L’approche du troisième anniversaire du Hirak terrorise le régime algérien. Impuissant à faire taire les voix critiques, le régime réédite ses actes manqués. Il vient ainsi de publier au Journal officiel une «liste nationale» du terrorisme, comportant des personnes et entités qu’il a déjà classées comme terroristes, avant de la retirer.

Le secrétariat général du gouvernement algérien a retiré de son site la livraison n°11 du Journal officiel, publiée le jeudi 17 février dernier et comportant une liste nationale des personnes et entités classées comme terroristes par le ministère algérien de l’Intérieur. Le fait qu’aucune justification n’ait été apportée jusqu’à présent au retrait de ce document, qui donne en général force de loi à toutes les décisions de l’Etat dès leur publication, montre que c’est la classification insensée, pour ne pas dire stupide, de certains opposants au régime en tant que «terroristes», qui a poussé les promoteurs de ce texte à rétropédaler.

Toutes les personnes citées dans la «liste nationale» du terrorisme sont, pour leur majorité, faussement accusées d’appartenir à deux «entités terroristes», le mouvement d’obédience islamiste, Rachad, ou celui militant pour l’indépendance de la Kabylie (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie -MAK), deux organisations qui, à leur tour, n’ont jamais commis, ni même incité, au moindre acte de violence, et qui sont au demeurant diamétralement opposées tant dans leurs idéologies que dans leurs objectifs politiques.

En effet parmi les 16 personnes qualifiées de «terroristes», on retrouve, pêle-mêle, un avocat de notoriété internationale, un ancien diplomate, un journaliste, un écrivain et politologue, un professeur d’université, de célèbres youtubeurs et influenceurs très actifs sur les réseaux sociaux… En somme, des militants pacifiques, à mille lieues des coefficients qu’on attribue aux personnes impliquées dans des actes de terrorisme.

L’on ne peut aussi que se demander pourquoi cette «liste nationale» comporte à nouveau les noms de Rachad et du MAK, déjà classés par le régime algérien comme «organisations terroristes» à travers un communiqué officiel de la présidence algérienne, daté du mardi 18 mai 2021 et publié au Journal officiel. La junte serait-elle devenue amnésique? Il est vrai qu’il n’y a rien de surprenant à ce que les chibanis qui dirigent l’Algérie aient des trous de mémoire.

Le régime algérien fait effectivement dans la redite. Car en plus d’avoir classé comme terroristes les deux organisations pacifiques, le 10 octobre dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a exigé de la France l’extradition de Ferhat Mehenni (MAK), lors de l’une de ses sorties médiatiques, ayant pris la tournure d’un cycle d’interviews. «Nous continuons à demander à ce que le chef de file, le terroriste du MAK, nous soit livré. C’est un terroriste, il le dit et nous avons des preuves quant à sa collecte de fonds pour l’achat d’armes», avait alors affirmé le président algérien.

Quant au présumé «gérant de l’entité» Rachad, l’ancien diplomate exilé à Londres Larbi Zitout, il a été condamné à la peine capitale en janvier dernier dans le sillage de sa publication des vidéos de Guermit Bounouira, l’ancien secrétaire particulier du général défunt Ahmed Gaïd Salah. Dans ces vidéos, «la boîte noire» de l’ancien chef d’état-major révèle que l’actuel patron de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, est un trafiquant notoire de drogue et d’armes.

Mais là où le régime algérien est devenu la risée de son opinion publique, c’est quand il a classé en tant que terroristes désignés des noms comme celui du journaliste Hichem Aboud et celui d’Amir Boukhors (plus connu sous le nom d’Amir Dz), deux influenceurs très suivis sur les réseaux sociaux en Algérie, comme étant des militants de Rachad.

