S’agissant de donner d’Israël une définition exacte, le Targum emploie l’expression, aujourd’hui classique, de « peuple qui reçoit la Torah » ; Il faudrait pouvoir, avec toute la fraîcheur et l’étonnement d’une première lecture, recevoir le choc de cette formule surprenante.
N’est-il pas plus adéquat de parler d’observance et de pratique pour décrire l’engagement à l’égard d’une loi, l’organisation de la vie sociale et individuelle selon les instructions d’un système juridique ?

Cette réception de la loi indiquée au temps présent pour signifier l’exigence d’une actualisation constante, a nécessité une donation que la tradition perçoit comme une véritable révolution des structures de la création.

Donner la Torah aux hommes relèverait du pur scandale ! Un apologue talmudique dit fort bien la chose: Moïse était ‘monté dans les cieux’ pour recevoir la Torah.

Mais les créatures célestes s’opposent vigoureusement à une telle humiliation. L’être humain n’a pas de place parmi nous.

Moïse tremblant recule car il ne sait que répondre à un argument d’une telle puissance ; Il n’en faut pas moins que l’intervention du Saint-béni-soit-Il pour lui permettre de surmonter l’obstacle. Accroche-toi à mon siège et réponds.

Rassuré, Moïse répond : « La Torah s’adresse à un peuple qui a subi l’esclavage en Egypte.  Elle prescrit de cesser toute activité le jour du Shabbat, exige le respect des parents, interdit le vol et le meurtre. Vous, créatures célestes, n’avez ni père ni mère, vous ne connaissez pas le meurtre ou le vol, vous ne pouvez donc avoir une quelconque prétention à détenir la Torah. »

Argument décisif qui emporte l’adhésion générale et permet à Moïse de retourner sur terre avec la Torah (Traité Shabbat 88).

Étrange dialogue ! D’autant plus que l’argument final semble évident. Pourquoi refuser de donner aux hommes une Torah qui parle de leur histoire et contient une loi qui manifestement s’adresse à eux ?

Quiconque a pu pénétrer tant soit peu l’univers de la Torah sait que celle-ci ne se résume pas à une loi qui réglerait la vie des hommes.

 

 

Livre de Vérité

Je n’entends pas simplement opposer la connaissance à l’action, souligner que la Torah, livre de Vérité, enseigne autant qu’elle n’ordonne. La distinction entre l’orthodoxie et l’ortopraxie doit être dépassée parce qu’en définitive l’enjeu de la Torah les dépasse toutes deux.

Ni la sensibilité ni le seul geste de la raison ne permettent d’appréhender autre chose que la structure extérieure, l’écorce du réel. La vérité de l’être, irréductible aux seules manifestations de la matière, à son rythme et à ses règles, réside dans la volonté du Créateur.

Il ne suffit pas de dire que D.ieu dirige l’univers et décide du déroulement de l’histoire pour dire sa présence dans le monde. Il faut plutôt affirmer que la volonté divine constitue l’unique réalité des choses.

En exprimant l’ordre de cette volonté créatrice, la Torah ne communique donc pas une loi mais révèle l’intériorité du monde.

Les choses telles qu’elles s’offrent à notre sensibilité ne sont en définitives qu’une image d’une réalité supérieure vers laquelle elles font signe. Quiconque cherche l’assurance d’une réalité palpable et visible, la certitude d’une existence solidement fixée sur le sol se ferme l’accès à la Torah.

Mais qui ne sait pas que le réel ne se résume pas aux phénomènes tangibles et mesurables.  lire la suite

Source Universtorah

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