Photo : Chems-eddine Hafiz avocat

Les discrètes passerelles à Paris entre l’Algérie et la communauté juive.

Plusieurs canaux de communication ont été ouverts ces dernières années entre l’Algérie et Israël. Les services israéliens ont toujours disposé d’une certaine marge de manœuvre pour passer des messages aux autorités algériennes, et réciproquement.

Le canal militaire 

Durant les années 1980, la Mosquée de Paris, inaugurée le 15 juillet 1926 par le président français Gaston Doumergue, est tombée sous le contrôle des autorités algériennes qui s’en servirent pour encadrer la communauté algérienne, mais aussi pour jeter des passerelles discrètes vers le monde juif.

C’est l’écrivain André Chouraqui qui eut l’idée d’une association qui diffuserait une connaissance réciproque et respectueuse des trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Bientôt rejoints par le jésuite Michel Riquet, l’homme de lettres Jacques Nantet, et le recteur de la grande mosquée de Paris Si Hamza Boubakeur, ils fondèrent « la Fraternité d’Abraham »

Cette association a joué le rôle d’un utile façade pour des discrets échanges entre Algériens et Israéliens, mais sous contrôle. Miloud Benamara, nommé par Alger en 1993 directeur de l’administration générale et numéro deux de la Mosquée, est chargé de surveiller cette association pour le compte des services algériens. Son frère n’est autre que le général Mansour Benamara, alias Hadj Redouanen, revenu aux affaires ces dernières années après avoir été le chef de cabinet, pendant dix neuf ans, du tout puissant patron de l’ex DRS (services secrets) évincé en 2015, le général Toufik.

L’émissaire de Bouteflika

Après la venue du président Bouteflika au pouvoir en 1999, ce dernier veut contourner les réseaux de l’ex DRS et met en place son propre canal de communication avec Israël. Il passe ses messages via Mohammed Rougab, un homme du premier cercle nommé au secrétariat général de la Présidence algérienne. Ce natif de Laghouat était en effet l’ami d’enfance de Jean Claude Lahlou, un haut fonctionnaire français du Quai d’Orsay, originaire lui aussi de la même ville de Laghouat. Ce diplomate qui se trouvait être en très bons termes avec les autorités israéliennes après avoir exercé des fonctions diplomatiques à Tel Aviv faisait office de « boite aux lettres »..

La dernière convention du CRIF s’est tenue en présence de l’ambassadrice israélienne à Paris. À la tribune, se trouvent Kamel Temal sénateur du Val d’Oise, le président du CRIF, l’écrivain Benjamin Stora et Hafiz Chems Eddinne, le recteur de la Mosquée

La Mosquée de Paris toujours à la manœuvre

Depuis la disparition de l’association « la Fraternité d’Abraham », le recteur actuel de la Mosquée de Paris, Hafiz Chems Eddinne, joue les émissaires discrets et utiles entre l’Algérie et la communauté juive.On le découvre sur  l’image ci dessus participant à la dernière convention du CRIF (Conseil Rerésentatif des Institutions Juives)

La grande mosquée de Paris, construite en 1926, n’est pas seulement un lieu de prière pour des milliers de fidèles musulmans. C’est surtout une influente antichambre du pouvoir algérien. Officiellement, explique le journaliste Yanis Mhamdi dans une enquête, il s’agit une association loi 1901, tenue par la Société des habous des lieux saints de l’islam.

Mais officieusement, le pouvoir algérien en a fait une base arrière en France. Depuis 1982, il contribue à son financement (actuellement à hauteur de deux millions d’euros par an). Au moment de son intronisation, fin janvier 2020, Chems-Eddine Hafiz s’était d’ailleurs déplacé à Alger pour recevoir l’adoubement du président algérien et être ainsi conforté à son nouveau poste. Un adoubement attendu tant il est proche du pouvoir algérien depuis des années. Avocat de métier, il défend notamment les intérêts de l’Etat algérien à Paris, ou encore le Front Polisario, mouvement indépendantiste du Sahara occidental, soutenu et financé par l’Algérie.

En 2014, le bon Recteur était président du comité de soutien de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en France. Son rôle est tellement important qu’on le surnomme « l’ambassadeur bis ».

Emmanuel Macron et Prosper Amouyal lors d’une réunion du CRIF

Les réseaux d’hommes d’affaires 

Le clan Amouyal d’origine sépharade a joué un rôle historique essentiel dans l’import-export de blé et de semoule entre les deux pays avant l’indépendance de l’Algérie, mais également après 1962 en bonne intelligence avec les militaires algériens. Au mieux avec feu l’ex Président français Jacques Chirac ainsi qu’avec Emmanuel Macron ou avec la communauté juive, cet industriel talentueux et fin diplomate qui vit avenue Montaigne et collectionne les peintures orientalistes sait jouer, même à un âge avancé, les intermédiaires efficaces.

À Alger, le principal interlocuteur de Prosper Amouyal est le général-major Mansour Benamara, appelé communément Hadj Redouane, dont on a parlé plus haut.

Source : mondafrique.com Par Nicolas Beau

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires