Débarquement des troupes à Surcouf, près d’Alger. Source : Service historique de la défense
A la veille du  76 ème anniversaire du 8 Novembre 1942 – Débarquement allié en Afrique du Nord, Opération Torch- je voudrais relater les faits qui ont marqué un des préludes de la défaite nazie dans laquelle les juifs d’Algérie ont contribué. Le combat des juifs dans la Résistance en Algérie a été exemplaire.

 

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Dès octobre 1940, de jeunes Juifs d’Algérie sont  de retour du front, ne se résignant ni à la défaite ni à la perte de leurs droits, se regroupent en vue d’une action éventuelle.
Sous couvert de la salle de gymnastique Géo Gras, qu’ils ont ouverte, en plein centre d’Alger, Raphaël et Stéphane Aboulker développent une organisation clandestine, tout en diffusant des tracts et des affiches anti-vichystes. Ils se préparent au combat.

A l’arrivée du capitaine Pilafort à Alger, ami de la famille Aboulker, ces derniers acceptent de recruter une jeune troupe parmi les jeunes de la salle Géo Gras dont il sera le responsable.

Par l’intermédiaire de leurs cousins, Roger et Pierre Carcassonne, d’Oran, José Aboulker alors étudiant en médecine, démobilisé, est présenté à Henri Astier de la Vigerie, officier monarchiste et au colonel Jousse. Ils décident d’unir leurs efforts et de regrouper tous ceux qui veulent lutter contre Vichy et les nazis.

José Aboulker devient l’organisateur des effectifs et se charge de susciter et de coordonner l’action de différents groupes de volontaires. Il prépare avec Henri d’Astier, Bernard Karsenty, le colonel Jousse, et Guy Calvet-Cohen une action intérieure afin de favoriser un débarquement américain.

Le 23 octobre 1942, les militaires français, américains et britanniques, en présence de Bernard Karsenty, se rencontrent à Cherchell et décident du plan du débarquement en Afrique du Nord, désigné sous le nom d’opération Torch.

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Le 5-6 novembre, José Aboulker installe, rue Michelet (Alger), chez ses parents, le Q.G. de l’insurrection et attribue aux chefs de groupe, leurs affectations tenues secrètes jusqu’à ce jour.

A la veille de l’insurrection, les effectifs sont moins importants que prévus. Parmi les quatre cents conjurés, les juifs sont majoritaires y compris parmi les chefs de groupe qui sont : le Dr. Morali-Danino, Aboulker Raphaël, Maurice Hayoun et Paul Ruff.

Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC

Le 14-07-1942, au cours de la revue à Londres,  le général de Gaulle serre la main du général Eisenhower.  A gauche René CASSIN Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC

Dans la nuit du 7 au novembre 1942, les forces anglo-américaines débarquent en Algérie.

Le 8 novembre 1942, à 1 heure du matin, la Résistance algéroise s’empare des points stratégiques de la ville et met en état d’arrestation, les principaux chefs militaires dont le général Juin et l’amiral Darlan. A 2 heures, la ville est sous leur contrôle et, à 7h30, les Américains entrent à Alger, sans avoir tiré un coup de feu.

Sur le plan militaire, l’opération Torch est une réussite à laquelle les juifs d’Algérie ont largement contribué. Pourtant, les conjurés d’Alger seront incarcérés après l’assassinat de Darlan en décembre 1942. De plus, le décret Crémieux ne sera rétabli que le 21 octobre 1943. Ces événements n’empêcheront pas la communauté juive d’Algérie de rejoindre massivement les Forces Françaises Libres.

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José Aboulker est né en 1920 à Alger.  En avril 1940, alors étudiant en médecine, il est mobilisé comme élève-officier de réserve et démobilisé en février 1941. Dès septembre 1940, il fonde un réseau de résistance à Alger, en liaison avec son cousin Roger Carcassonne d’Oran, et devient par la suite l’un des principaux dirigeants de la Résistance en Algérie.
Les deux cousins préparent avec Henri d’Astier de la Vigerie l’assistance française au futur débarquement allié, en liaison avec le colonel Germain Jousse et le consul Robert Murphy, représentant du Président Roosevelt à Alger. Dans la nuit du débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, José Aboulker commande, au Commissariat central, avec son adjoint Bernard Karsenty et les concours de Guy Calvet et du Commissaire Achiary, l’occupation d’Alger par 400 résistants.

Ces derniers neutralisent les centres de commandement et de transmissions, occupent les points stratégiques et arrêtent les responsables militaires et civils vichystes, dont le général Juin, commandant en chef, et l’Amiral François Darlan. Le XIXe Corps d’Armée vichyste doit concentrer ses efforts sur les résistants au lieu de se porter contre les forces alliées débarquées.

Les débarquements autour d’Alger étant achevés, José Aboulker invite les chefs de groupes à évacuer leurs positions. Il organisa aussi avec le capitaine Pillafort, chef de groupe, des barrages avec les résistants rendus disponibles par l’évacuation de certaines positions, de façon à paralyser la mobilisation.

Si bien qu’au soir, les forces vichystes n’ont pas osé affronter le commissariat central, dernière place forte des insurgés.
C’est ainsi que, grâce à ce « putsch » du 8 novembre 1942, les Alliés débarquent sans opposition, encerclent Alger et obtiennent le soir même la capitulation de cette ville, avec son port intact, et la reddition des chefs de l’Armée d’Afrique. En revanche, à Oran et au Maroc, où le putsch a échoué, les Américains livrent trois jours de combats sanglants et incertains, et ne cessent le feu qu’après en avoir reçu l’ordre de Juin et Darlan, donné depuis Alger, sous la menace du général Clark. José Aboulker est arrêté sur l’ordre de Giraud, ainsi que la plupart des chefs de la résistance.
Libéré après la Conférence de Casablanca (1943), il s’engage dans les Forces françaises libres (FFL). Il est envoyé clandestinement, en octobre 1943, en France occupée, comme « Délégué à l’organisation du service de santé des Maquis et des F.F.I. » et prépare l’organisation sanitaire civile pour la Libération. Il y dirige les opérations de parachutage d’équipements chirurgicaux sur la France.

En août 1944, il part pour une autre mission dans le sud de la France en insurrection, afin d’installer les commissaires de la République à Toulouse, Limoges et Clermont-Ferrand. José Aboulker est délégué de la Résistance d’Algérie à l’Assemblée Consultative Provisoire de Paris en 1944-1945, et dépose une proposition de modification de la loi électorale en Algérie, pour permettre l’élection de députés musulmans algériens.

Après la guerre, José Aboulker entre au parti communiste et reprend en 1946 ses études de médecine. Il passe les concours d’interne des Hôpitaux de Paris, puis d’assistant.

Il devient professeur de neurochirurgie, et chef de service des Hôpitaux de Paris. Il s’engage pour l’indépendance de l’Algérie et s’oppose, en 1958, au retour du général de Gaulle. Mais ensuite, compte tenu de l’action du général dans le sens de la décolonisation, il vote en sa faveur en 1965.
José Aboulker est Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, ainsi que de la Medal of Freedom des États-Unis. José Aboulker est membre du Conseil de l’Ordre de la Libération depuis mai 1999.

Devenu après la guerre l’un des grands noms de la neurochirurgie française, cet homme chaleureux et discret, qui avait peu de goût pour les commémorations mais répondait volontiers aux questions des historiens, est décédé mardi 17 novembre, à Manosque  2009 (Alpes-de-Haute-Provence), à l’âge de 89 ans.

Adaptation par HG

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