C’est, du moins, un argument qui a été entendu à Jérusalem cette semaine. Mené par le Middle East Forum de Philadelphie, des dirigeants et analystes pro-israéliens se sont rassemblés dans la capitale pour mettre en lumière le soutien local à leur objectif de redéfinition du conflit israélo-palestinien sur la scène internationale.

« Après plus d’un siècle, le conflit est réellement terminé », a dit à JTA Daniel Pipes, président du Forum (et blogueur pour le Times of Israël). « En tant qu’Américain, je voudrai que mon gouvernement dise au gouvernement israélien ‘faites ce que vous devez faire pour convaincre les Palestiniens qu’ils ont perdu’. »

Pipes organisait dimanche soir un évènement anglophone au Centre Begin pour fêter l’inauguration d’un nouveau rassemblement à la Knesset mardi, qui a pour objectif de forcer les Palestiniens à reconnaître leur défaite. Il a déclaré qu’il espérait que le rassemblement de la victoire israélienne de la Knesset, ainsi qu’un sondage révélé dimanche à JTA, permettrait de convaincre les décisionnaires américains de « laisser Israël gagner. »

Dans un article publié dans le numéro de décembre 2016 de Commentary, Pipes décrivait ce qu’Israël devait faire pour « encourager les Palestiniens à accepter Israël et décourager le rejectionnisme. » Il recommandait notamment de faire payer l’Autorité palestinienne (AP) pour les dégâts matériels causés par le terrorisme, d’interdire aux responsables de l’AP de retourner en Cisjordanie si leurs collègues incitaient à la violence, d’organiser des enterrements anonymes et silencieux pour les Palestiniens tués en attaquant des Israéliens, et de couper l’eau et l’électricité pour punir les violences palestiniennes.

« Induire un changement d’esprit n’est pas un processus agréable », écrivait Pipes. Cependant, poursuivait-il, « les guerres se terminent généralement quand l’échec entraîne le désespoir d’un côté, quand ce côté a abandonné ses objectifs de guerre et accepté sa défaite, et quand la défaite a épuisé la volonté de combattre. »

Le rassemblement de la victoire de la Knesset sera co-présidé par les députés Oded Forer, du parti Yisrael Beytenu, et Yaakov Peri, du parti Yesh Atid, qui est un ancien directeur du Shin Bet. Six députés ont pour l’instant rejoint le rassemblement.

Des orateurs israéliens, américains et britanniques ont pris la parole un à un pour défendre une vision du conflit israélo-palestinien : le projet sioniste était de construire Israël. Le projet national palestinien était de détruire Israël. Une seule partie pouvait gagner, et c’est Israël.

A présent, ont-ils affirmé, les alliés d’Israël, et surtout les Etats-Unis, doivent se dispenser de longues et infructueuses négociations de paix et permettre à Israël de finir le travail, en forçant les Palestiniens à reconnaître leur défaite.

Malgré leur vision partagée sur la fin du conflit, les orateurs ont montré leurs grandes divergences sur leur conception du monde et leurs priorités.

Pipes a déclaré qu’en « perdant » le conflit, les Palestiniens pourraient en fait y gagner encore plus qu’Israël, parce qu’ils pourraient « avancer vers quelque chose de mieux, de plus constructif, construire leur propre politique, leur propre économie, leur propre société et leur propre culture. »

A l’instar de Pipes, Richard Kemp, ancien commandant des forces armées britanniques en Afghanistan, a déclaré que mettre fin au conflit israélo-palestinien nécessiterait un changement d’attitude à l’étranger.

« Je pense que la clé ici n’est pas Israël. Israël doit évidemment jouer un rôle important, mais la clé est la communauté internationale. C’est la communauté internationale qui, par ses actions, continue d’encourager l’agression contre Israël », a-t-il affirmé.

Le député Yehuda Glick, militant juif orthodoxe et député du Likud, a cependant affirmé qu’Israël était responsable de sa propre destinée. En faisant de lui « un phare parmi les nations », Israël apportera « la paix sur la région et dans le monde », a-t-il dit.

« Oui, évidemment, ils devront reconnaître Israël comme Etat juif. Evidemment, ils devront cesser l’antisémitisme. Mais ce n’est pas ce que nous avons à faire. Nous devons faire ce qui est bon pour nous, et nous devons poursuivre », a-t-il dit.

Einat Wilf, ancienne députée travailliste, a expliqué qu’avec le temps, elle avait abandonné l’idée de faire la paix avec les Palestiniens. Elle a suggéré que le conflit ne prendrait fin que quand les Arabes seraient forcés de réinterpréter le rôle du sionisme dans leur histoire.

« Nous réécrivons nos vies pour transformer nos défaites en triomphes, n’est-ce pas ? C’est ce que font les hommes, a-t-elle dit. Alors, les Arabes et les Palestiniens réécriront un jour leur histoire, leur théologie, pour reconnaître la présence juive ici comme une partie de leur vision : les Juifs sont venus ici parce que c’est ainsi que cela devait être selon l’islam. »

D’autre part, un sondage commandé le mois dernier par le Middle East Forum a montré que 82 % des Israéliens ne pensent pas que les dirigeants palestiniens reconnaîtront Israël comme l’Etat du peuple juif, quelles que soient les conditions. Une majorité d’Israéliens pensent que c’est le plus grand obstacle à la paix. La marge d’erreur du sondage est de 3,7 points.

Dans son dernier livre, The only language they understand (« La seule langue qu’ils comprennent », non traduit en français), Nathan Thrall, analyste du Moyen Orient, affirme qu’Israéliens et Palestiniens n’ont historiquement fait des concessions que quand ils y ont été forcés, par la violence ou par la politique. Il ajoute qu’Israël a bénéficié du processus de paix et qu’il serait improbable qu’il y mette fin, tout comme les puissances mondiales.

« Il permet la perpétuation du statu quo. Quand il n’y a pas de discussions, les peuples commencent à s’agiter. Le monde ne veut pas soutenir une occupation indéfinie, a-t-il dit à JTA. Il est très peu vraisemblable que les Etats-Unis ou la communauté internationale adoptent une position de soutien à la ‘victoire israélienne’. Il me semble que ce groupe ne présente qu’un spectacle pour demander un certain changement rhétorique. »

Andrew Tobin Daniel Pipes.org

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