Pourquoi recule-t-on de trois pas à la fin de la prière Amida ?

La tefillat Haʿamida, « prière debout » ou tefillat la’hash « prière murmurée « , plus couramment appelée ʿamida, est un ensemble de bénédictions occupant une place centrale dans les offices de prière du judaïsme. Pourquoi recule-t-on de trois pas à la fin de la prière Amida ?

Le Maguen Avraham cite la Guemara Sanhédrine (96a) : «Quand Baladan, roi de Babylone, s’enquit de la santé du roi ‘Hizkiya (qui avait été malade), il envoya une lettre avec le texte suivant : «Paix au roi ‘Hizkiya, paix à la ville de Jérusalem et paix au grand D.ieu». A l’époque, Nabuchodonosor (qui devint plus tard le puissant roi de Babylone) était le scribe de Baladan mais ne se trouvait pas là quand la missive fut écrite. Quand on lui apprit ce qu’elle contenait, il se fâcha car le salut à D.ieu avait été écrit en dernier. Il voulut courir après le messager pour changer le texte mais, à peine avait-il fait trois pas, que l’ange Gabriel le retint. S’il avait pu agir comme il l’avait prévu – s’il avait donc pu agir pour l’honneur de D.ieu – il aurait eu la possibilité de détruire le peuple juif, à D.ieu ne plaise. Le «mérite» de ses trois pas lui permit néanmoins de détruire le Beth Hamikdach, le Temple de Jérusalem.
C’est pourquoi, depuis plus de 2500 ans, pour réparer cette forme de respect accomplie par un méchant, à la conclusion de la Amida, nous reculons de trois pas et prions : «Que ce soit Ta volonté… de reconstruire le Temple» (qui a été détruit par ce tyran).
Le Choul’hane Arou’h Harav (16 ème siècle) explique par ailleurs : la prière remplace les sacrifices qui étaient auparavant offerts dans le Temple. Nous souhaitons donc, à la fin de la prière, que le Temple soit reconstruit afin que nous puissions reprendre le culte dans son intégralité dès que Machia’h viendra.
Une fois qu’on a reculé de trois pas, et prononcé la prière «Yehi Ratsone…», on attend que le ‘Hazane (l’officiant) entame la prière de la Kedoucha pour revenir trois pas en avant.

F. L. (d’après Rav Yakov Klass)

Nous nous ajouterons une autre explication, en complément, qui nous semble plus actuelle.

Quand nous parlons de paix, c’est que cette paix se fait entre deux entités. La paix ne peut pas exister si chacune des entités campe sur sa position de manière intransigeante.

Il est donc indispensable que chacune des parties fasse des concessions que l’on exprime par un recule physique de sa position de départ. Faute de concession, il n’y a pas de paix possible. Comme nous demandons justement la paix, nous exprimons physiquement ce recule en faisant les trois pas en arrière. Nous apprenons ainsi que dans la vie courante, celle non qui concerne un fait historique lointain qui n’a que très peu de relation avec nous, mais plutôt celle qui nous concerne aujourd’hui et maintenant, comment nous conduire tous les jours, avec notre prochain. Notre Prochain immédiat étant Dieu, nous reconnaissons nos fautes pour que Lui marque un recule sur Ses sentences. Mais il en va de même dans le cadre de n’importe quel conflit, et nous pensons à celui que nous avons avec les arabes de Judée Samarie. On voit donc l’actualité de la Torah et de ses pratiques, et l’obligation justement de son étude qui doit nous guider à chaque instant.

Moshé COHEN SABBAN

Amida (judaïsme) — Wikipédia

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