Herr Doktor Hans Asperger :

du syndrome au symptôme !

Du syndrome d’Asperger…

Quitte à être autiste, autant l’être de façon intelligente. C’est sans doute la seule et grande découverte de ce psychiatre autrichien Hans Asperger né le 18 février 1906 à Vienne et mort en cette capitale le 21 octobre 1980. Diplômé de médecine en 1931, ce petit-fils d’agriculteurs n’aura pas démérité puisqu’il intègre plusieurs cliniques célèbres d’Autriche sous la direction d’éminents psychiatres et pédiatres de l’époque. Dès 1926, il travaille avec des enfants pour lesquels il préconise de développer une attitude affective afin de les soigner. « Les enfants » dont s’occupe Asperger ont de réelles capacités intellectuelles. Ils s’intéressent à des sujets particuliers avec beaucoup d’insistance et de détails, mais sont par ailleurs plutôt solitaires, présentent des troubles de la communication et des difficultés dans les interactions sociales. Ils restent par ailleurs maladroits et sont hyperémotifs…, comme d’ailleurs Asperger quand il était enfant. Hans Asperger postule à l’époque que si leurs capacités continuaient à se développer, ils deviendraient des adultes plutôt intelligents. En 1944, notre cher médecin décrit les troubles particuliers de ces enfants, mais ses résultats ne sont pas accessibles à l’époque, du fait de la guerre. D’abord décrit comme une psychopathie autistique, on ne reconnait ce syndrome que vers 1981, grâce à un article de Laura Wing. On va donc l’appeler du nom de son découvreur : le syndrome d’Asperger dit entre autre, autisme intelligent ou encore autisme de Haut Niveau. Mais en 2013, le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Discorders) le vide un peu de sa substance et le classe sous l’appellation plutôt fantomatique de  « trouble du spectre de l’autisme…»

Mais retour aux années 20.

La crise économique touche de plein fouet l’Allemagne. En 1924, le pédopsychiatre Léo Kanner (1894-1984) qui est aussi d’origine austro-hongroise, mais qui est devenu citoyen allemand, quitte l’Allemagne pour les Etats-Unis, avec sa femme et sa fille. En 1930, il crée le premier service de psychiatrie pour enfants à l’hôpital John Hopkins de Baltimore et c’est en 1943 qu’il écrit un article dans lequel il décrit chez 11 enfants suivis depuis 1938, les syndromes de l’autisme infantile qu’il différencie de la schizophrénie. Leurs troubles sont tels qu’ils peuvent aussi être séparés de la déficience mentale si bien qu’on les regroupe bientôt sous une entité pathologique dite, autisme de Kanner, appellation qui date de 1944, l’année même où en Autriche, Hans Asperger publie ses recherches proposées à un éditeur un an plus tôt, en 1943. En 1945, cette nouvelle entité nosographique découverte par notre Américain reçoit le nom de son auteur : l’autisme infantile de Kanner. Mais pendant qu’aux Etats-Unis, Léo Kanner fait ses recherches dans un cadre déontologiquement  irréprochable, Hans Asperger continue les siennes dans une Autriche désormais rattachée à l’Allemagne nazie. Ainsi sans difficulté idéologique aucune, va-t-il passer du syndrome d’Asperger, celui des enfants autistes au symptôme nazi d’Asperger, le sien !

