VaYéTSé: la force de la prière (vidéo)

La Torah raconte que dans son rêve, Jacob voit une échelle dont les pieds étaient posés sur la terre et dont le sommet atteignait les cieux et qu’HaShem Se trouvait en Haut, considérant le sol et, les anges, montaient et descendaient sur cette échelle dotée de quatre échelons.

Les exégètes de tous horizons ont consacré des réflexions très profondes à ce songe y décelant des allusions aux quatre « royaumes » qui asserviront le peuple juif au long de l’histoire. Certains y ont « vu » les 4 « mondes » de la création etc… Mais il existe une autre approche : celle de la prière.

 

En effet, en se basant sur la description faite de Rahel : יפת תואר וטובת מראה, les premières lettres de chacun de ces quatre mots forment le mot « yatom » c’est-à-dire : « orphelin ». « Tefilat yatom » ou prière de l’orphelin est considérée comme la prière d’une portée extrême: car l’orphelin est une personne qui n’a pour seul recours, n’ayant ni père ni mère, aucun protecteur, aucun recours mais, le seul recours dont il dispose est le Père de l’Humanité, le Créateur, dans toute Sa Majesté.

Les Sages expliquent cette importance de la façon suivante : HaShem envoie des épreuves à certaines personnes car IL attend de ces personnes qu’ils s’adressent à Lui par la prière. Jacob en arrivant au Mont Moriah, prie et instaure la prière de Ma’ariv (prière du soir).

Pour en revenir au songe de l’échelle de Jacob, le lieu où Jacob décida de s’endormir était un lieu d’une sainteté irréfutable puisqu’il s’agissait de l’endroit de la ligature d’Isaac. Et, ce fut le lieu-même où sera construit le Temple, et, le Saint des Saints.

C’est la raison pour laquelle, il faut comprendre le texte ainsi : les anges qui se trouvaient dans les cieux « montaient » vers ce haut lieu spirituel et « redescendaient » et, ils recueillaient la prière de Jacob pour la transporter vers HaShem qui se tenait au haut de l’échelle pour apporter Sa bénédiction au futur patriarche. Esaü ne nourrissait que de viles intentions vis-à-vis de son frère jumeau.

Sa réputation avait franchi les frontières et les fleuves. Léa sœur jumelle de Rahel avait ouï dire qu’on la destinait à Esaü alors que sa sœur était promise à Jacob.

Léa, ne possédait aucun recours contre la promesse faite par son père. Elle se trouvait dans la situation de quelqu’un d’orphelin qui pour demander son sauvetage ne pouvait que se fier à ses prières et à ses larmes : ne dit-on pas que les larmes sincères constituent une arme redoutable contre tous les décrets et même les plus mauvais ? Elle consacra désormais ses jours et ses nuits à prier et à pleurer abondamment pour que le Saint béni soit-IL lui évite ce déshonneur et lui réserve un meilleur parti : ses yeux se ternirent et elle n’était plus aussi belle que Rahel.

Cependant, elle fut exaucée et récompensée : elle épousa Jacob la première et lui enfanta six fils qui lui permirent d’orner son blason de trois couronnes incomparables : la couronne de la prêtrise (kehouna) avec Lévy, la couronne de la royauté (malkhout) avec Juda et la couronne de la Torah avec Issaskhar !!!

Aussi, lorsque Rahel n’entrant pas enceinte, elle reprocha à son illustre époux de ne pas prier pour elle et, il lui retourna le compliment en rétorquant : toi qui es si belle (יפת תואר וטובת מראה) tu as la possibilité de prier et d’être exaucée en priant et en pleurant comme ta sœur………alors….. Pries!

C’est ainsi que se dévoile la force incroyable de la prière dite avec des mots simples, d’un cœur sincère, qui souffre d’un état de choses.

Hanna, souffrait en elle-même de voir cette situation s’éterniser : Pnina, la seconde femme d’Elkana avait donné naissance à de nombreux enfants et elle raillait Hanna. Celle-ci humiliée pria d’un cœur plein d’amertume. Son époux, pour la consoler, lui dit : « ne suis-je pas, pour toi, mieux que 10 enfants » ? Mais il ne pria pas pour elle. Noé, ne pria pas pour sauver l’humanité, il ne pria pas pour lui et sa famille non plus. S’il avait prié peut-être les événements auraient-ils été différents ?

Léa souffrait de ce qui semblait être son destin. Elle s’abima en prières et en pleurs pour changer cet arrêt. Hanna fit de même. La prière de celui qui s’adresse directement au Créateur arrive directement vers Lui.

Les trois premières facettes de l’âme sont Nefesh, Rouah et Neshama ce sont les trois premiers échelons de l’échelle de Jacob. L’âme, se peaufine et se perfectionne pour arriver en fin de parcours spirituel vers les deux derniers degrés : yehida et haya. C’est de cet échelon qu’HaShem élève Sa créature vers les sommets de la sainteté et de la perfection (humaine).

Rashi souligne que celui qui est faible a toutes les chances de voir sa prière considérée ainsi qu’il est écrit dans l’Exode XXII, 23 : אם ענה תענה כי אם צעק יצעק אלי שמע אשמע צעקתו : si tu le mortifies et qu’il s’adresse à Moi, J’entendrais ses plaintes.. car, le faible ou l’opprimé n’a personne vers qui se tourner sinon vers le Maître de l’Univers….

Les anges montaient donc vers Jacob pour recueillir ses pensées et ses paroles et les apporter vers HaShem qui surveillait d’en-haut.

Le fait de prier le Très-Haut et de s’en remettre à Lui pour pouvoir poursuivre son existence loin des tracasseries qui rendent amer le quotidien n’est pas un acte de dévotion extrême. C’est seulement le recours en tous lieux et en tous temps mis à la disposition de la créature pour tous les motifs existants.

Abraham pria pour lui, pour son épouse et pour d’autres humains, même ceux qu’il ne connaissait pas comme ceux de Sodome et Gomorrhe.

Sarah pria pour son époux et pour elle. Cependant, Sforno releva le fait qu’elle a ri au lieu de simplement dire AMEN lorsque l’ange lui annonça qu’elle allait devenir mère : c’est-à-dire, qu’elle n’a pas compris que devenir mère à son âge était une sorte de re-naissance, une sorte de retour à sa jeunesse.

Jacob, était âgé de 77 ans lorsqu’il épousa Léa et commença sa vie de père de famille. Sur son chemin vers Laban, Jacob pria pour échapper à son frère Esaü et ses envoyés mais aussi pour ne pas faillir et, malgré un environnement idolâtre et ennemi, il puisa dans l’enseignement de ses maîtres : Shem et Ever chez lesquels il se renforça dans sa piété et dans l’observance de la loi juive. C’est ainsi qu’il put former ses épouses et leurs servantes et les préparer à être les mères de ses douze fils.

La prière est une force incommensurable et insoupçonnable mise à la disposition des humains.

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Caroline Elisheva Rebouh

 

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