VAETHANANE 5780: L’OUÏE, LA VUE ET LA PAROLE…

Caroline Elishéva REBOUH le 30.07.2020

La sidra de Vaethanan est toujours lue après le jeûne de 9 beav, pour ce shabbat de consolation qui est surnommé « shabbat nahamou » (de consolation) d’après les deux premiers mots de la haftara extraite des prophéties d’Isaïe : « Nahamou, nahamou âmi » (נחמו נחמו עמי) et c’est le premier des 7 shabbatot de consolation.

Shlomo HaMelekh (le Roi Salomon) a écrit : מָוֶת וְחַיִּים, בְּיַד-לָשׁוֹן; וְאֹהֲבֶיהָ, יֹאכַל פִּרְיָהּ. La mort et la vie sont au pouvoir de la langue; ceux qui aiment l’exercer en goûtent les fruits.

En dehors de nous aider à véhiculer nos idées, la parole, sert à prier, à employer le verbe de manière positive pour louer l’Eternel, Le prier, Le supplier. Dans la plupart des religions, la prière ne s’articule pas, elle reste prisonnière des cœurs et des esprits.

La péricope de cette semaine est un texte très riche, puisque Moshé Rabénou rappelle à quel point il a prié et supplié HaShem d’annuler Son décret lui interdisant l’entrée dans ce pays promis déjà à Abraham, puis, les Dix paroles seront redites avec de petites différences lexicographiques qui ne sont pas sans signification, ainsi que nous l’avions signalé l’an passé….

Il sera question aussi du Shemâ Israël, et des Tefiline, des Mezouzoth.
Ce sont donc 3 des cinq sens qui seront suscités : la parole (pour la prière), l’ouïe (avec le Shémâ) et la vue (avec les tefiline, le talith et la mezouza) :
La parole, prévient le Roi Salomon, le plus sage des hommes, peut être capitale dans un témoignage, les mots prononcés par le témoin peuvent signer la grâce ou la condamnation ! Parfois un mot de trop peut arriver à nous faire regretter d’avoir parlé imprudemment.

Nous avons déjà vu, les années précédentes, combien les prières (תפלה) les louanges (שירה) les suppliques se rejoignent sur le plan numérique puisque vaethanane = 515 tout comme tefila ou shira mais il y a un autre aspect de la personnalité et du rôle de Moshé Rabbénou tout au long des 80 années où Moïse est devenu « L’HOMME DE D. » : ce personnage illustre d’une stature si particulière, a tout donné et tout sacrifié par le DON DE SOI qui se traduit par le mot נתינה du verbe hébraïque donner (לתת) or, ce vocable : netina est équivalent à 515 ou vaethanane ce qui laisse entendre : en priant, en suppliant HaShem de lui pardonner d’avoir utilisé la parole au lieu de frapper le rocher en mettant en contre poids toute la netina dont il a fait preuve 80 ans durant pour ce peuple ! La parole et le don de soi n’ont pas pesé assez fort pour permettre à Moïse d’entrer dans le pays de Canaan…

Cependant, Moïse, malgré toutes les qualités dont il fut doté a été surnommé l’homme de D. mais c’est de nos trois patriarches que nous nous recommandons lorsque nous prions la prière de la Amida en récitant D. d’Abraham, d’Isaac et Jacob !

Sur le plan de la démarche également, il est aisé de remarquer qu’avant la destruction de Sodome et Gomorrhe, alors qu’il se livre à un marchandage sans merci pour tenter de sauver ces villes qu’Abraham marche DEVANT l’Eternel tandis que Moïse chemine à côté de HaShem ! Ces personnages parlaient à D. sans artifice alors que si les très grands prophètes que nous avons eus parlaient également avec D. ils devaient toutefois attendre d’être « convoqués ».

Quotidiennement, c’est à trois reprises encore, le Juif récite sa profession de foi : Shem Israël HaShem Elokéynou, HaShem EhaD puis, après avoir murmuré ce bref verset, qui est baroukh shem kevodo léôlam vaed, nous récitons : véahaveta.

Nos Sages commentent ainsi : la lettre payine qui est à la fin du mot shémâ est accentuée de même que l’est la lettre daleth qui se trouve à la fin du mot Ehad pour que le âyin et le daleth forment le mot êd ou témoin c’est-à-dire que cette profession de foi est un témoignage, témoignage du fait que nous avons vu tout ce qu’HaShem a fait pour nous, que nous avons été les témoins de la dédication de la Torah.

Mais, ces deux lettres lues à l’envers forment un mot également qui est DÂ ou SACHE, car il ne suffit pas d’avoir été témoin encore faut-il SAVOIR et étudier cette Torah qu’IL nous a offerte.

