Un cabinet de généalogie aixois retrouve la trace d’une Juste

Rafle du Vél’ d’Hiv : un cabinet de généalogie aixois retrouve la trace d’une Juste

Le travail de recherches a fini par payer pour un descendant de victimes de la Shoah. Grâce à un cabinet de généalogie aixois, un octogénaire a pu retrouver la famille de la voisine qui lui a sauvé la vie en 1942, lors de la rafle du Vel d’Hiv.

La rafle du Vel’ d’hiv est dans tous les esprits. C’est la plus grande opération d’arrestations et de déportations de juifs en France. Voici l’histoire d’un homme, aujourd’hui octogénaire, sauvé par sa voisine en 1942, lors de la rafle du Vel d’hiv.

Mathilde Gauthier faisait partie des Justes qui aidaient les juifs. Daniel Herszbaum a pu retrouver la trace de celle qui lui a sauvé la vie grâce à un cabinet de généalogie situé à Aix-en-Provence.

De la famille du tailleur Gadel Herszbaum, seuls ses deux petits garçons, René et Daniel, ont échappé à l’horreur nazie grâce à la compassion et au courage d’une femme ; une certaine Madame Gauthier, leur voisine d’en face.

En ce mois de juillet 1942, Mathilde Gauthier va cacher à son domicile les deux bambins, et leur maman Yvonne. Âgés de 7 et 2 ans, les deux frères échappent à la rafle du Vel d’hiv.

La lettre de la mère de Daniel et René Herszbaum, envoyée à Mathilde Gauthier, quelques jours après la rafle du Vél’ d’hiv. • © D.R / Famille Herszbaum

Les deux enfants sont ensuite exfiltrés vers la Sarthe et sauvés, grâce à une chaîne de solidarité qui se met en œuvre.

Leur mère, Yvonne, n’aura pas cette chance. Arrêtée deux ans plus tard, elle est envoyée vers les camps de la mort dont elle ne reviendra pas.

Pour Daniel Herszbaum, 82 ans aujourd’hui, retrouver la trace de celle qui lui a sauvé la vie, c’était bien plus qu’un devoir.

« Je ne savais rien du tout de cette histoire. Je n’avais que deux ans en 1942. Quand j’étais adolescent, mon frère m’a présenté à Mme Gauthier. C’est une femme extraordinaire, formidable. Elle a pris des risques énormes en cachant mes parents, mon frère et moi. Nous sommes restés plusieurs jours chez elle, et elle nous a sauvé la vie. C’est grâce à elle que je vis encore », confie avec émotion Daniel Herszbaum.

Mathilde Gauthier a sauvé la vie de deux enfants juifs, lors de la rafle du Vél’ d’hiv. • © D.R / Famille Herszbaum

Acteur de la mémoire

Touché par cette histoire universelle, l’Etude Guénifey, basée à Aix-en-Provence, accepte de mener l’enquête à titre gracieux. Un chercheur spécialisé en généalogie successorale parvient, de fil en aiguille, à remonter aux ayants-droits de Mathilde Gauthier, à partir d’un maigre faisceau d’indices.

« Le chercheur n’avait qu’un nom, un prénom et une adresse. Il est allé faire toutes ces recherches avec l’aide de certains de ses collègues puisqu’il y avait quelques renvois dans d’autres régions de France pour retrouver tout simplement les preuves, les actes de naissances, actes de mariage etc…Et toues ces enquêtes de terrain ont permis de retrouver la trace de Mme Gauthier et de toute sa descendance derrière », explique Julien Llorca, Président de l’étude généalogique Guénifey.

Dernier acte de ce travail de reconnaissance

Le 24 novembre 2022, le titre de « Juste parmi les Nations » est remis à titre posthume au petit neveu de Mathilde Gauthier, par le comité français pour Yad Vashem.

La médaille de Mathilde Gauthier remise à son petit-neveu le 24 novembre 2022, à la mairie du 7ème à Paris.

La médaille de Mathilde Gauthier remise à son petit-neveu le 24 novembre 2022, à la mairie du 7ème à Paris. • © D.R / Famille Herszbaum

« Quiconque sauve une vie, sauve l’univers tout entier », cette phrase extraite du Talmud, gravée sur cette médaille, honore la geste héroïque de cette grande dame, disparue en 1985.

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Dans les bras de leur mère, Daniel Herszbaum (à gauche) et son frère René ont échappé à la rafle du Vél’ d’hiv grâce au geste héroïque d’une femme.