VaYAKheL-PéKouDé: La construction du Mishkan ou Tabernacle (vidéo)

Caroline Elishéva REBOUH le 17.03.2020

 

 

Rashi précise dès ce premier mot de la sidra que Moshé Rabénou a rassemblé le peuple, dans le but de procéder à la construction du Mishkan ou Tabernacle, dès le lendemain de Kippour.

Rabbénou Behayé, pour sa part, exprime que d’après lui, si la construction du Tabernacle s’est faite relativement rapidement (les offrandes et la construction se ont faites en 70 jours), de la même façon que la collecte de l’or pour la fabrication de l’idole d’or s’est faite avec une extrême rapidité.

Le grand exégète biblique pense donc que la rapidité à ériger le Mishkan a « racheté » la construction du veau d’or.

Et, le rassemblement autour de Moïse « rachète » celui qui eut lieu autour d’Aharon lorsque les gens qui se joignirent au peuple juif au moment de la sortie d’Egypte réclamèrent du Grand Prêtre de leur façonner une idole.

Le Midrash Tanhouma affirme que lorsque le peuple accéda à la mitsva de la construction du Tabernacle ce fut avec un zèle immense et que la tente du Témoignage fut la « preuve » du pardon accordé quant à cette faute du veau d’or.

La faute du veau d’or fut une faute grave et impardonnable. Pourtant, Moïse s’est porté défenseur du peuple et, HaShem lui a assuré qu’IL avait pardonné : « סלחתי כדבריך  » c’est-à-dire J’ai pardonné comme tu me l’as demandé… Bien que les médias tels que nous les connaissons aujourd’hui n’existaient pas à l’époque, HaShem a Sa façon à LUI de faire savoir les choses…

Ainsi lors de la déchirure de la Mer Rouge sur tout le globe terrestre toutes les étendues d’eau – quelles qu’elles soient – se sont partagées en 12 « couloirs ». Pour porter à la connaissance du monde entier le fait que la faute du veau d’or avait été pardonnée, HaShem imposa l’usage de la Ketoret (encens) qui fumait et diffusait les parfums deux fois par jour. Le parfum était si exquis et si puissant que, nous assure le Talmud, les femmes n’avaient nul besoin de se parfumer. De plus, les populations jusqu’à Jéricho bénéficiaient de l’odeur de la ketoret !

Le Roi Salomon dans son Cantique des Cantiques – dont on sait qu’il s’agit d’une parabole de l’amour que D. porte à sa fiancée (Peuple d’Israël) – utilise, dans nombre de figures, certains parmi les différents composants de l’encens : notamment le « MOR » qui figure lui-même dans le nom de cette montagne de Jérusalem, le Mont Moriya (Har HaMoriya).

Les divers ingrédients cités dans le Pitoum HaKetoret sont tous issus de la flore sauf UN ! Le Mor. Qu’est-ce que cette sorte de « parfum » ? Voici un énoncé des différentes catégories de sacrifices utilisés : ils proviennent de différents règnes : le minéral, le végétal, l’animal et… le « parlant »… En effet, les aromates divers et les offrandes de semoule, pains, huiles etc… proviennent du règne végétal, les sacrifices du règne animal !…. et le « mor » d’où provient-il et surtout que désigne-t-il ?

Le Midrash pointe « le doigt » sur la question en s’appuyant tout d’abord sur un sens caché : Abraham est surnommé « tsror hamor » צרור המור ou bouquet de parfum car dit le texte, la véritable « senteur » d’Abraham ne se révéla qu’à partir du moment où il fut précipité dans la fournaise (kivshan haesh כיבשן האש ).

La Guemara Berakhot s’exprime ainsi : lorsqu’un animal est offert en sacrifice c’est un corps qui est offert mais un corps, sans neshama (sans âme » (humaine)).. Le Ketoreth est un ensemble de parfums destinés à réconforter l’âme, et à la réjouir également. L’âme est appelée ketoreth. A la fin du shabbat, lors de la cérémonie de la havdala, on respire le parfum de certaines plantes/fleurs/épices pour apaiser l’âme qui se sépare de la neshama supplémentaire reçue pour shabbat ! Le « Mor » est aussi une substance dont les effluves exquis ne se révèlent qu’après avoir été brûlée…

Le « Mor » entre dans la composition de l’huile d’onction. L’exégète espagnol Abraham Ibn Ezra donne une première définition de ce qu’est « mor » : il s’agirait d’un ingrédient nommé « מושק » en hébreu (moussak ou musc) d’origine animale. Cette matière, d’un prix exorbitant, proviendrait d’une sorte de cerf vivant en Inde. Cet animal, lorsqu’il vit et évolue en liberté et à l’état sauvage exaspéré et incommodé par la chaleur, dans des situations de très forte chaleur se gratterait jusqu’au sang et par cette opération de grattage extrême se délesterait de cette matière issue d’une glande située à la base du cou.

Se pose la question de savoir si cette bête est pure ou impure et si elle est impure, est-il possible d’utiliser ce produit issu d’une bête non permise pour l’inclure dans le Ketoret et, si la bête était permise, le fait que cet ingrédient soit mêlé de sang est-il donc possible de l’utiliser ?

Le Ramban prend position et affirme qu’à son avis il n’existe aucun problème halakhique pour utiliser ce musc qui serait considéré comme une sécrétion (hafrasha הפרשה) du vivant de l’animal et non pas après qu’il ait été tué. Pour lui, le Mor est d’origine végétale et non animale. Il ajoute que le mor se suffit à lui-même et ne nécessite aucun mélange.

Selon ce dernier, la faute d’idolâtrie est une contravention à la loi qui blesse l’âme profondément et pour « réparer » ce dommage, seul le ketoreth peut intervenir en laissant dans leur consumation des émanations délicates.

Une autre question se pose à l’instar de celle qui se posa dans Ki Tissa où l’on s’était étonnés du fait que la helbana était un ingrédient très nauséabond parmi les autres très odoriférants et agréables : pourquoi le mor issu d’un animal impur prendrait-il une bonne place dans l’élaboration du ketoreth ?

Le Traité de Sanhédrine à propos du Mashiah souligne qu’il est parfois souhaitable que, parmi les antécédents d’un personnage apparaisse un défaut…. Ainsi, fait-on remarquer dans Sanhédrine leMashiah ben David doit pouvoir déceler le bien et le mal de manière à pouvoir intervenir si la génération dans laquelle il apparaît est bonne ou mauvaise ainsi qu’il est écrit :
אין בן דוד בא אלא בדור שכולו זכאי או כולו חייב……….
Le fils de David ne peut venir que dans une génération entièrement innocente ou entièrement coupable.

Ainsi fait-on ressortir qu’au long de l’histoire juive, quatre personnages importants comptaient dans leur ascendance quelqu’un d’impur les Sages les citent de cette façon :
Abraham descendit de Terah, Hizkiyahou descendit de Ahaz, Yoshiyâ decendit de Amon et Mordékhay (Meguila) descendit de Shim’î ben Guéra.

Le Hatam Sofer à ce propos tranche le Mor (musc) vient d’une bête impure pour accéder à la kedousha (sainteté).

Caroline Elishéva REBOUH

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