« NUIT DEBOUT » ET… « BRAS TENDU »

 

Clivage et aveuglement

« Nuit debout »…les damnés de la terre. On connaît la chanson, on connait le refrain depuis qu’aux noms de valeurs et d’un idéal plus que généreux, des millions de gens ont connu tous les malheurs du monde, toutes les atrocités sous le joug des dirigeants de ces pays totalitaires qui pendant près de soixante-dix ans ont essayé de berner les démocraties occidentales en leur faisant croire que chez eux, c’était mieux. Seulement voilà, de nombreux intellectuels et des millions de travailleurs et autres s’y sont fait prendre qui pensaient que le bonheur était ailleurs que chez eux, qui vomissaient nos démocraties tout en y vivant certainement mieux alors qu’ils promettaient à ceux qu’ils manipulaient et instrumentalisaient que là-bas, c’était encore mieux. Ceux qui n’étaient pas d’accord passaient évidemment pour des traîtres, des réacs, des fachos… Bref, vaste mensonge et vaste supercherie qui confortaient bien des dictateurs et autres chefs totalitaires, jusqu’à ce que la vérité de la vie dans ces pays-là éclate aux yeux de ceux qui les soutenaient en un amour aveugle mais aussi sur le mode dit du clivage : ainsi ont-ils fini par nous dire mais des années après et encore aujourd’hui : « Oh vous savez, nous ne savions pas ce qui se passait ». Pourquoi ne savaient-ils pas alors que d’autres savaient, si ce n’est sous le mode du clivage, c’est à dire d’un déni d’une partie de la réalité. Le moi reconnait une partie de la réalité et dénie l’autre en la clivant entre bons et mauvais objets. Hier, « Nuit debout » a enfin montré son vrai visage.

« Nuit debout » et « Bras tendu ».

Le mouvement « Nuit debout » participe de cette même illusion groupale dont voudraient nous bercer les organisateurs et les leaders s’il y en a : discussions à n’en plus finir, prises de paroles, forums, débats, parole enfin libérée, démocratie poussée jusqu‘au bout, tolérance…Il y a même des histoires d’amour qui doivent s’y tisser. Tout a de quoi séduire les politiciens de cette gauche bien pensante, ces bobos dit-on qui tout en surfant sur ce mouvement, en le positivant, voudraient bien le récupérer, les écolos toujours là, l’extrême gauche bien entendu qui croit retrouver une nouvelle révolution prolétarienne, anticapitaliste et tiers-mondiste pourquoi pas, les médias, toujours séduits par les mouvements collectifs d’émancipation, certains sociologues, enfin ravis qu’un mouvement de fond se dessine dans cette France devenue mélancolique et désespérée par un président en bout de course et à court d’arguments et dont le ton de voix rendrait suicidaire plus d’un dépressif. Alors « Nuit debout » !  Mouvement hystérique ou maniaque ? L’hystérique aime se montrer, attirer les regards, défier le maître tout en voulant le séduire, cherche une identification dans le collectif, un père dans le leader… On sait que le maniaque dort peu, qu’il peut même rester, la nuit, debout, on sait qu’il parle beaucoup jusqu’à s’étouffer, qu’il dresse des plans sur la comète, qu’il peut écrire un livre en une seule nuit, bâtir un Etat, refaire le monde, a peu de limite, est sympathique, peut rire et faire la fête, mais aussi peut devenir violent… Bref, comme on dit, il brasse du vide…

Alors la nuit dernière, samedi 16 avril, « Nuit debout » s’est agitée au point que certains de ses partisans ont insulté, viré, traité de fasciste le philosophe et académicien Alain Finkielkraut. Seulement voilà, cette nuit-là, les fascistes, c’était eux. Lui était seulement venu se renseigner, prendre la température en somme de ce mouvement nocturne, mais qui s’est montré en plein jour. Ainsi, « Nuit debout » s’est dévoilée dans ce qu’elle a de plus extrémiste, de moins démocratique, malgré tous les slogans dont s’enrobent, comme, toujours, tous ces mouvements de ce même type auxquels « Nuit debout » s’identifie.

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Ainsi, ce samedi 16 avril, « Nuit debout » c’était plutôt « Bras tendu » avec ces sempiternels donneurs de leçon qui n’ont dans la bouche que le mot démocratie alors que si ses leaders avaient le moindre pouvoir ils ne nous amèneraient que la terreur…Je terminerai simplement par ce qu’écrivait Jacques Lacan dans Télévision [1]: « Sachez que j’ai vu plusieurs fois l’espérance, ce qu’on appelle : les lendemains qui chantent, mener les gens que j’estimais autant que je vous estime, au suicide tout simplement ». Alors que les indignés, pas très dignes d’ailleurs de « Nuit debout » fassent un peu attention, ils y sont presque.

©Par Jean-Marc Alcalay

La réinvention du totalitarisme.



[1] Jacques Lacan, Télévision, le Seuil, 1973, p. 66.

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tor

Mais pourquoi Finkelkraut est il alle parader la bas …
Il se croit toujours en 68…