Où est passée Hayat Boumeddiene, l’épouse d’Amedy Coulibaly?

TERRORISME Trois ans après les attentats commis à Paris par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene est toujours recherchée par les enquêteurs…

Thibaut Chevillard

Hayat Boumeddiene avec une arbalète en 2010 à Murat (Cantal)

Hayat Boumeddiene avec une arbalète en 2010 à Murat (Cantal) — REX/REX/SIPA

  • Le 9 janvier 2015, Amedy Coulibaly abat quatre personnes à l’Hyper cacher de la porte de Vincennes.
  • La veille, il avait assassiné une policière municipale à Montrouge.
  • Pendant ce temps, son épouse religieuse, Hayat Boumeddiene, se rendait en Syrie.

Elle est sans doute la femme la plus recherchée de France. Trois ans après les attentats commis par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly à Paris, la compagne de ce dernier reste introuvable. « Hayat Boumeddiene fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt délivré en avril 2015 par un juge d’instruction. Il estime qu’il y a suffisamment d’éléments dans le dossier qui justifieraient sa mise en examen », confirme à 20 Minutes une source judiciaire. Mais les investigations pour retrouver la jeune femme, âgée aujourd’hui de 29 ans, s’avèrent très compliquées à mener.

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Les portraits d'Hayat Boumeddiene et Amédy Coulibaly diffusés par la police
Les portraits d’Hayat Boumeddiene et Amédy Coulibaly diffusés par la police – Police française

Et pour cause. Le 8 janvier 2015, tandis que les forces de l’ordre poursuivaient leur traque des deux assaillants du journal Charlie hebdo, Amedy Coulibaly, délinquant multirécidiviste de 32 ans, abattait froidement Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale stagiaire à Montrouge (Hauts-de-Seine). Au même moment, Hayat Boumeddiene passait la frontière turco-syrienne pour rejoindre vraisemblablement les rangs de Daesh, avait fait savoir le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglus.

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« Aucune difficulté » pour rejoindre la Syrie

Elle était arrivée à l’aéroport Sabiha-Görkçen d’Istanbul le 2 janvier 2015, en provenance de Madrid où elle avait été conduite quelques jours plus tôt par Amedy Coulibaly avant que ce dernier ne rentre à Paris accomplir son sinistre dessein. Sur les images d’une caméra de surveillance diffusées par la télévision turque, Hayat Boumeddiene apparaît portant un voile blanc et un épais manteau avec un col en fourrure. Elle est en compagnie d’un homme, identifié comme Mehdi Sabry Belhoucine, un Français âgé de 23 ans, connu des services antiterroristes français, et qui serait décédé des suites de blessures mal soignées.

Hayat Boumeddien accompagnée d'un homme à son arrivée en Turquie
Hayat Boumeddien accompagnée d’un homme à son arrivée en Turquie – AY-COLLECTION/SIPA

En février 2015, le magazine de propagande francophone de l’organisationétat islamiqueDâr-al-Islam, publie un entretien sans photo de « l’épouse de notre frère Abou Bassir Abdallah Al-Ifriki », le surnom d’Amedy Coulibaly. Hayat Boumeddiene, dont le nom n’est jamais précisé, affirme n’avoir « rencontré aucune difficulté » à rejoindre la Syrie et explique que pour elle, « c’est une bonne chose de vivre sur une terre qui est régie par les lois d’Allah ». Elle confirme également que son mari avait fait allégeance à Daesh et ajoute que les yeux d’Amedy Coulibaly « brillaient à chaque fois qu’il visionnait les vidéos de l’Etat islamique ».

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Plusieurs appels à sa famille

Depuis qu’elle se trouve en Syrie, la jeune femme, décrite comme étant très religieuse, se fait discrète. Membre d’une fratrie de sept enfants dont la mère décède en 1994, Hayat Boumeddiene a attendu le mois d’avril 2015 pour passer un coup de fil à son frère et sa sœur. Selon RTL, elle leur a assuré qu’elle n’était pas impliquée dans les attentats du mois de janvier, qu’elle n’avait pas été au courant du terrible projet de son mari, épousé religieusement et non civilement, en 2009. Selon elle, le terroriste, responsable de la mort de quatre personnes à l’ Hyper cacher, lui aurait simplement demandé de partir en Syrie, ajoutant qu’il la rejoindrait par la suite.

Hayat Boumeddiene pose pour un selfie avec Amedy Coulibaly en 2010, à Murat (Cantal)
Hayat Boumeddiene pose pour un selfie avec Amedy Coulibaly en 2010, à Murat (Cantal) – REX/REX/SIPA

Mais les enquêteurs de la section antiterroriste de la brigade criminelle de la PJ parisienne, épaulés par ceux de la DGSI et de la sous-direction antiterroriste de la DCPJ, en doutent fortement. D’abord, parce qu’ils ont retrouvé dans la petite maison de Gentilly (Val-de-Marne) où Amedy Coulibaly avait stocké son armement la trace d’Hayat Boumeddiene, comme l’a révélé Le Point. Mais aussi parce qu’elle entretenait des liens « constants et soutenus » avec la femme de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, à qui elle avait « passé plus de 500 appels sur l’année 2014 », comme l’avait révélé le procureur de la République de Paris au cours d’une conférence de presse.

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La Syrie, « c’est trop trop bien »

En juin 2015, le journal Le Point avait aussi affirmé que, selon les confidences d’une source diplomatique, elle avait accouché de l’enfant qu’elle portait de l’ancien délinquant devenu djihadiste. Mais, d’après les informations de  Mediapart, les agents de la DGSI avaient intercepté une conversation qu’elle avait eue au téléphone avec une de ses sœurs. Elle lui avait assuré ne pas s’être remariée ni avoir été enceinte. A une autre, à qui elle racontait qu’elle passait ses journées à étudier la religion, elle assurait que la Syrie, « c’est trop trop bien ». « Tu vis mieux ici qu’en France, franchement ! » Mais jamais elle ne leur dit précisément où elle se trouve dans le pays.

Hayat Boumeddiene s'entraîne à tirer à l’arbalète à Murat (Cantal) en 2010
Hayat Boumeddiene s’entraîne à tirer à l’arbalète à Murat (Cantal) en 2010 – REX/REX/SIPA

Hayat Boumeddiene n’a plus donné de signe de vie à ses proches au téléphone depuis le 28 septembre 2015. Les enquêteurs restent sur le qui-vive. « Nous sommes évidemment très attentifs à tous les nouveaux éléments qui pourraient sortir la concernant », confie à 20 Minutes une source policière bien informée. Mais elle n’est pas la seule à intéresser les juges dans ce dossier : 14 personnes ont été mises en examen, la dernière l’a été le 24 octobre 2017. Parmi elles, 13 personnes ont été écrouées et une personne a été placée sous contrôle judiciaire. Les investigations se poursuivent. Les juges d’instruction espèrent pouvoir terminer leur enquête au mois de juin 2018.

20minutes.fr

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