Vincent Isore/IP3 ; Paris, France le 14 Novembre, 2021 - 11eme Convention nationale du Conseil representatif des institutions juives de France CRIF - Haim Korsia CRIF, INSTITUTIONS JUIVES, JUIF (MaxPPP TagID: maxnewsfrfour843046.jpg) [Photo via MaxPPP]

 

Suicide assisté : le grand rabbin de France s’alarme d’une « rupture anthropologique tragique »

La légalisation de l’aide active à mourir, après l’avis favorable rendu par le Comité consultatif national
d’éthique. Il y verrait une « rupture anthropologique tragique », alors que l’effort doit porter, selon lui, sur le
développement des soins palliatifs.

Si le président Emmanuel Macron se préparait à une riposte des responsables de cultes face à sa volonté de légiférer sur la fin de vie, peut-être ne s’attendait-il pas à ce que l’un des premiers à réagir soit le grand rabbin de France, Haïm Korsia, et qu’il le fasse aussi fermement. Dans un entretien accordé à La Croix mercredi 14 septembre, le chef religieux de la première communauté juive d’Europe a dit s’inquiéter d’une « rupture anthropologique » si le suicide assisté venait à être légalisé. Euthanasie, suicide assisté, fin de vie : ce que dit l’Église catholique « J’entends et comprends la souffrance des gens » face à des « situations inacceptables », « je l’ai accompagnée parfois, confie Haïm Korsia. Mais cette rupture, dans le fait que la seule réponse qu’une société puisse apporter
est la mort, c’est tragique ».

Le grand rabbin de France s’exprime au lendemain de l’avis rendu par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), selon lequel « il existe une voie pour une application éthique de l’aide active à mourir, à certaines conditions strictes ». Euthanasie : « Le CCNE vient d’enterrer la spécificité de l’éthique à la française »
« Surpris » par cet avis, Haïm Korsia estime que « les lois Leonetti (2005, contre l’obstination déraisonnable, NDLR) puis Claeys-Leonetti (2016, ouvrant droit à une sédation profonde et continue jusqu’au décès, NDLR) sont formidables d’humanité et d’équilibre. Il n’y a nul besoin d’aller plus loin. Aller plus loin serait aller beaucoup trop loin ».

Fin de vie : une nouvelle affaire questionne la loi Claeys-Leonetti

« On ne peut pas, chaque fois qu’il y a des cas insoutenables, considérer que c’est le manque de lois qui nous met
dans cette situation. Pas du tout : c’est le défaut d’application de ce que nous avons collectivement décidé », insiste-t-il.

« Cap terrifiant »

Avec ces deux lois, « on peut déjà faire face à toutes les situations. Quel besoin a-t-on de passer ce cap (de l’assistance au suicide), qui est un cap terrifiant ? », s’interroge encore le responsable religieux. Dans son avis, le CCNE préconise d’« imposer les soins palliatifs parmi les priorités des politiques de santé
publique ». Un impératif pour Haïm Korsia, qui regrette le retard pris et le manque de moyens déployés dans ce domaine.

Fin de vie : le sens d’un interdit

« Il existe encore des départements dépourvus d’établissements pouvant accompagner les personnes en fin de vie, qui sont dans des situations difficiles et lourdes, déplore-t-il. Il est impensable que les soins qui peuvent leur être apportés ne soient pas davantage valorisés – j’aimerais bien qu’on en change le nom, d’ailleurs : ce ne sont pas des soins palliatifs, comme s’il n’y avait plus rien à faire, ce sont des soins d’accompagnement, des soins d’humanité. »
Selon lui, « il suffit d’aller visiter la maison Jeanne-Garnier » à Paris, qui accueille des patients en phase avancée ou terminale de leur maladie en leur offrant un « temps d’apaisement », pour comprendre « ce qu’il faut faire ». Haïm Korsia veut croire à « une société qui soit là pour dire : “Il y a toujours quelqu’un qui sera
avec vous, pas pour vous donner la mort, mais pour faire en sorte que votre vie soit toujours respectable à vos yeux” ».

« Schizophrène »

« Comment peut-on être schizophrène au point de lutter tant et tant contre le suicide – et on n’en fera jamais assez contre ce fléau – et en même temps organiser la possibilité d’aider quelqu’un à se suicider ? », interpelle-
t-il, en jugeant « dangereux, pour une société, de ne proposer que cela comme espérance ». Fin de vie : Emmanuel Macron lance une consultation et envisage des changements d’ici à la fin de 2023 Sitôt l’avis du CCNE connu, Emmanuel Macron a confirmé mardi 13 septembre le lancement d’une large
consultation citoyenne sur la fin de vie, en vue d’un possible nouveau « cadre légal » d’ici à la fin 2023. Une convention citoyenne, organisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), sera constituée dès octobre prochain et rendra ses conclusions en mars 2023. « Le président de la République a indiqué qu’il ouvrirait un débat. Je participerai à ce débat et y verserai une
contribution écrite, très prochainement. Et s’il le faut, j’irai à des débats partout en France », prévient le grand rabbin.

Source : la-croix.com

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galil308

Ce débat ne peut à mon avis concerner que les malades, leurs familles et leurs médecins, ainsi que leurs soignants..
En aucun cas les religieux de tout bord, en particulier dans un pays laïque..
Il y a de plus des années lumières entre les cas de suicide relevant d’une problématique psychiatrique et la fin de vie légitime voulue par des patients refusant certains acharnements qui n’ont de thérapeutique que le nom.

chouika

coucou;le revoilà,il n’a plus le covid,le lacet de la république