Dakar défend un contrat d’armes jugé douteux impliquant une société israélienne

Le contrat avec le Sénégal n’aurait pas été signé par un homme d’affaires nigérien douteux, mais pour son compte par le fondateur d’une compagnie israélienne.

Le gouvernement sénégalais a invoqué le secret Défense jeudi pour justifier un contrat d’achat d’armes passé pour le ministère de l’Environnement avec une société dirigée selon un consortium de journalistes par un homme d’affaires nigérien mis en cause dans des marchés d’armement douteux.

Le consortium Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) rapporte sur son site que l’État sénégalais a signé début 2022 un contrat de 77 millions de dollars avec une société peu connue pour la fourniture de fusils d’assaut, pistolets semi-automatiques, munitions et autres équipements destinés au ministère de l’Environnement.

La société en question, Lavie Commercial Brokers, créée seulement quelques semaines auparavant, est dirigée par le Nigérien Aboubakar Hima, dit l’OCCRP.

Aboubakar Hima est cité dans son pays depuis 2020 dans une affaire de contrats de fourniture de matériels militaires surfacturés, dont certains n’auraient même pas été livrés. Aboubakar Hima, alias « Petit Boubé », serait derrière la signature de contrats équivalant à quelque 130 millions d’euros passés entre 2015 et 2018 avec une société enregistrée au Nigeria, dont le tiers aurait été surfacturé et non honoré, indiquait en 2020 un rapport provisoire d’audit.

Son nom est aussi apparu par le passé comme intermédiaire dans la passation de contrats douteux pour l’achat d’armes pour l’armée du Nigeria. Il est recherché par les services anti-corruption du Nigeria, dit l’OCCRP.

L’OCCRP écrit que le contrat avec l’État sénégalais a été signé, non par Aboubakar Hima, mais pour son compte par le fondateur d’une compagnie israélienne, disposant d’une licence d’exportation d’armes délivrée par les autorités israéliennes. Cet homme, David Benzaquen, est à présent un des dirigeants de Lavie Commercial Brokers, avec laquelle l’État sénégalais a conclu le contrat, dit l’OCCRP.

Le consortium écrit que l’État sénégalais n’a pas lancé d’appel d’offres. Il s’interroge aussi sur le choix des partenaires et sur la nécessité d’une commande aussi importante pour le ministère de l’Environnement tout en reconnaissant que les gardes forestiers de Casamance, région frontalière du sud en proie à une rébellion et aux trafics de bois et de drogue, avaient besoin d’armes.

Le porte-parole du gouvernement sénégalais Abdou Karim Fofana a assuré que le contrat avait « été passé conformément à la règlementation en vigueur », sous le sceau du secret Défense permettant de ne pas lancer d’appel d’offres pour les marchés touchant à la sécurité du pays.

Il ne conteste pas la passation du contrat. Mais il souligne dans un communiqué que le ministère de l’Environnement est fondé à passer de tels marchés, pour les agents des forêts ou des parcs nationaux par exemple, « qui sont assimilés aux forces de sécurité et de Défense ». Il invoque la nécessité d’un « équipement de qualité » face au « développement des mouvements terroristes et (au) trafic illicite de bois » dans les zones frontalières et « stratégiques ».

Source : fr.timesofisrael.com

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