Le dernier mot étant EHAD, de valeur numérique 13, nous enchaînons « veahaveta » le mot ahava équivaut aussi à 13 ce qui nous fait comprendre encore ici plusieurs choses : en sachant que notre Créateur est unique il va de soi que nous ne devons aimer que Lui mais, également en sachant que le fait qu’HaShem soit un D. de Miséricorde (Tétragramme) il n’empêche en rien qu’IL est aussi un D de Justice/Rigueur (Elokim).

SHEMÂ. En prononçant cette profession de foi nous devons disposer les doigts d’une main sur les yeux de manière particulière : le pouce et l’auriculaire sont maintenus sur les deux yeux et les trois autres doigts (l’index, le majeur et l’annulaire) sont déposés sur le front.

Ces trois doigts font allusion à la lettre shine, le pouce à la lettre daleth et l’auriculaire à la lettre youd.

Ces trois lettres forment l’un des noms de D que souvent l’on entendait nos grands-mères invoquer : « Sha-day » ! ce nom a plusieurs significations : il peut être le sigle de « shomer delatot Israël » et c’est la raison pour laquelle on le retrouve souvent sur les étuis de mezouzoth. Mais, ces trois lettres peuvent signifier : Shéomer Day (qui dit cela suffit).
Le mot SHEMÂ peut être aussi un sigle qui désigne trois fonctions : SHoméâ (écoute) MEdaber (parle) Âyen (regarde)….

Le texte du Shémâ d’ailleurs fait largement référence au fait que les tefiline ou les tsitsioth (franges du talith) servent de signe (אות ) entre tes yeux à tout moment sauf pourtant le shabbat car les tefiline ne sont pas portés shabbat et fêtes mais, le talith avec les tsitsioth sont portés tout le temps : matin, après-midi, soir, shabbat ou fêtes, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les hassidim portent leur talith pour rappeler à tous ceux qui le voient que les tsitsioth sont un commandement divin.

Caroline Elishéva REBOUH

 

Ce cours est dédié à la la Mémoire de Abraham Ben Yosef Guedj  Z’l qui a quitté ce monde le 11 Av 5733 (1973)

 

« Ecoute Israël, l’Éternel notre D.ieu est un D.ieu unique » (Deutéronome, 6, 4)

En plus d’une répétition des Dix commandements, nous trouvons dans cette sidra un des versets les plus connus et les plus populaires parmi les juifs: le Chema.

Si ce verset jouit d’une telle notoriété, c’est parce qu’il constitue la profession de foi du judaïsme : la croyance en l’unicité de D.ieu.

 » Ecoute Israël « , dit Moise, fais bien attention à ce que je vais te dire maintenant car c’est particulièrement important :  » L’Éternel notre D.ieu est un D.ieu un. «  Celui que nous aimons actuellement nous seuls, ce D.ieu auquel nous nous soumettons et dont nous reconnaissons la souveraineté, est en vérité le seul et unique D.ieu.

Et si aujourd’hui tant d’hommes ne le vénèrent pas encore et n’admettent pas qu’il est l’unique, nous sommes persuadés qu’un jour viendra où il sera reconnu comme tel par tous les hommes.

Nous savons qu’Abraham a été le premier à identifier le D.ieu unique et à le faire connaître et aimer autour de lui.

Et sa  » découverte  » a constitué un progrès immense à son époque. La pluralité des dieux entraîne, par la force des choses, des cultes différents et les adeptes de ces cultes ne peuvent faire autrement que se détester et même s’entretuer.

Les dieux eux-mêmes sont d’ailleurs censés se battre pour remporter la victoire et prouver leur supériorité sur un autre dieu rival.

En affirmant et en proclamant l’unité de D.ieu, la Torah lutte donc, non seulement pour faire connaître une vérité évidente – que le monde n’a qu’un souverain maître, de même qu’il n’a eu qu’un créateur – mais aussi pour établir l’entente, la paix, le bonheur entre tous les hommes, unis par une même foi en un même D.ieu unique.

Pour l’instant, il y a un D.ieu unique et un peuple unique qui a bien voulu accepter de s’allier à lui par l’intermédiaire de la Torah unique.

C’est le peuple d’Israël qui est le témoin vivant, de par sa fidélité, de l’unité de D.ieu ; il est le TÉMOIN – mot formé par les dernières lettres du premier et du dernier mot du CHEMA, écrits dans la Torah en plus gros caractères que le reste du verset.

Mais pour témoigner utilement en faveur de cette unité il nous faut  » aimer l’Éternel de tout notre cœur, de toute notre âme et au prix de tous nos biens  » et œuvrer pour la constitution d’une humanité unique.

LE RABBIN JEAN SCHWARZ

 

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