C’est aussi le cas l’opposant Réda Boudraa, exilé en Suisse, connu pour ses positions modérées, appelant à l’unité du Hirak et au dialogue pour une transition pacifique en Algérie, et qui n’a jamais appartenu à Rachad. Pas plus que Rachid Mesli, avocat international, défenseur des droits de l’homme et consultant auprès de la Commission onusienne des droits de l’homme…

C’est finalement un grosse «ellipse» qui serait à l’origine de ce retrait précipité de cette livraison du Journal officiel comportant une «liste nationale» du terrorisme. En effet, on a beau chercher les noms de vrais terroristes, comme Moktar Belmokhtar ou de Droukdel, ces Ben Laden algériens du Sahel, mais on est étonné qu’aucun des «émirs» algériens qui dirigent ou s’activent au sein d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), de Daech ou autres groupes terroristes qui essaiment dans les pays africains frontaliers de l’Algérie et de la Syrie, ne figure dans cette même «liste nationale».

Le retrait précipité de ce fameux numéro du Journal officiel coïncide avec la diffusion sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte d’«Alger Confidentiel», une mini-série en quatre épisodes qui met à nu l’instrumentalisation du terrorisme par le régime algérien. La nouvelle liste des «terroristes» montre que le régime algérien applique les mêmes procédés que ceux qu’il employait lors de la décennie noire. Il fabrique donc de fausses entités terroristes à des fins interlopes.

Par Mohammed Ould Boah

Voilà comment le régime algérien présente l’assassinat de 7 opposants kabyles en Algérie.

Abattus, samedi, par l’ANP, à Skikda

Les 7 terroristes identifiés

Ces vétérans, criminels pour certains, ont repris le maquis, après une reddition.

Suite à l’opération militaire menée par les forces de l’Armée nationale populaire dans les massifs de la forêt de Oued Eddouar, commune de Béni Zid, daïra de Collo relevant de la wilaya de Skikda, où sept terroristes ont été abattus, le ministère de la Défense nationale a diffusé les noms des criminels qui ont été identifiés. Il s’agit de Fare Rachdi, alias Abdelhaye ayant rejoint le maquis en 1994, Fakousse Abdelkrim, alias Nouh qui a rallié les groupes terroristes dans la même année soit en 1994, Dib Ilyès, dit Abousmaïl, lequel, quant a lui, a pris le maquis en 1995, Bouisri Kamel, surnommé Ibrahim Al Qaïda, qui a pris les armes en 1996, Ghadbane Abdelkrim alias Abbès Lakhroubi, qui a rejoint les groupes terroristes en 2002, Youcef Khaled dit El Kaâkaâ, qui a rallié les criminels en 2008 et Saket Azzeddine alias Djebeur El Marrouki lequel a pris le chemin de l’enfer en 2009. Ces vétérans, criminels pour certains, ont repris le maquis, après une reddition.

Ils ont été incapables de réintégrer la société non pas par discrimination populaire, mais pour leur esprit arriéré. Cette opération déclenchée sur la base de renseignements, est toujours en cours pour débarrasser la région de ces résidus, avait précisé le MDN, dans un communiqué transmis à notre rédaction. Pour rappel, la même source avait souligné que cette opération intervient en continuité des efforts des forces de l’Armée nationale populaire visant à éradiquer le phénomène du terrorisme du pays, qui s’est soldée par l’élimination des sept terroriste grâce à l’exploitation efficiente de renseignements. Lors de cette intervention militaire au sein de cette forêt, connue pour sa dense végétation à l’accès complexe, six pistolets-mitrailleurs de type Kalachnikov, un fusil à lunette, des quantités considérables de munitions, des moyens de communication, ainsi que des vêtements, des médicaments et d’autres effets, ont été récupérés. Dans sa correspondance, le MDN ne manquera pas d’argumenter que «cette opération de qualité vient consolider la dynamique des résultats positifs réalisés par les différentes unités de l’Armée nationale populaire et confirme, une fois de plus, le haut degré de vigilance et de disposition permanentes pour mettre en échec toute tentative visant à nuire à la sécurité et la stabilité du pays». Pour le MDN, c’est aussi «la détermination de nos Forces armées à traquer ces criminels et à leur élimination, où qu’ils soient, à travers l’ensemble du territoire national».

Dans son dernier bilan, portant sur la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme, le MDN avait indiqué que des détachements de l’Armée nationale populaire ont arrêté 9 éléments de soutien aux groupes terroristes, dans des opérations distinctes, à travers le territoire national, Il faut dire que ce n’est qu’à travers ces groupes de soutien, régulièrement démantelés, que les groupes terroristes parviennent à survivre aux opération de l’ANP.

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