale de l’institut international pour la mémoire de la Shoah Yad Vashem, faite chevalier de la légion d’honneur en 2009.

Le Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France du Languedoc-Roussillon, évoque une Grande Dame, « qui a montré à quel point les témoignages et le devoir de mémoire permettent de lutter contre l’antisémitisme qui a brisé tant de vies.« 

Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, salue la mémoire de celle qui a consacré sa vie a témoigner auprès des jeunes générations.

 

 

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