En 2010, le président russe d’alors, Dmitri Medvedev, avait décidé de surseoir à la livraison de systèmes de défense aérienne S-300 que l’Iran avait commandés trois ans plus tôt, en mettant en avant la résolution 1929 du Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle interdisait la vente de matériels militaires, dont « les missiles et les lanceurs de missiles » à Téhéran.
À l’époque, il avait été avancé que cette décision fut prise par M. Medvedev en échange d’une vente à la Russie de drones israéliens. Pour Israël, il était important d’éviter la livraison de ces systèmes S-300 dans la mesure où ils auraient rendu plus délicate une éventuelle opération aérienne de Tsahal contre les installations nucléaires iraniennes, soupçonnées d’abriter un programme militaire.
Un an plus tard, Téhéran porta l’affaire devant la Cour international d’arbitrage, estimant que la décision russe n’était alors pas justifiée, étant donné que la résolution sur laquelle elle s’appuyait ne concernait pas les matériels « défensifs ».
Cela étant, en 5 ans, la situation a considérablement évolué : la politique de « reset » initiée par le président Obama, qui souhaitait établir de meilleurs relations avec Moscou, a volé en éclat avec l’affaire ukrainienne et des négociations portant sur le programme nucléaire iranien ont connu une avancée majeure en mars dernier, avec l’obtention d’un accord-cadre – qui reste à confirmer – à Lausanne, en avril dernier.
D’où la décision du président russe actuel, Vladimir Poutine, de lever l’interdiction imposée en 2010, qui à déplaire à Israël, pour qui la livraison des systèmes S-300 allaient « renforcer l’agressivité » de Téhéran.
En outre, au vu des capacités prêtées à ces équipements, lesquels sont en mesure de suivre simultanément une centaine d’objectifs et de détruire une douzaine de cibles (missiles, aéronefs) à 200 km de distance et à une altitude de 30.000 mètres, les pays du golfe arabo-persique, ainsi que leurs alliés occidentaux qui déploient régulièrement des moyens aéronavals dans la région, comme le font la France et les États-Unis, sont également loin de se réjouir da la décision du Kremlin.
Quoi qu’il en soit, le vice-ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir Abdollahian, a affirmé que les discussions portant sur la livraison des systèmes S-300 étaient terminées.
« Les négociations sur ce sujet se sont achevées avec succès. J’estime que la livraison des S-300 aura lieu dans un délai assez bref », s’est-il en effet félicité, à l’issue d’un déplacement à Moscou, le 25 mai. « Ce sera fait à la première occasion possible », a-t-il précisé, après avoir rencontré Mikhaïl Bogdanov, son homologue russe.
Seulement, côté russe, on n’est moins catégorique. Ainsi, la diplomatie russe n’a pas confirmé les propos du vice-ministre iranien, évoquant plutôt « l’importance de maintenir un dialogue russo-iranienne régulier ».
Et le sous-secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, Evgueni Loukianov, s’est montré plus prudent, rapporte Sputnik. « La décision sur la livraison des S-300 à l’Iran est prise, mais il faudrait du temps pour réaliser ce projet. Si je comprends bien, l’heure de la livraison n’est pas encore venue », a-t-il dit devant des journalistes.