Au symptôme d’Asperger

Nous le savions déjà, mais depuis quelques jours la presse et le Net dénoncent abondamment (Science post.fr, europe1. Fr, theguardian.fr, freezone.fr, haaretz.fr…) que Hans Asperger a coopéré de façon manifeste avec les nazis dès l’annexion de son pays par l’Allemagne le 12 mars 1938. Ainsi de l’autisme intelligent aux théories raciales, il n’y avait peut-être qu’un pas que Hans Asperger a facilement franchi. Au moins les « enfants Asperger », « mes petits professeurs » comme il les appelait tendrement, ne seront pas assassinés par les nazis comme le seront les handicapés mentaux dans l’opération T4 où de janvier 1940 à août 1941, les nazis en tuèrent entre 70 000 et 80 000. Hans Asperger n’a pas appartenu au parti nazi, mais il a activement coopéré avec des institutions qui servaient le national socialisme. Huit années de recherches faites par Herwing Czech historien de la médecine à la Faculté de médecine de Vienne ont abouti à établir de façon précise les liens entretenus par Hans Asperger avec le régime d’Hitler. Il écrit que le fameux docteur a participé au programme d’euthanasie des malades mentaux. Herr Doktor Asperger, appelons-le désormais comme tel, a envoyé deux fillettes qui avaient respectivement 2 et 5 ans, au célèbre sanatorium Am Spigelgrund de Vienne, où l’on a assassiné par injections létales de drogue pas moins de 800 enfants jugés impurs, entendez, des enfants juifs et des handicapés mentaux. Les deux fillettes devaient y mourir officiellement de « pneumonie » pendant que d’autres mourraient de faim. Le docteur Asperger a aussi participé à une commission chargée de décider du sort de 200 enfants dont 35 ont été éliminés, comme il a participé au programme d’hygiène raciale ainsi qu’à des programmes de stérilisations forcées. Il a également participé à des congrès où il disait publiquement son adhésion au national socialisme. Dès 1938, sait-on, il signait déjà ses comptes rendus diagnostics du trop célèbre Heil Hitler ! Médecin et serviteur zélé du nazisme sont ainsi confondus en une seule et même personne, Herr Doktor Hans Asperger !  Chaque discipline se penche sur son passé. Remercions le chercheur Herwing Czech qui nous montre que la médecine sait aussi regarder son histoire en face et qu’elle n’est pas « autiste » des barbaries de ces médecins nazis ou très proches de leur idéologie, qui avaient pourtant prêté le serment d’Hippocrate…

Par ©Jean-Marc Alcalay

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yoav

la reclassification de l’autisme en TSA ne vide rien du tout, c’est au contraire bien plus pertinent et précis, bien moins manichéen, car il s’agit bien d’une large game de comportements (dits “symptômes”) qui vont positionner le sujet sur le spectre. Avant de parler d’autisme intelligent (ce qui voudrait dire qu’il y aurait des formes d’autisme “bêtes” ?!) il aurait été convenable de nous donner votre définition de l’intelligence, l’ensemble de propriétés qui, selon vous, composent ce concept pas encore tout à fait défini consensuellement.

Charles Martel

Les autistes appelés naguère idiots savants ont des capacités mnésiques
dans certains domaines étonnantes mais ils restent inadaptés et hélas ces enfants deviennent des adultes différents dont un certain nombre finit schizophrène, donc Asperger encore une escroquerie germanique ou plutôt
Austro-germanique comme un certain Adolf

Israel Eden Tratner

Un bon article, mais il faut préciser une chose, on ne doit pas parler d’autisme typique ou d’autisme Asperger, mais de spectre autistique, en effet l’autiste a diffèrent niveaux et aucun enfant ou adulte autiste n’est le même. Il existe des nuances qui partent de l’autisme typique à celui d’Asperger en passant par celui dit de haut niveau, Il faut également savoir qu’aujourd’hui des enfant autistes qui sont bien pris en charge, peuvent passer d’un niveau à l’autre.
Aux Etat Unis les enfant autiste entre haut niveau et Asperger sont très recherchés pour les services « Recherche et Développement » des entreprises technologique, au Canada on les appels « Les enfants Extraordinaires » en Israel une unité de Tsahal a été spécialement créée pour eux il sont capable en étudiant des cartes satellite, de repérer des caches d’arme, des anomalies de terrain etc… Mon petit fils est autiste, à 11 ans c’est un as de l’informatique capable de s’introduire dans les systèmes et de déjouer les mots de passe et autre clés de blocage.